samedi 30 juin 2018

Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (vingt-septième partie).



Le Zen.


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois passionnant, précis et instructif sur la création de la Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans »  de Fritz Perls.

Cet article est la suite de celui-ci.


Voici le résumé de ce livre.

Un médecin japonais avait inventé une méthode pour soigner les névroses. Trois jours au lit. Le patient n'est autorisé à se lever que pour aller aux toilettes. Si j'essayais ! Quand ce serait pour ne pas fumer pendant ce temps-là ! Un jeune docteur qui ne parle pas anglais. Un assistant, qui n'est pas médecin, s'occupe de tous les préparatifs. Je demande un interprète. Oui, mais je dois le payer en supplément.

J'ai une bonne chambre pour moi tout seul. Je suis peut-être le premier Européen. Les autres patients me regardent comme une bête curieuse. La femme du médecin apporte la nourriture, me sert à genoux. L'après-midi du deuxième jour, je passe devant le cabinet du médecin. Il est assis, rigide, revêtu d'un costume superbe. Comme s'il attendait ma visite depuis le matin. Je ne connais pas les coutumes, et mon interprète ne sait que très très peu d'anglais.

Au bout de deux jours, je n'en peux plus, je pique une colère et sors acheter des cigarettes. Je reçois la note. Deux heures d'interprète coûtent trois fois le prix de trois jours de clinique. Je ne me sens pas guéri.

Un psychologue japonais que j'avais connu aux États-Unis me conseilla un maître du Zen, Roshi Thiguru. Le Zen instantané — le satori — en une semaine. Je ne plaisante pas ! M., un autre psychologue américain, et moi sommes ses premiers élèves occidentaux. Avec huit jeunes gens japonais, nous formons la classe. C'est un événement. La presse et les photographes sont convoqués. J'ai encore les coupures de presse.

M. et moi avons une grande chambre à nous, où nous devons installer nos matelas pour la nuit, parce que dans la journée chacun de nous a quelques minutes d'audience privée avec le maître. Pendant cette audience, il faut rester couché de tout son long à plat ventre devant lui. Il me pose quelques questions banales et me voilà libéré pour la journée. C'est un petit homme pompeux, à la voix aiguë, qui se prend très au sérieux.

Nous nous levons à 5 heures du matin et sommes censés rester « assis » dans la fameuse position du lotus, les jambes tordues comme on sait, pratiquement toute la journée. Les deux « outsiders » que nous sommes reçoivent bientôt la permission d'avoir des chaises. Au bout de deux jours, le maître présenta sa spécialité. « Expirez en faisant le bruit d'un aboiement. Faites-le un certain temps. » Quelle différence y a-t-il entre « quelques minutes » et « plusieurs heures » ?

La nourriture est étonnamment bonne. La femme du maître se met en quatre pour ajouter des plats européens aux plats japonais. A la fin de chaque repas, nous buvons du thé dans le bol préalablement nettoyé jusqu'au dernier grain de riz à l'aide d'une lamelle de légume.

Je crois que la race japonaise s'est adaptée à la rareté de la nourriture en rapetissant, et peut ainsi se satisfaire d'un régime pauvre en calories. Quand je me promenais dans la foule, je me faisais l'effet d'un géant, bien que je ne mesure que 1 m 70.

En tout cas, je ne mourrais pas de faim, encore que de temps en temps je sois sorti en douce grignoter un peu de chocolat et fumer une cigarette.

Je ne crois pas qu'aucun de nous ait atteint l'illumination ou satori mais l'expérience était intéressante. J'eus un choc quand vint le moment de régler. Le prix était de dix dollars, chambre, nourriture et enseignement compris, pour une semaine. Je ne pouvais l'accepter, et offris trente dollars au maître, qui les accepta gracieusement et me fit une peinture au pinceau sur laquelle sa femme rajouta un dessin douceâtre représentant quelques fleurs.

Je fis une belle bourde. Le matin du troisième jour, on m'avait dit que l'eau était prête pour le bain. Il y avait là un grand baquet de bois d'un mètre de haut sur soixante centimètres de diamètre, plein d'eau bien chaude. Je ne savais trop comment m'y plonger mais réussis à grimper dedans et commençai à me savonner. J'utilisai la grande louche qui était suspendue à côté du baquet pour m'arroser la tête. Tout cela était inconfortable mais mieux que rien.

Puis j'entendis parler de mon crime. L'eau était chauffée au prix de gros efforts et était propriété commune. La louche servait à puiser l'eau dont on avait besoin au fur et à mesure pour se laver. J'avais gâché le bain de toute la classe. Je fis des excuses tardives. Nous sommes trop gâtés et tenons pour acquis ce qui pour d'autres gens est un luxe durement gagné.

Je sais ce qu'est une expérience de satori, bien que je ne sois jamais arrivé au stade de l'illumination totale, si tant est qu'une telle chose existe. Siddhartha n'est après tout qu'un produit de l'imagination sincère d’Hermann Hesse.

Voilà. C’est tout pour le moment comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.


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