dimanche 29 juillet 2018

Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (quarante troisième partie).






Casque de l’armée allemande (1914-1918).


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois passionnant, précis et instructif sur la création de la Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans »  de Fritz Perls.

Cet article est la suite de celui-ci.


Voici le résumé de ce livre.

En 1914, quand la guerre éclata, j’étais déjà étudiant en médecine. Le conseil de révision me certifia « apte » pour la territoriale, ce qui est même au-dessous de la réserve. J’étais plutôt voûté, avec le cœur petit, une élongation. J'avais du mal à soutenir l'effort requis par les sports violents et je leur préférais tous les types de sports d'équilibre.

Je n'avais aucune intention de devenir un soldat et un foutu héros sanguinaire. Aussi je m'offris comme volontaire pour la Croix-Rouge, afin de servir hors de la zone des combats. Je passais une grande partie de mon temps à Berlin, où je continuais mes études. Après un voyage de quatre semaines jusqu'à Mons sur la frontière franco-belge, j'en eus marre et rentrai à Berlin sans permission ; mais, convaincu que la Croix-Rouge était un organisme semi-privé, je me croyais en règle. Quand je fus pris, je déclarai avoir mal à la jambe et me mis à boiter plutôt en amateur. Je fus envoyé au professeur Schleich, que j'admirais comme un des rares qui, même avant Groddeck, s'intéressaient à la médecine psychosomatique. Il me fit une piqûre subpéritonéale si douloureuse que je n'en contestai pas l'efficacité.

Je repartis vers Mons par un train poussif qui devait sans cesse s'arrêter pour laisser passer les trains de troupes et de munitions. Rien à manger. J'étais si épuisé et je m'endormis si profondément qu'il me fallut plusieurs minutes pour m'orienter lorsqu'on me réveilla. Quelle sensation bizarre ! Je regardai fixement les gens, les parois du wagon ; j'étais complètement dépersonnalisé, j'avais perdu tout sentiment, tout semblait absurde.

A Mons, j'étais de service à la gare, je servais le café et d'autres rafraîchissements aux blessés qui revenaient du front. Quand je voulus donner un peu d'eau aux soldats britanniques blessés, les blessés allemands m'en empêchèrent. Ce fut mon premier contact avec l'inhumanité de la guerre, mon premier choc.

Une jeune fille belge tomba amoureuse de moi et brava le mépris de ses compatriotes. Elle était passionnée et me suppliait : « N'allez pas dans la guerre, chéri, n'allez pas » (en français dans le texte). A l'époque, je me débrouillais bien en français et servis souvent d'interprète, mais cela m'arriva surtout plus tard, dans l'armée.

En 1916, les fronts étaient gelés. De plus en plus d'hommes étaient mobilisés. J'avais un ami. Il me faudra, par la suite, parler plus longuement de lui. Pour l'instant, je ne me souviens pas de son prénom. Son nom de famille était Knopf. Nous décidâmes de nous engager dans l'armée avant l'appel. Il choisit l'intendance et fut tué dans un accident. Je choisis le bataillon Luftschiffer où l'on s'occupait des zeppelins qui, à vrai dire, jouèrent un rôle négligeable dans la guerre.

Le sergent de mon peloton m'avait à la bonne. Je l'impressionnais parce que j'étais étudiant en médecine : « De toute manière, vous ne serez pas longtemps ici, vous allez être transféré dans le service de santé. » Mais je lui en imposais davantage par mes capacités de tireur. Quand le capitaine vint nous inspecter, il me fit mettre en position de tir. A vrai dire, si, en position couchée avec appui, je suis bon tireur, en revanche je manque de stabilité en position debout.

La chose la plus désagréable se produisit avec notre lieutenant. Pour aider à financer la guerre, l'empereur avait lancé un slogan : « J'ai donné de l'or pour avoir de l'acier. » On nous promit un jour de permission pour chaque pièce d'or que nous apporterions. Je finis par réunir quatre pièces d'or de 10 Marks. Quand je demandai ma permission, on me renvoya au lieutenant qui me répondit : « Pas d'impertinence, espèce de cochon ! Vous devriez être heureux de servir la mère patrie ! Demi-tour ! Marche ! » J'ai eu plusieurs rencontres de ce genre avec des officiers allemands. Il n'y a aucune race au monde qui puisse égaler cette arrogance à monocle.

Je trouve cette histoire de guerre fatigante et rasoir. Si seulement quelque chose d'intéressant pouvait surgir ! Un peu de théorie, un peu de poésie, mais je m'en tiens à ma promesse de n'écrire que ce qui se présente. Après tout, personne ne peut déterminer l'ordre dans lequel sa merde va sortir.

Cependant, il y a une loi et un ordre dans la nature. Les excréments proviennent de l'accumulation des surplus inutilisés ou inutilisables de notre nourriture, et ils sortent plus ou moins dans le même ordre qu'à l'ingestion. La différence entre ce qui est consommé et ce qui est expulsé est utilisée par l'organisme pour se nourrir. Elle a été assimilée : elle est devenue partie du Soi. La transition de la Z.E. à la Z.M. a été accomplie.

L'une des raisons qui font que le système freudien ne peut fonctionner, c'est l'omission du fait de l'assimilation. Freud ne sort pas de la mentalité des cannibales qui s'imaginent que manger un guerrier brave va leur donner du courage.

Freud a une zone orale et une zone anale, et rien entre.


Je me suis levé tôt, je relis ce dernier passage. « Ça » ne me plaît pas. C'est rasoir à lire comme un devoir de classe : zone orale et anale — rasoir, rasoir, rasoir ! Pourquoi ne pas dire simplement : « Freud, vous avez une bouche et un trou du cul. Et une grande gueule ! Et moi aussi. Et vous êtes un trou-du-cul, et moi aussi. Quels cons nous sommes à nous prendre tellement au sérieux ! Comme si l'humanité attendait après nos belles théories ! »


Voilà. C’est tout pour le moment comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.


Pour attirer les personnes adéquates dans votre vie, il vous suffit d'être vous-même (traduction d’un article du site « Rincon del Tibet »).



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Une image du site "Rincon del Tibet"


  
Cet article est une traduction d'un texte du site « Rincon del Tibet ». 

 Il est la suite de celui-ci.  

 Pour attirer les personnes adéquates dans votre vie, il vous suffit d'être vous-même.

Nous nous soumettons souvent à un moule qui ne nous correspond pas. En cherchant l'acceptation, en attendant l'approbation des autres avant la nôtre, nous éteignons notre essence et avec elle, nous oublions de plus en plus qui nous sommes réellement.

Il est difficile de nager à contre-courant, de rompre avec les paradigmes sociaux, culturels et religieux. Plusieurs fois dans notre tentative d'être nous-mêmes ou du moins de découvrir un peu ce qui nous est inconnu, nous sommes considérés comme des spécimens rares, comme des erreurs du système, sans que nous percevions que ce qui est normal n’est pas nécessairement le meilleur.

Tant que nous nous préoccupons davantage de donner une image qui soit le mieux acceptée, nous  obtiendrons un amour, un travail, une position, une reconnaissance qui correspondront à cette image, nous allons attirer dans nos vies ce que nous projetons, et nous ne serons pas acceptés pour ce que nous sommes et par conséquent pas aimés pour ce que nous sommes. Dans notre vie arrivera tout ce qui s’accorde à cette fréquence.

Il suffit de montrer un peu ce que nous sommes réellement, d'écouter nos cœurs, en laissant de côté nos peurs, les limitations que nous nous imposons, la préoccupation de ce qu'ils diront, pour que nous commencions à vivre une vie différente, différente de manière positive.

Lorsque nous apprenons à extérioriser notre essence, tout commence par miracle à s’adapter : nos objectifs sont clairs, ce que nous aimons semble nous tendre la main, les opportunités se présentent très rapidement et les gens qui ne correspondent plus à notre vrai « Moi » s'éloignent simplement, en laissant de la place pour ceux qui sont appropriés pour la nouvelle phase de nos vies.

Il est reconnu que se débarrasser de quelque chose peut générer une certaine résistance, même quand on sait que ce « quelque chose » est gênant. Nous pouvons ressentir la peur de la perte, nous pouvons vouloir rester dans notre zone de confort et même nous résigner à ce qui correspond à ce que nous pensons mériter. Mais il est nécessaire de nous donner la valeur que nous méritons vraiment et de prendre les mesures qui nous rapprochent de ce que nous sommes.

Être nous-mêmes est la seule chose qui nous permet de garantir que nous tirerons le meilleur parti possible de notre expérience de vie, en nous entourant de ceux qui doivent être proches de nous dans notre voyage.

Apprenez à vous connaître, réinventez-vous si nécessaire, mais ne cessez jamais de suivre l'appel de votre âme qui vous parle à travers le cœur, en essayant de vous guider vers les meilleurs chemins pour vous.



 Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !

samedi 28 juillet 2018

Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (quarante deuxième partie).




Un masque à gaz.


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois passionnant, précis et instructif sur la création de la Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans »  de Fritz Perls.

Cet article est la suite de celui-ci.


Voici le résumé de ce livre.

Je tiens à signaler ici combien cela me stupéfie que, chaque fois qu’il me prend fantaisie d’écrire sur un sujet donné, un thème différent émerge, tirant une construction ancienne de ma poubelle (mentale, cette fois je l'admets) et j'apprends quelque chose de nouveau. Je suis même prêt à reconnaître que ma poubelle n'existe pas du tout, que je l'ai inventée seulement pour jouer à mon jeu de réorientation. A nouveau, je regarde autour de moi, je regarde mon bureau, moins encombré que d'habitude, le ressac, les montagnes. Est-ce que j'ai envie de parler d'Esalen ou de m'habiller et de descendre prendre mon petit déjeuner au bâtiment central ?

« M'habiller » semble drôle. Je suis en pyjama, et tout ce que je fais, c'est d'enfiler une de mes combinaisons, mon vêtement préféré. J'en ai plein, et les meilleures sont en tissu éponge — particulièrement agréable pour aller aux bains chauds.

Je descends rarement à pied. J'utilise ma petite Fiat qui fait un demi-mètre de moins que la VW. Je l'appelle mon landau motorisé. Ma maison est juchée à une centaine de mètres au-dessus des bains, en plein sur la falaise. Elle est en grande partie creusée dans la .montagne, de sorte qu'elle regarde à la fois vers l'infini de l'océan — des milliers et des milliers de kilomètres carrés — et vers les falaises sauvages, en pente douce, qui stoppent le travail de sape, le harcèlement opiniâtre des flots, et ne condescendent à donner aux vagues, à leur molle exigence, que quelques gros galets.

On ne sort pas par la porte. On émerge, non pas comme autrefois dans une nature vierge, mais dans un mélange de paysage magnifique, de marches de pierres naturelles qui sont l'extension du mur d'enceinte, et de bus, de cabines et de voitures.


Descendre au pavillon central et en remonter n'est pas un gros effort pour la plupart des gens. Pour moi, si. D'habitude, j'y vais en voiture. De là aux bains, il m'en reste encore autant à faire à pied. Peu à peu, j'arrive mieux à grimper. Parfois, je puis le faire sans forcer mon cœur, ni les muscles de mes jambes.

A mon arrivée à Esalen, mon cœur était assez mal en point.

J'ai envie de parler de mon cœur. Je tâtonne en quête d'un commencement de compréhension. La poubelle devient un manège de cauchemar. Les « voyages » à la psilocybine, leur contenu : failli mourir, failli mourir, j'y renonce. Non ! Revenons à la vie, revenons.

Le tourbillon s'arrête. Me voici de nouveau dans les tranchées. 1916. Non, plus dans les tranchées. Je suis dans un hôpital militaire. Loin des misères du front, j'ai rencontré un type bien, notre nouveau major. Nous causons ; il veut que je lui parle de l'anti-sémitisme. Cela abonde, oui, même dans les tranchées. Mais surtout de la part des officiers.

Notre compagnie a été déplacée vers un autre secteur du front. J'ai attrapé la grippe, avec une forte fièvre. Il m'envoie à l'hôpital. J'ai un vrai lit. Il me rend visite deux jours plus tard. Suis-je en mesure de le suivre ? La fièvre monte et elle est réelle, ni fabriquée ni simulée. Et cependant elle tombe dès que je suis loin de la zone des combats.

Le lendemain, au réveil, je rêve : ma famille, au premier plan ma sœur Greta, celle que j'aime, tous autour de ma tombe, me suppliant de revenir à la vie. Je bande mes forces, je tire, je fais un énorme effort et je réussis. Lentement, lentement, je reviens à la vie, désireux, sans l'être, tout en l'étant, de renoncer à la mort, la mort qui était tellement préférable aux horreurs de la guerre.

J'avais déjà réussi à m'endurcir et à me désensibiliser, mais il y avait deux sortes de mort que j'avais peine à regarder en face.

L'une était celle qui venait des attaques de commandos. Ils sortaient des tranchées une fois que les gaz asphyxiants avaient atteint les lignes ennemies. Ils étaient armés d'une espèce de long marteau élastique dont ils se servaient pour assommer et tuer quiconque donnait encore signe de vie. Je n'ai jamais pu savoir s'ils agissaient ainsi pour économiser les munitions, pour éviter d'être découverts, ou par pure jouissance sadique.

L'autre mort, je ne l'ai vue qu'une fois. Le matin, nous avions testé nos masques à gaz avec un gaz lacrymogène. Ils nous semblaient aller très bien. Cette nuit-là, nous fîmes une autre attaque aux gaz. Une dernière vérification des bouteilles d'acier, le météorologiste mesure la vitesse du vent, sa régularité, sa direction.

Les heures passent. La veille, l'attaque avait été ajournée. En sera-t-il de même ce soir ? Les heures passent. Je ne suis pas très tendu, assis dans ma cagna et lisant quelque publication savante. Finalement, les conditions de vent semblent favorables. Ouvrez les valves ! Le nuage jaune se dirige vers les tranchées d'en face. Tout à coup, un tourbillon. Le vent a changé de direction. Les tranchées sont en zigzag. Les gaz pourraient revenir sur nous. Et c'est ce qui arrive, bien des masques ne marchent pas. Nous sommes nombreux à respirer ce poison, plus ou moins. Je suis le seul médecin et n'ai que quatre petites bouteilles d'oxygène ; chacun en réclame désespérément et s'accroche à moi, et il faut que j'arrache la bouteille aux uns pour soulager les autres.

Plus d'une fois, j'ai eu la tentation de retirer mon masque de mon visage en nage.


Voilà. C’est tout pour le moment comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.


vendredi 27 juillet 2018

Compte rendu du livre « Trouver la bonne distance avec l’autre grâce au curseur relationnel, être attentif sans se faire envahir, ferme sans être rejetant » de Catherine Deshays (deuxième partie, une attitude sereine face aux émotions).





Les émotions.


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé très instructif et subtil pour les professionnels de l’accompagnement psychologique. Il s’agit de « Trouver la bonne distance avec l’autre grâce au curseur relationnel, être attentif sans se faire envahir, ferme sans être rejetant » de Catherine Deshays. L’auteur est médecin psychiatre et didacticienne en Gestalt-thérapie.

L’ouvrage montre à toute personne à l'aide d'un outil simple à utiliser comment poser les limites entre elle et les autres et préserver bien-être et qualité relationnelle. Il aide à garder l'esprit d'accueil et à construire l'empathie tout en restant à l'intérieur du cadre de la relation — soins, amitié, travail, encadrement, accompagnement, etc. — notamment en situations émotionnellement chargées.

Les coachs, les éducateurs, les psychothérapeutes, les médecins et les professionnels du soin, tout comme les managers et leurs équipes, y trouveront les repères pour travailler plus sereinement.

Dans l’introduction « Les affects incontournables dans la relation », l’auteur conseille de « Prendre le temps de l’entrée en contact ».

Une attitude sereine face aux émotions

Il faut insister sur le caractère ordinaire et souvent opportun de l'émotion provoquée chez notre interlocuteur, ou chez l'intervenant.

Nous pouvons être émus, forcément, quand nous sommes touchés, quand nous sommes atteints, bouleversés, ébranlés. N'est-ce pas une heureuse chose ?

Notre interlocuteur sera ému, particulièrement si nous sommes dans une attitude d'écoute, d'accueil, de présence, de considération, d'intérêt manifesté à ce qui est en train de se passer, d'attention soutenue, de patience, d'indulgence. N'est-ce pas une heureuse chose ?

L'émotion, pour reprendre l'étymologie, signifie un mouvement en dedans. « Ça remue, ça bouge en dedans » et les oscillations deviennent perceptibles, elles se manifestent et s'extériorisent et nous donnent l'occasion de devenir conscients qu'il y a quelque chose qui nous remue.

L'émotion nous surprend, nous ne pourrons pas le décider. Elle nous emporte là où nous ne sommes plus maître « Il n'est plus lui-même », « Il est hors de lui ».

EN PRATIQUE, ACCUEILLIR L'ÉMOTION

Accueillir l'émotion d'autrui, c'est accueillir notre propre émotion qui émerge aussi : nous sommes nous-mêmes troublés, émus, et nous risquons de l'être encore davantage en étant sensibles à l'émotion d'autrui.

Puis reformuler, souligner, manifester que nous avons perçu un trouble.

         « Il a l'air de se passer quelque chose qui vous touche. »

         « Vous avez de l'émotion. »

         « Il y a quelque chose qui vous remue. »

         Les reformulations à la forme affirmative sont moins intrusives, car elles ne poussent pas à une réponse.

Les professionnels craignent d'avoir des réactions émotionnelles exagérées, car ils ont peur de perdre le contrôle, leur rôle, leur statut.


LA PEUR D'ÊTRE ÉMU

·           Peur de perdre la face ? Il est politiquement correct de ne pas montrer d'émotion, mais si nous sommes affranchis de ces normes, alors tout est possible.

·           Peur d'être ému de manière disproportionnée ? La peur de la peur amplifie l'émotion. Plus nous sommes insécurisés, plus nous sommes vulnérables à la déstabilisation et à l'apparition d'émotions supplémentaires.

·           Peur de pleurer ? Et alors ? Qui juge que ce n'est pas bien ? Ce n'est pas un problème pour la personne qui confie sa tranche de vie et qui voit s'émouvoir et même pleurer son témoin, au contraire. La personne reçoit ainsi une sorte de reformulation non verbale, un accusé de réception sensible, qui se passe de commentaires. Mais il peut être aussi intéressant d'expliciter notre émotion : « Je vous écoute, et ce que vous dites et ressentez me rend triste ». Il est vrai qu'il arrive que l'émotion exprimée du soignant ou de l'intervenant étonne et surprenne. La personne est un peu ennuyée, déconcertée, mais ces sentiments laissent souvent la place au fait de se sentir compris, vraiment compris.

·           Peur de la colère ? La colère est saine, bien qu'elle soit dans la liste des 7 péchés capitaux. La colère est un état d'irritation violente et agressive causé par un profond mécontentement selon le dictionnaire. La colère peut être rentrée, retournée contre soi-même, exprimée ou agie. Il y a des nuances qui échappent au dictionnaire'. La colère est culturellement négative, violente et agressive. Mais ce sont des perceptions construites par des représentations bien ancrées. Exprimer un mécontentement avec fermeté et véhémence peut être ressenti comme étant agressif et violent, mais ce vécu n'est-il pas dépendant du ressenti d'autrui et de la tolérance à entendre la colère ? La colère exprime une privation, une insatisfaction, une injustice, une perte, une intrusion... Cet état peut impressionner, car la voix est forte, courroucée, et nous pouvons nous sentir menacés, simplement parce que nous réactivons des peurs et de l'insécurité quant à la suite des événements. La colère n'est pas synonyme d'agression, mais nous pouvons surajouter du déni en minimisant la colère, et en désavouant le bien-fondé de cet état passager.

Situation 5 : Vais-je être à la hauteur de réconforter une personne qui est en détresse ?

Valérie est bénévole dans une structure d'accueil pour des personnes qui souffrent de cancer. La mère de la directrice et créatrice de ce centre rechute d'un cancer, elle interpelle Valérie, et lui fait part de sa détresse. Valérie l'écoute, mais elle n'a pas beaucoup de disponibilité à ce moment-là, car une autre personne l'attend. Elle propose un entretien un jour plus tard à la directrice. Mais Valérie se dit : « Ai-je les moyens de faire quelque chose pour elle ? Où en suis-je dans mon rapport à la mort ? Que dois-je lui dire ? Il y a sûrement quelque chose de particulier à lui dire avec cette problématique-là de la maladie de sa mère en fin de vie. Ne vais-je pas être trop touchée, trop sensible face à elle ? Que va-t-elle penser si je suis émue et si je pleure aussi, c'est ma directrice ! Vais-je être aidante si je pleure aussi ? Si je pleure c'est que je ne suis pas assez forte... Comment apporter du réconfort ? »

Cette situation illustre que souvent l'aidant pense qu'il a à faire quelque chose, à dire quelque chose en fonction du thème de l'entretien, et qu'il a des choses à savoir pour être compétent. Après exploration avec Valérie, ce qui est mis en évidence, est que la détresse de sa directrice la touche fortement et elle craint de lui montrer cette sensibilité. Valérie se juge négativement dans cette sensibilité, elle la voit comme une preuve de faiblesse et d'incompétence, et elle craint le jugement de sa directrice par la projection qu'elle fait sur elle. Montrer sa sensibilité au point d’être émue, c'est lui témoigner qu'elle est touchée de ce que lui dit et lui fait vivre sa directrice. Dans cet instant-là, qui peut durer de quelques secondes à... plusieurs minutes, la personne à qui elle confie ses affects est affectée aussi. Elle peut sentir un rapprochement tangible. Je dis bien sentir, ce qui est différent de savoir. C'est dans cette expérience que le réconfort peut se ressentir. Mais montrer sa sensibilité n'est pas une intention que l'on peut commander. Être là, dans la présence, dans l'attention à la personne au travers de ses paroles et de ses ressentis, le sien et le vôtre, sont déjà les conditions de l'émergence d'un réel sentiment de réconfort.

Situation 6 : Le partage de nos ressentis en tant qu'intervenant est un levier de changement

Claire, 45 ans, venait me voir pour des séances d'acupuncture. Elle se plaignait de douleurs dorsales terribles qui l'empêchaient de dormir. Les soins soulageaient un peu sa douleur, mais celle-ci revenait sans cesse, lancinante, obsédante. Parallèlement, lors des séances, elle me racontait sa vie, dans les petits moments que je laissais disponibles pour l'écouter au cours du soin. Elle se laissait maltraiter par son patron, son mari, sa mère, sa fille. Elle était exigeante « Je veux faire bien mon travail, être une bonne épouse, une bonne mère... » Elle ressentait trop de culpabilité, de dévalorisation d'elle-même pour oser changer quoique ce soit, elle ne pouvait supporter de recevoir des reproches, aussi elle disait « je ne peux pas faire autrement ». Son dos souffrait. De la voir fatiguée, au bord de l'épuisement, sans espoir de changement, me fatiguait aussi... Et m'attristait également. C'est avec mon émotion, ce que je ressentais, c'est-à-dire ma tristesse, mon découragement, mon inquiétude que je lui ai dit ça. Plus tard, elle m'a dit comment cela l'avait aidée à se rendre compte de son état. Elle prit conscience de là où elle était, de son épuisement et de ses impasses. Cette prise de conscience a été le début d'un changement.

Il n'y a pas de mal à être ému, que cela soit la tristesse, la colère, la peur, la joie. Cela fait partie de notre palette émotionnelle qui nous indique les enjeux à l'œuvre, et nous aide à mieux se positionner.

  

Voilà. C’est tout pour le moment comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.


« Quand je me suis vraiment aimé » : belles réflexions que nous propose Charlie Chaplin (traduction d’un article du site « Rincon del Tibet »).






Une image du site "Rincon del Tibet"


  
Cet article est une traduction d'un texte du site « Rincon del Tibet »  


Il est la suite de celui-ci.
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« Quand je me suis vraiment aimé » : belles réflexions que nous propose Charlie Chaplin.


Charlie Chaplin possédait une vision unique de la vie ; il a eu pour but grâce à ses différents films, qu'il considérait comme des outils essentiels, de documenter les approches qui nous permettent de découvrir la vie grâce aux petits détails, le grandiose de celle-ci grâce à de minuscules expériences.

Cet homme doté d'une imagination et d'une capacité créative très développées, parvient à nous captiver à travers ses œuvres et, d'une certaine manière, nous invite à toujours réfléchir. C’est pourquoi nous voulons partager avec vous cette création de Chaplin associée à l'amour, qui finalement est la vraie nourriture de l'âme et la seule justification de notre existence.

Quand je me suis vraiment aimé, j’ai compris que, en toute circonstance, j'étais au bon endroit, à l’heure correcte et au bon moment, et en conséquence je pouvais me relaxer.

Aujourd'hui je sais que ça a un nom... Estime de soi

Quand je me suis vraiment aimé, j’ai pu percevoir que mon angoisse et ma souffrance émotionnelle, n’étaient que des signes qui m’indiquaient que j’allais à l'encontre de mes propres vérités.

Aujourd'hui je sais que c'est ... Authenticité

Quand je me suis vraiment aimé, j'ai cessé de souhaiter que ma vie soit différente, et j'ai commencé à accepter tout ce qui se passait et contribuait à ma croissance personnelle.

Aujourd'hui cela s'appelle ... Maturité

Quand je me suis vraiment aimé, j'ai commencé à me rendre compte que c’était offensant de tenter de forcer une situation ou une personne, seulement pour réaliser quelque chose que je désire, alors que je sais que ce n'est pas le moment ou que la personne n'est pas prête ( y compris moi-même).

Aujourd'hui, je sais que le nom de cela est ... Respect

Quand je me suis vraiment aimé, j'ai commencé à me débarrasser de tout ce qui n'était pas sain : des personnes, des situations et tout ce qui m’entraînait vers le bas. Au début, ma raison m’affirmait que cette attitude était égoïste.

Aujourd'hui on l'appelle...  Amour-propre

Quand je me suis vraiment aimé, j'ai cessé de craindre le temps libre et j'ai renoncé à faire de grands plans, j'ai abandonné les méga-projets pour le futur. Aujourd'hui, je fais ce que je trouve juste, ce que j'aime, quand je veux, et à mon rythme.

Aujourd'hui je sais ce que c'est...  Simplicité

Quand je me suis vraiment aimé, j'ai cessé d’essayer d'avoir toujours raison, et j'ai donc commis moins d'erreurs.

Aujourd'hui j'ai découvert ce que c'est... Humilité

Quand je me suis vraiment aimé, j'ai cessé de constamment revivre mon passé et de de me préoccuper sans arrêt pour mon futur. Maintenant, je reste dans le présent, qui est l’endroit où a lieu la vie.

Aujourd'hui, je vis un jour à la fois. Et ça s'appelle... Plénitude

Quand je me suis vraiment aimé, j'ai réalisé que mon esprit peut me tourmenter et me décevoir. Mais quand je le lui donne le soutien de mon cœur, il possède un grand et précieux allié.

Tout cela est ...  Savoir vivre

Charlie Chaplin

C'est vraiment là une belle invitation à aimer et à comprendre la vie à partir de son essence... Une expérience que j'espère que la plupart connaîtront.

  


 Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !

jeudi 26 juillet 2018

Compte rendu du livre « 50 exercices de Gestalt » de Catherine Clouzard (sixième partie, Comment me recentrer sur ce qui passe ici et maintenant ?).



 Jeu de mots.



Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « 50 exercices de Gestalt »  .
  
Cet article est la suite de celui-ci.

Voici le résumé de l’ouvrage.

Comment me recentrer sur ce qui passe ici et maintenant ?

Rattrapé par vos préoccupations du passé, il vous arrive de ne pas profiter pleinement de l'instant présent. Pris dans un rythme effréné, vous êtes encore absorbé par votre travail, et vous n'êtes pas vraiment « là » pour votre famille le soir. Prenez le temps d'être attentif à ce qui se passe en vous et autour de vous.

Listez les points de vigilance ci-dessous aussi souvent que possible, quel que soit le lieu ou la situation.

Je déploie mes « antennes » afin de percevoir un maximum de choses, et sentir comment elles évoluent dans la durée.

1.         Qu'est-ce que je vois ? J'observe tout ce qui m'entoure : les personnes, leurs expressions, leur style, les plantes, les objets, les formes et couleurs, la lumière...

2.         Qu'est-ce que j'entends ? J'ouvre mes oreilles aux voix, sons naturels, mécaniques, musique...

3.         Qu'est-ce que je sens ? je me concentre sur mon odorat : odeurs, parfums, senteurs naturelles ou artificielles...

4.         Qu'est-ce que je touche ? Mes doigts entrent en contact avec ce qui m'entoure pour sentir les textures, la chaleur...

5.         Quels sont mes ressentis corporels ? Je suis attentif à mon corps dans l'instant présent : tensions, douleurs, mouvements, frissons...

6.         Qu'est-ce que je goûte ? Je laisse le temps à mes papilles de savourer les saveurs : sucré, salé, amer, acide, doux, fort...

7.         Quel est le climat, l'ambiance du moment présent ?

8.         Qu'est-ce que je ressens à ce moment précis ? Quels sont mes émotions et sentiments ?

9.         Qu'est-ce que je perçois des émotions des autres ?

10.       Qu'est-ce que j'imagine ? Quelles sont les images, les phrases qui me viennent ? Les paroles de chansons ? Etc.

11.       Qu'est-ce que je n'avais pas perçu au premier abord et qui se précise ? Par exemple, si vous rentrez tard du travail, en étant attentif, vous pouvez vous rendre compte de toutes les petites choses préparées en vous attendant, ainsi que celles qui n'ont pas été faites et auxquelles vous pouvez participer pour retrouver votre famille.

Commentaire

Cet exercice s'appuie sur une notion très utilisée en Gestalt : I'awareness. Il s'agit d'une attention soutenue flottante et généralisée : elle porte sur soi et une multitude d'informations plus ou moins subtiles sur l'« ici et maintenant ». « Ici et maintenant » est une traduction de « How and now », concept posé par les premiers gestaltistes américains. On devrait plutôt dire « ici et comment » afin de mettre davantage l'accent sur l'observation du processus.

Au début, cet exercice peut vous sembler difficile tellement la matière à observation est multiple. Mais avec un peu d'entrainement, il se fera de plus en plus naturellement. Affiner votre awareness vous aidera à vous recentrer, à vous connecter aux informations essentielles, afin de vous ajuster au mieux.



Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.


mercredi 25 juillet 2018

« Vivre l’instant présent » dans « Méditer jour après jour » de Christophe André (onzième partie).



  
L’instant présent selon Thich Nhat Hanh, l’auteur de L’esprit d’amour


Cet article est la suite de celui-ci.   

« Vivre l’instant présent » dans « Méditer jour après jour, 25 leçons pour vivre en pleine conscience  » de Christophe André.

Méditer en pleine conscience, ce n'est pas analyser l'instant présent, ou du moins pas comme on le croit. C'est l'éprouver, le ressentir, de tout son corps, sans mots. Ce n'est ni habituel ni confortable de se passer ainsi durablement du langage pour traverser des moments de notre vie. Et pas facile : ne pas parler, passe encore, mais ne pas penser ! Juste éprouver, se connecter. Pourtant, nous avons tous déjà fait cette expérience.

Ce qui se passe alors, et qui va au-delà des mots, est très précisément décrit dans cet extrait de la Lettre de Lord Chandos, une magnifique nouvelle de l'écrivain autrichien Hugo von Hofmannsthal : « Depuis lors, je mène une existence que vous aurez du mal à concevoir, je le crains, tant elle se déroule hors de l'esprit, sans une pensée. [.. Il ne m'est pas aisé d'esquisser pour vous de quoi sont faits ces moments heureux ; les mots une fois de plus m'abandonnent. Car c'est quelque chose qui ne possède aucun nom et d'ailleurs ne peut guère en recevoir, cela qui s'annonce à moi dans ces instants, emplissant comme un vase n'importe quelle apparence de mon entourage quotidien d'un flot débordant de vie exaltée. Je ne peux attendre que vous me compreniez sans un exemple et il me faut implorer votre indulgence pour la puérilité de ces évocations. Un arrosoir, une herse à l'abandon dans un champ, un chien au soleil, un cimetière misérable, un infirme, une petite maison de paysan, tout cela peut devenir le réceptacle de mes révélations. Chacun de ces objets, et mille autres semblables dont un œil ordinaire se détourne avec une indifférence évidente, peut prendre pour moi soudain, en un moment qu'il n'est nullement en mon pouvoir de provoquer, un caractère sublime et si émouvant, que tous les mots, pour le traduire, me paraissent trop pauvres.»

« La pleine conscience ne réagit pas à ce qu'elle voit. Elle voit, simplement, et elle comprend sans mots », disait un maître bouddhiste. Les mots peuvent nous aider immensément, à certains moments : nommer une douleur ou une joie peut nous permettre de mieux supporter, surmonter, comprendre, savourer. Mais parfois ils ne peuvent rien pour nous, pour exprimer la complexité de ce que nous éprouvons ; ils peuvent même entraver, falsifier, gâcher notre expérience. Il y a des moments où mieux vaut ne rien dire. Il faut alors accepter de traverser la réalité différemment : ressentir, éprouver. On parle parfois ainsi de « conscience immergée » pour décrire cet état très particulier de notre esprit lorsqu'il est intensément absorbé, mais sans production de pensée volontaire, lorsqu'il est juste dans l'expérience.

Le goût intense de l'expérience

Lors d'une retraite de pleine conscience, je me souviens que notre instructeur nous avait proposé un de ces exercices bizarres, dont les maîtres de méditation ont le secret. Il nous avait tous réunis en rond. Puis demandé de faire un pas en avant. Après quelques secondes de silence, il nous avait alors dit : «Et maintenant, essayez de ne pas avoir fait ce pas.» Je n'avais jamais entendu, ni surtout vécu quelque chose d'aussi frappant sur l'inanité de certains regrets. Et surtout, je n'avais jamais compris aussi clairement la différence entre l'enseignement par la parole et celui par l'expérience. Dans ma surprise et ma perplexité, dans l'hésitation et le trouble de mon esprit, dans mon corps qui ne savait plus que faire, tout était transmis sur l'impossibilité d'effacer et l'inutilité de regretter...

La pleine conscience nous apprend que l'expérience est aussi importante que le savoir : lire sur la pleine conscience, ce n'est pas comme la pratiquer. Écouter un CD d'exercices de méditation pour prendre connaissance de son contenu, ce n'est pas comme faire ces exercices.

L'expérience, comme voie d'accès au réel, ne remplace pas le savoir, la raison ou l'intelligence, mais elle les complète. Et il n'y a rien de plus simple que l'expérience, il suffit de prendre le temps : il faut juste s'arrêter pour éprouver. Pour regarder, écouter, sentir, il faut suspendre notre action ou notre mouvement. Faites-le. Maintenant. Arrêtez de lire. Arrêtez de lire, fermez les yeux et prenez conscience. Notez de quoi est composée votre expérience, juste ici et maintenant. Pendant une minute, maintenant, tout de suite. Personne, absolument personne ne peut le faire à votre place. Et personne, absolument personne ne pourra non plus méditer à votre place. Fermez les yeux.


Résumé.

Vivre, c'est vivre l'instant présent. On ne peut pas vivre dans le passé ni le futur: on ne peut qu'y réfléchir, y spéculer, y ressasser ses regrets, ses espoirs, ses craintes. Pendant ce temps, on n'existe pas. Se rendre régulièrement présent à la richesse de nos instants de vie, c'est vivre davantage.

Nous le savons, bien sûr, nous l'avons lu et entendu ; nous l'avons même pensé. Mais tout ça, c'est du bla-bla : il faut maintenant le faire, pour de vrai ! Rien ne remplace l'expérience de l'instant présent.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.