lundi 14 novembre 2016

Présentation de l’étude « Atteindre l’excellence » de Robert Greene, Introduction (cinquième partie).





Thomas Edison avait atteint ce que Robert Greene appelle la maîtrise



J’ai extrait ma biographie de Marcel Proust d’un livre de l’écrivain américain Robert Greene Atteindre l’excellence que je trouve très bien pensé (et réaliste). Je vais vous détailler certains passages de cet ouvrage. « Atteindre l’excellence » ne signifie pas, de manière compulsive, être premier de la classe ou être le plus remarqué à son boulot mais seulement développer le meilleur de ce qu’il y a en vous.

Robert Greene nous parle d’un processus très important : la maîtrise.
On peut appeler ce pouvoir intuition mais celle-ci n’est rien de plus qu’une perception soudaine et immédiate de la réalité, sans qu’il faille mettre dessus des mots et des formules. Les mots et les expressions viendront peut-être plus tard, mais c’est cet éclair d’intuition qui, en définitive, conduit plus près de la réalité notre esprit soudain illuminé par une parcelle de vérité qui nous était précédemment cachée, à nous et aux autres.

L’animal a une capacité d’apprentissage mais il se fie essentiellement à son instinct pour réagir à son environnement et se garder à l’écart du danger. Grâce à l’instinct, il est capable d’agir vite et de façon efficace. L’homme, en revanche, se fie à sa pensée rationnelle pour comprendre son milieu. Par conséquent une bonne part de nos pensées obsessionnelles nous coupe du monde. Au niveau de la maîtrise, l’intuition est un mélange d’instinct et de rationalité, de conscient et d’inconscient, d’humain et d’animal. C’est notre façon à nous de saisir les évènements de façon soudaine et puissante et de penser et ressentir les choses « de l’intérieur ». L’enfant a une certaine capacité d’intuition et de spontanéité, mais chez l’adulte, ce pouvoir est en général écrasé par une pléthore d’informations qui encombrent l’esprit et s’y accumulent avec le temps. Les maîtres retournent à l’état d’enfance, leurs travaux font preuve d’un niveau élevé de spontanéité et d’un bon accès à l’inconscient, mais à un degré beaucoup plus développé que chez l’enfant.

Si nous suivons ce processus jusqu’à son terme, nous activons la capacité d’intuition latente dans tout cerveau humain, un pouvoir dont nous avions fait l’expérience fugitive quand nous nous concentrions  sur un problème ou un projet unique. En vérité, il arrive fréquemment que l’on ait un aperçu de ce pouvoir : par exemple, quand nous avons une vague idée de ce qui va survenir dans une situation particulière ou quand la réponse idéale à un problème surgit en nous comme venue de nulle part. Mais ces moments sont éphémères, ils ne se fondent pas sur une expérience suffisante pour être déclenchés sur demande. Quand on atteint la maîtrise, l’intuition devient une faculté qui se commande, le fruit d’un long travail. Et comme le monde récompense la créativité et la capacité à découvrir des aspects nouveaux de la réalité, cela nous confère en pratique un pouvoir immense.

Il faut voir la maîtrise de la façon suivante : tout au long de l’Histoire, des hommes et des femmes se sont sentis prisonniers des limites de leur conscience, de leur manque de contact avec la réalité et de leur faible capacité à changer le monde autour d’eux. Ils ont cherché toutes sortes de raccourcis pour parvenir à un état de conscience supérieur et une meilleure maîtrise de leurs sens, grâce à des rituels magiques, des transes, des incantations et des drogues. Ils ont consacré leur vie à l’alchimie, à la recherche de cette pierre philosophale qui transforme toute matière en or.

Cet appétit de raccourci magique fait encore florès aujourd’hui sous la forme de recettes simples conduisant au succès, de secrets antiques enfin dévoilés selon lesquels un simple changement d’attitude attirera l’énergie qui convient. Il y a dans tous ces efforts des traces de vérité : par exemple, l’effet magique d’une concentration maximum. Mais au bout du compte, toute cette quête est centrée sur quelque chose qui n’existe pas : un chemin facile vers le pouvoir, une solution rapide ne demandant pas d’efforts, l’eldorado de l’esprit.

Pendant que tant de gens s’égarent dans des fantasmes sans fin, ils ignorent le seul pouvoir qu’ils possèdent réellement. Et on peut constater les effets concrets de ce pouvoir qui n’a rien à voir avec la magie ni les formules simplistes : on le trouve dans les grandes inventions et découvertes, les chefs-d’œuvre de l’architecture et des arts plastiques, les exploits technologiques, tous les travaux d’un esprit parvenu à la maîtrise. Ce pouvoir confère à ceux qui le possèdent un lien particulier avec la réalité et une capacité à changer le monde dont les mystiques et magiciens du passé ne pouvaient que rêver.

Au fil des siècles, on a érigé un rempart autour de la maîtrise. Celle-ci a été baptisée génie et jugée inaccessible. On l’a étiquetée comme le résultat d’un privilège, d’un talent inné ou d’une conjonction planétaire extraordinaire. On en a fait quelque chose d’aussi insaisissable que magique. Mais ce rempart est imaginaire. Voilà le véritable secret : notre cerveau est le résultat de six millions d’années d’évolution et, plus que tout autre chose, l’évolution de ce cerveau a été conçue pour nous conduire à la maîtrise, ce pouvoir latent chez n’importe qui.

Voilà. C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.

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