dimanche 19 juin 2016

«Donner un espace à ses émotions» dans «Méditer jour après jour» de Christophe André (septième partie)








La force des émotions de Christophe André et François Lelord


Un jour, je me suis aperçu avec stupeur, lors d’une retraite bouddhiste, que quatre-vingt-dix pour cent de mes pensées (que je croyais rationnelles) venaient de mes émotions. J’en ai parlé à un ami bouddhiste qui m’a dit que la plupart des êtres humains expérimentaient le même phénomène. C’est pourquoi j’ai voulu écrire cet article, éclairer l’influence de ces émotions sur moi-même et sur les autres. A nouveau, je me suis inspiré du livre de Christophe André, Méditer, jour après jour qui est l’ouvrage qui, pour moi, décrit le mieux ce problème (le dernier article de mon blog sur la méditation et Christophe André se trouve ici).

En fait, nos émotions ne parlent pas, ne verbalisent pas, mais elles s’expriment par un autre langage. Par des sensations corporelles, des comportements, des pensées automatiques, radicales et simplifiées.

De même, pour les calmer et les apaiser, les mots ne suffisent pas, en général. Il faut passer par le corps (respirer), les comportements (marcher si on est triste ou inquiet, s’allonger si on est en colère). Il s’agit d’une des démarches les plus difficiles de la vie psychique : prendre de la distance envers de pensées chargées, saturées d’émotions, qu’on ne peut empêcher ou expulser. 

On pense aujourd’hui qu’une nécessaire distance est plus facile à mettre en place simplement en accueillant et en observant nos états émotionnels plutôt qu’en s’acharnant à les supprimer. Et plutôt, bien évidemment, qu’en leur obéissant.

L’expérience de nos oscillations émotionnelles est donc une épreuve d’humilité et de réalisme : elles sont souvent, du moins au départ, plus puissantes que nous. De manière franche, dans le cas des émotions fortes, ou de manière indirecte, dans le cas des humeurs et états, leurs formes subtiles. 

La Rochefoucauld, (le formidable auteur qui a écrit dans ses Maximes  une des phrases les plus provocatrices que j'ai lues : « Nous avons tous assez de force pour supporter les mots d’autrui. ») nous dit : « Les humeurs ont un cours qui tourne imperceptiblement notre volonté ; elles roulent ensemble et exercent successivement un empire secret en nous, de sorte qu’elles ont une part considérable à toutes nos actions, sans que nous le puissions connaître. »

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. Amitiés à tous.