La communication télépathique est le troisième niveau de l'enseignement du Bouddha
Je continue
ma série d’articles sur le livre Vision
et transformation de Sangharakshita qui
est fondamental car il décrit en détail la pratique du noble chemin octuple
proposé par le Bouddha (vous pouvez vous procurer cet ouvrage au centre bouddhiste Triratna de Paris).
Dans le troisième chapitre « L’idéal de la communication humaine, la
parole parfaite », il aborde cette étape du noble sentier octuple.
On peut
étudier la parole parfaite selon quatre niveaux : a) Le niveau de véracité,
b) Le niveau d’affection, c) Le niveau d’utilité, d) Le niveau de promotion de
la concorde, de l’harmonie et de l’unité.
Aujourd’hui,
j’aborderai le quatrième niveau, le niveau de promotion de la concorde, de
l’harmonie et de l’unité.
En plus des
qualités que j’ai décrites dans les précédents articles, la parole parfaite
favorise la concorde, l’harmonie et l’unité. Cela ne signifie pas seulement un
accord verbal. Cela ne signifie pas dire : « Oui, oui » sans
arrêt. Cela ne veut pas dire non plus dire partager les mêmes idées ; il
ne s’agit pas de « Vous croyez au bouddhisme, je crois au bouddhisme. »
Ce n’est pas ce qui est entendu ici. Ce qu’une parole qui favorise la concorde,
l’harmonie et l’unité signifie vraiment est l’obligeance mutuelle, basée sur la
véracité et sur la prise de conscience réciproque de l’être et des besoins de l’autre,
menant à la transcendance de soi réciproque. Cette transcendance de soi réciproque
est la parole parfaite par excellence. Ce n’est pas seulement la parole
parfaite mais c’est aussi la perfection de la communication. Quand cette sorte
de concorde, d’harmonie et d’unité, cette sorte de compréhension, est complète,
est parfaite, plus rien d’autre n’a besoin d’être dit. Même, à un niveau
ordinaire, quand vous faites pour la première fois connaissance avec quelqu’un,
pendant un certain temps vous parlez beaucoup, vous échangez des idées, vous
apprenez à vous connaître ; mais, en un sens, plus vous vous connaissez,
moins il y a à dire. Lorsque la parole parfaite culmine dans l’harmonie, dans l’unité
et dans la transcendance de soi réciproque, alors en même temps elle culmine
dans le silence.
Nous ne
devrions pas pour autant penser que la parole, même la parole parfaite, est le
seul véhicule de la communication. La forme Vajrayana du bouddhisme, le
bouddhisme du chemin adamantin, distingue trois niveaux de transmission de l’enseignement
du Bouddha. Le premier, ou le plus bas, est le niveau verbal. A ce niveau, l’enseignement
— l’expérience spirituelle — est transmis au moyen de la parole
écrite ou parlée. Le niveau suivant est la transmission par des signes ou des
symboles, comme dans l’histoire de la tradition zen où le Bouddha lève une
fleur dorée au milieu d’une assemblée. C’était un signe. Il y avait là une
signification que seul comprit Mahakashyapa ; et par ce signe, ou par la
signification de ce signe, l’essence de l’expérience spirituelle du Bouddha fut
transmise à Mahakashyapa et de lui sortit toute une lignée de maîtres zen (voir
site « zen-occidental.net »).
Mais,
selon le Vajrayana, le niveau le plus élevé de transmission est la
communication télépathique, qui bien sûr a lieu en silence. C’est la
communication directe d’esprit à esprit, sans l’interposition ni de la parole écrite
ou parlée, ni du signe ou du symbole visuel. C’est l’esprit lançant non pas des
signaux, mais se lançant lui-même, directement, vers un autre esprit, sans
aucun intermédiaire, sans aucun moyen de transmission. C’est le contact
immédiat et direct d’esprit à esprit. Il est appelé « Le miracle de la télépathie » dans le
Kevatta Sutta : « Et quel est le miracle de la télépathie ?
Prenons le cas où un moine lit dans les esprits les événements mentaux, les
pensées, les réflexions des autres êtres, des autres individus. Alors,
quelqu'un qui a foi et conviction en lui le voit en train de lire les esprits
des autres êtres. Il rapporte ceci à quelqu'un qui n'a ni foi ni conviction lui
disant : « N'est-ce pas impressionnant ? N'est-ce pas étonnant? Qu'il
est grand le pouvoir, qu'elle est grande la prouesse de ce contemplatif ! A
l'instant, je l'ai vu lire les esprits d'autres êtres. »
C’est le troisième des abhijñas (pouvoirs surnaturels possédés par un bouddha,
un bodhisattva ou un arhat) : la perception de la pensée d’autres êtres.
Nos préjugés occidentaux peuvent en être perturbés, mais la télépathie est
quelque chose de reconnu et d’officiel dans le bouddhisme.
Outre cela, nous
ne devrions pas penser que le silence est la simple absence de son. Quand s’éteignent
tous les sons, quand le bruit du trafic dans la rue ou le grincement des
chaises dans la pièce, le bruit de notre respiration, et même le « son »
de nos pensées se sont complètement tus, ce qui reste n’est pas seulement
quelque chose de négatif ou de mort, pas seulement un vide. Ce qui reste est un
silence vivant.
Voilà.
C’est tout pour aujourd’hui.
Amitiés à tous.
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