vendredi 25 août 2017

« Le Théâtre de la Mémoire » de Giulio Camillo (neuvième partie).

Camillo s'inspire du Songe de poliphile de Francesco Colonna pour la description de son théâtre.

Je me suis rendu compte, plusieurs semaines après avoir écrit mon article « Histoire de la Mnémotechnie : Moyen Age, Renaissance & Dix-Septième siècle »  que j’avais oublié de mentionner le travail de Giulio Camillo (1480-1544), un érudit italien, qui a consacré toute sa vie à la fabrication d’un édifice qu’il appela le Théâtre de la Mémoire et qui était un gigantesque théâtre décoré d’images, conçu afin de mémoriser l’ensemble des connaissances de l’époque.
Vers la fin de sa vie, Camillo consacra sept matinées à dicter à Girolamo Muzio une esquisse de son Théâtre. Après sa mort, le manuscrit passa entre d’autres mains et il fut publié à Florence et à Venise en 1550 sous le titre L'Idea del Theatro dell' eccellen. M. Giulio Camillo. C'est cet ouvrage qui nous permet de reconstruire le Théâtre dans une certaine mesure. Il a été traduit en français sous le titre Le Théâtre de la Mémoire de Giulio Camillo aux éditons Allia et comporte sept chapitres. Je vais vous donner un résumé du texte de chacun de ceux-ci avec des commentaires explicatifs par rapport aux croyances de l’époque et de l’auteur.
Le texte du chapitre d’ouverture « Le premier degré » se poursuit de cette façon : 
« Nous avons attribué à chaque planète, en imitant l’ombre de ses ascensions, sept portes, degrés ou distinctions comme il nous plaira de le nommer.
Mais afin d'ordonner l'ordre, si l'on peut dire, avec une clarté telle que nous rendions les savants semblables à des spectateurs, nous leur présenterons ces sept mesures soutenues par les mesures des sept planètes, à la manière d'un spectacle ou, dirons-nous, d'un théâtre composé de sept degrés. En effet, les théâtres antiques étaient ordonnés de la manière suivante : sur les gradins les plus proches du spectacle se tenaient les personnes les plus honorables, puis, au fur et à mesure que l'on s'élevait dans les gradins étaient assises des personnes de moindre dignité, jusqu'aux artisans qui se tenaient sur les gradins les plus élevés. Ainsi, les gradins les plus proches étaient réservés aux plus nobles pour leur permettre non seulement d'être plus près du spectacle mais également de ne pas être gênés par la rumeur des artisans.
C'est pourquoi, en suivant l'ordre de la création du monde, nous placerons dans les premiers degrés les choses les plus simples, les plus dignes ou celles dont  nous pouvons imaginer que le plan divin les a placées avant les autres choses créées. Puis nous disposerons les suivantes de degré en degré, de telle sorte que dans le septième, c'est-à-dire dans le dernier degré supérieur, se tiendront tous les arts et toutes les facultés soumis à des règles, non parce qu'ils sont moins dignes, mais parce qu'ils ont été en quelque sorte découverts par les hommes en dernier.
Dans le premier degré, nous verrons donc sept portes dissemblables puisque chaque planète sera peinte sous forme humaine sur la porte de la colonne qui lui est destinée. Cependant pour la colonne du Soleil, lieu le plus noble de tout le Théâtre, nous voulons qu'Apollon, qui par sa nature aurait dû être peint sur le même degré que toutes les autres planètes, cède la place au Banquet de l'ensemble des Êtres qui est une image de la divinité. Sous la porte de chaque planète seront donc conservées toutes les choses appartenant à la mesure de son correspondant supracéleste, à celle de sa planète ainsi que les fictions des poètes à ce sujet, comme nous le préciserons pour chacune. »


Voilà. C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro.

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