mercredi 18 mars 2015

Miton H.Erickson, jour 8, traitement des patients psychotiques







Enfin une vidéo sur Erickson en français. Merci Antoine Garnier.



Jour 8



Compte rendu de lecture
 par Sidney Rosen :
Chapitre 11: traitement des patients psychotiques



Dans le chapitre 11 de Ma voix t’accompagnera, Milton H.Erickson raconte, on apprend qu’Erickson a même réussi à guérir des patients psychotiques, donc très gravement atteints. C’est d’ailleurs dans un hôpital psychiatrique, où il avait souvent ce genre de cas, qu’il a fait ses premières armes. On peut donc penser que c’est là qu’il a créé la plupart de ses principes psychologiques, en se confrontant à des patients en très grande détresse mentale, la pratique dans un cabinet avec des patients dits « névrosés » étant de ce fait plus facile. Sidney Rosen commente le fait que deux postulats d’Erickson sont particulièrement adaptés aux patients psychotiques : « Parlez au patient dans son propre langage » et « Epousez la façon de penser du patient ». En effet, les psychotiques sont complètement perdus dans leur monde et seul un expert en observation et en communication comme Erickson peut avoir la possibilité de les atteindre. 

L’anecdote la plus drôle du chapitre est bien entendu celle des Deux Jésus-Christ. Deux malades mentaux qui se prennent tous les deux pour le Fils de Dieu sont forcés par Erickson à se côtoyer sur le même banc. Au bout d’un certain temps, l’un d’eux, John, déclare à celui-ci : « Je dis la même chose que cet espèce de cinglé. Il est cinglé et je dis comme lui. Cela veut dire que moi aussi je suis fou ; et je ne veux pas être fou. » Notre psychiatre lui répond : « Eh bien, je ne pense pas que vous soyez Jésus-Christ, et, vous ne voulez pas être fou. Je vais vous faire travailler à la bibliothèque de l’hôpital. » Il y travaille quelques jours et vient voir Erickson, en lui disant : « Il se passe quelque chose de terrible : dans chaque livre, il y a mon nom sur toutes les pages. » Il ouvre un livre pour lui montrer que c’est écrit JOHN THORNTON ; il trouve son nom sur toutes les pages. Erickson reconnaît le fait et lui montre que l’on peut aussi lire sur chaque page MILTON ERICKSON. Ils découvrent ainsi ensemble des noms dans les livres : Dr Hugues Carmichael, Jim Glitton et Dave Shakow. En fait, ils arrivent à trouver tous les noms qu’ils pensent.
Finalement John conclut : « Ces lettres n’appartiennent pas à un nom ; elles appartiennent au monde !
– C’est vrai. »
John a continué à travailler à la bibliothèque. Il est rentré chez lui six mois plus tard, libéré de ses identifications psychologiques.

Tout d’abord avant tout commentaire technique, une remarque littéraire. Cette histoire fait penser à certaines nouvelles de l’écrivain argentin Jorge Luis Borges (j’ai par le passé écrit sa biographie thématique) et notamment à La Bibliothèque de Babel du recueil "Fictions" : les hommes vivent dans une bibliothèque immense, d’une taille indéfinie où l’on trouve, semble-t-il, tous les livres possibles y compris des livres qui ne signifient rien. Les habitants de la bibliothèque y cherchent le livre des livres qui donnerait un sens à tout cela.

Sidney Rosen nous explique qu’Erickson utilise pour ce cas la méthode du reflet. En premier lieu, il s’arrange pour que le délire de son patient soit reflété par un autre malade qui souffre de la même folie. Dans un deuxième temps, c’est Erickson lui-même qui reflète le comportement du malade en trouvant son nom à lui sur les pages. Quand un thérapeute prend le parti d’assommer un malade avec ses propres hallucinations, quand il rejoint celui-ci dans son délire, le patient se met alors à assumer le rôle du thérapeute, en essayant de lui démontrer que le mode de pensée dans lequel ils sont tous les deux plongés est, en fait, délirant.
Voilà. C’est fini pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro avec le chapitre 12 : « Manipuler et regarder toujours l’avenir ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire