dimanche 21 mai 2017

Compte rendu de "L'art et la science de se souvenir de tout" de Joshua Foer (quinzième partie).




Mnémosyne, la déesse de la mémoire et ses neufs filles, les Muses.



Récemment est paru en livre de poche L’art et la science de se souvenir de tout qui est en fait le même livre que l’ouvrage en grand format Aventures au cœur de la mémoire (tous les deux la traduction de Moonwalking with Einstein). 

Aventures au cœur de la mémoire est un livre référence dans le monde de la mémoire. Il y est question de l’histoire de la mémoire et de la mnémotechnie, de la naissance des Mémoriades, les Championnats du monde de mémoire, en 1991, mais surtout de la manière dont un journaliste indépendant, Joshua Foer, est devenu champion de mémoire des États-Unis en 2006 alors qu’il ne savait même pas ce qu’était une technique de mémorisation un an auparavant ! Cet article est la suite de celui-ci.

Joshua Foer décrit cette scène dans le chapitre 11 « Le championnat de mémorisation des Etats-Unis »: « Après nos quinze minutes de mémorisation, donc, nous nous avançâmes tour à tour au centre de l’estrade pour clamer les mots de la liste dans leur ordre d’apparition : « sarcasme », « icône », « lasso » et ainsi de suite. Erin Luley, après avoir mémorisé le matin même davantage de vers de poésie qu’aucun athlète mental américain ne l’avait jamais fait, craqua au vingt-septième mot.

Je savais très bien, comme les quatre autres sans doute, que ce mot était « engourdi », mais elle ne le voyait pas. Elle se laissa retomber dans son fauteuil, secouant la tête. Neuf mots plus loin, Paul Mellor confondit « opération » et « opérateur » — une erreur classique. La plupart des participants à cette brillante performance, en particulier les producteurs d'HDNet qui en assuraient la retransmission télévisée, s'étaient préparés à une guerre d'usure dévastatrice — mais pas avant le centième mot au minimum ! 

Nous avions du mal à comprendre comment l'épreuve pouvait s'être conclue si vite. Même les mnémonistes débutants qui viennent tout juste de découvrir les principes du palais de mémoire sont en général capables de mémoriser au moins trente ou quarante mots dès la première tentative. Je songeai qu'Erin et Paul avaient mal jugé leurs adversaires et tenté d'en faire trop. Grâce à cette faute directe, en tout cas, Ram, Chester, Maurice et moi restions dans la course. Ce qui signifiait que je n'étais plus qu'à une « fête » de la finale du Championnat des États-Unis de mémorisation.

Une grande brune en robe d'été monta sur l'estrade et se présenta : « Salut, je m'appelle Diana Marie Anderson. Je suis née le 22 décembre 1967 à Ithaca, ville de l'État de New York dont le code postal est 14850. Mon téléphone professionnel — mais s'il vous plaît, ne m'appelez pas, hi-hi-hi —, c'est le 929-244-6735, poste 14. J'ai un animal domestique, une chienne labrador sable qui s'appelle Karma. J'ai aussi quelques passe-temps préférés : aller au cinéma, faire du vélo et tricoter. J'aimerais avoir une voiture de collection, la Ford T de 1927. Un repas idéal, pour moi, c'est une pizza, des Dragibus et de la glace à la menthe. »

Ram, Chester, Maurice et moi l'écoutâmes les yeux fermés, peignant à toute vitesse des images dans nos palais de mémoire. Pour la date de naissance de Diana, le 22/12/67, je vis une nonne (22) qui pêchait le thon (12) tout en buvant un milk-shake (67) et plaçai cette image dans une baignoire à pieds de lion de la salle de bains de mon palais victorien. Pour son lieu de naissance et son code postal, je me dirigeai vers la penderie et imaginai un stand de tir (14) quelque part dans les célèbres gorges d'Ithaca, tenu par deux très jolies filles (850). Et la scène continua sur cette lancée, quatre autres invités se succédant sur l’estrade pour nous lire leurs biographies.»

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !