mardi 26 juin 2018

Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (vingt-troisième partie).




L'Institut d'Esalen.


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois passionnant, précis et instructif sur la création de la Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans »  de Fritz Perls.

Cet article est la suite de celui-ci. 


Voici le résumé de ce livre.

Vive l'american way of life, vive sa médiocre excitation et son complément, la violence ! Ou alors, faudra-t-il prescrire chaque matin, à chaque citoyen, une bonne dose de tranquillisant ?

Je vis à l'Institut d'Esalen. Comme d'habitude, je me suis couché tard et me suis réveillé tôt, et je regarde par la fenêtre. Les falaises de Big Sur, les vagues agitées, le varech qui flotte en grandes nattes brunes. L'année dernière, les pentes du terrain qui entoure ma maison étaient presque dénudées. A présent, elles sont couvertes de toutes sortes de buissons. Des fleurs s'y mêlent, ruisselantes de couleurs qui attendent leur Corot ou leur Renoir.

La plage n'a pas de sable, elle est faite de gros galets et de rochers qui attendent que les vagues jouent avec eux. Et les voici, l'une après l'autre, rampant lentement, puis sautant et dansant, s'embrassant et se mêlant, mourant dans la blancheur.

Un des rochers qui touchent la plage a une signification historique. Elizabeth Taylor s'est assise là, pour un de ses films. Je ne suis jamais descendu me prosterner devant ce rocher. Et l'on m'a dit, mais je ne puis l'affirmer, que pour le tournage de cette scène on avait recouvert de caoutchouc-mousse et repeint le rocher pour le rendre plus photogénique ou confortable, ou en guise de protection contre le froid. Le cul d'une star, après tout, est un accessoire probablement assuré pour une somme fabuleuse !

Les loutres de mer qui jouent là ne semblent pas apprécier le caractère sacro-saint de ce rocher. Ma maison est perchée sur la falaise, à cent mètres au-dessus des célèbres sources sulfureuses auxquelles nous devons notre adresse. Il y en a entre vingt et trente. Leur température est de cinquante-cinq degrés. L'odeur de soufre n'est pas déplaisante, l'eau est très très douce. Les bains donnent sur la mer et, la nuit, sur un ciel piqueté de diamants. Souvent il y a du brouillard, et la pluie est violente en hiver. Cependant, il ne gèle jamais et les journées vraiment très chaudes sont rares.

Ce documentaire touristique ne vous dit rien du rôle joué par les bains. Il y a des deux côtés baignoires et bassins. Parfois, plus de seize personnes se tassent dans un bassin. Vous vous lavez et faites votre shampooing dans les baignoires, c'est très mal vu de faire ça dans les bassins. A certains moments les sexes sont séparés, à d'autres, non, habituellement après les séminaires du soir. Les groupes de rencontre s'y réunissent parfois dans l'après-midi, et les familles du personnel le soir avant le dîner.

Je recommande ces bains en commun à mes groupes non professionnels, mais les exige pour les professionnels, psychiatres, psychologues, ministres du culte, etc. Nombre d'entre eux arrivent constipés, n'ayant d'autre soutien personnel que leur rôle professionnel, effrayés de descendre jusqu'à nous, pauvres mortels, souvent peu désireux de souscrire aux beautés de la découverte de Whittaker au sujet de « la part du malade chez le thérapeute » (trop peu de thérapeutes sont disposés à admettre le statut de patient, encore moins d'y être élevés). Ils sont toujours — je ne pense pas avoir vu plus d'une ou deux exceptions — déçus par l'absence de délicatesse excessive et de câlinerie, et stupéfaits que la nudité ne produise pas d'aussi vives émotions qu'ils s'y attendaient. On peut tout voir, des corps qui se laissent flotter, détendus, aux étreintes ardentes, du chant en commun à des resucées de discussion sur la séance de séminaire. Parfois ils s'ennuient et sont gênés et tombent au niveau de la plaisanterie vulgaire. Ils se touchent essentiellement sous la forme de massages. Les relations sexuelles sont rares, ainsi que la violence.

Il y eut une fois une vraie garce qui monta deux hommes l'un contre l'autre. L'un, qui avait apparemment besoin de plastronner, parlait d'une façon extravagante, le regard plein d'une folie meurtrière. Quand il arriva près de moi dans le bassin, je me levai et, en dépit de mon âge, lui donnai un grand coup de poing dans le nez. A mon étonnement, il s'effondra sans offrir la moindre résistance et se mit à pleurer.

J'ai rarement peur. Un bon psychiatre doit risquer sa vie et sa réputation s'il veut parvenir à quelque chose d'authentique. Il doit prendre position. Les compromis et la serviabilité ne servent à rien. Une femme, qui se révéla une thérapeute de premier ordre, finit par exploser de rage en travaillant avec moi. Elle brandit au-dessus de ma tête une énorme chaise, prête à m'assommer. Je lui dis calmement : « Allez-y, j'ai vécu ma vie », et elle se réveilla de ses transes.

Voilà. C’est tout pour le moment comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.


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