mardi 3 mai 2016

Parole parfaite (dans « Vision et transformation » de Sangharakshita) (quatrième partie)




La communication télépathique est le troisième niveau de l'enseignement du Bouddha


Je continue ma série d’articles sur le livre Vision et transformation de Sangharakshita qui est fondamental car il décrit en détail la pratique du noble chemin octuple proposé par le Bouddha (vous pouvez vous procurer cet ouvrage au centre bouddhiste Triratna de Paris). Dans le troisième chapitre « L’idéal de la communication humaine, la parole parfaite », il aborde cette étape du noble sentier octuple. 

On peut étudier la parole parfaite selon quatre niveaux : a) Le niveau de véracité, b) Le niveau d’affection, c) Le niveau d’utilité, d) Le niveau de promotion de la concorde, de l’harmonie et de l’unité. 

Aujourd’hui, j’aborderai le quatrième niveau, le niveau de promotion de la concorde, de l’harmonie et de l’unité.

En plus des qualités que j’ai décrites dans les précédents articles, la parole parfaite favorise la concorde, l’harmonie et l’unité. Cela ne signifie pas seulement un accord verbal. Cela ne signifie pas dire : « Oui, oui » sans arrêt. Cela ne veut pas dire non plus dire partager les mêmes idées ; il ne s’agit pas de « Vous croyez au bouddhisme, je crois au bouddhisme. » Ce n’est pas ce qui est entendu ici. Ce qu’une parole qui favorise la concorde, l’harmonie et l’unité signifie vraiment est l’obligeance mutuelle, basée sur la véracité et sur la prise de conscience réciproque de l’être et des besoins de l’autre, menant à la transcendance de soi réciproque. Cette transcendance de soi réciproque est la parole parfaite par excellence. Ce n’est pas seulement la parole parfaite mais c’est aussi la perfection de la communication. Quand cette sorte de concorde, d’harmonie et d’unité, cette sorte de compréhension, est complète, est parfaite, plus rien d’autre n’a besoin d’être dit. Même, à un niveau ordinaire, quand vous faites pour la première fois connaissance avec quelqu’un, pendant un certain temps vous parlez beaucoup, vous échangez des idées, vous apprenez à vous connaître ; mais, en un sens, plus vous vous connaissez, moins il y a à dire. Lorsque la parole parfaite culmine dans l’harmonie, dans l’unité et dans la transcendance de soi réciproque, alors en même temps elle culmine dans le silence.

Nous ne devrions pas pour autant penser que la parole, même la parole parfaite, est le seul véhicule de la communication. La forme Vajrayana du bouddhisme, le bouddhisme du chemin adamantin, distingue trois niveaux de transmission de l’enseignement du Bouddha. Le premier, ou le plus bas, est le niveau verbal. A ce niveau, l’enseignement l’expérience spirituelle — est transmis au moyen de la parole écrite ou parlée. Le niveau suivant est la transmission par des signes ou des symboles, comme dans l’histoire de la tradition zen où le Bouddha lève une fleur dorée au milieu d’une assemblée. C’était un signe. Il y avait là une signification que seul comprit Mahakashyapa ; et par ce signe, ou par la signification de ce signe, l’essence de l’expérience spirituelle du Bouddha fut transmise à Mahakashyapa et de lui sortit toute une lignée de maîtres zen (voir site « zen-occidental.net »).

Mais, selon le Vajrayana, le niveau le plus élevé de transmission est la communication télépathique, qui bien sûr a lieu en silence. C’est la communication directe d’esprit à esprit, sans l’interposition ni de la parole écrite ou parlée, ni du signe ou du symbole visuel. C’est l’esprit lançant non pas des signaux, mais se lançant lui-même, directement, vers un autre esprit, sans aucun intermédiaire, sans aucun moyen de transmission. C’est le contact immédiat et direct d’esprit à esprit. Il est appelé « Le miracle de la télépathie » dans le Kevatta Sutta : « Et quel est le miracle de la télépathie ? Prenons le cas où un moine lit dans les esprits les événements mentaux, les pensées, les réflexions des autres êtres, des autres individus. Alors, quelqu'un qui a foi et conviction en lui le voit en train de lire les esprits des autres êtres. Il rapporte ceci à quelqu'un qui n'a ni foi ni conviction lui disant : « N'est-ce pas impressionnant ? N'est-ce pas étonnant? Qu'il est grand le pouvoir, qu'elle est grande la prouesse de ce contemplatif ! A l'instant, je l'ai vu lire les esprits d'autres êtres. » C’est le troisième des abhijñas (pouvoirs surnaturels possédés par un bouddha, un bodhisattva ou un arhat) : la perception de la pensée d’autres êtres. Nos préjugés occidentaux peuvent en être perturbés, mais la télépathie est quelque chose de reconnu et d’officiel dans le bouddhisme.

Outre cela, nous ne devrions pas penser que le silence est la simple absence de son. Quand s’éteignent tous les sons, quand le bruit du trafic dans la rue ou le grincement des chaises dans la pièce, le bruit de notre respiration, et même le « son » de nos pensées se sont complètement tus, ce qui reste n’est pas seulement quelque chose de négatif ou de mort, pas seulement un vide. Ce qui reste est un silence vivant.

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui.
Amitiés à tous.



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