samedi 4 novembre 2017

Abraham Aboulafia, inventeur de la Kabale mystique (première partie).



Une biographie d'Abraham Aboulafia.


ABOULAFIA, ABRAHAM BEN SAMUEL - Né en 1240 à Saragosse, en Aragon, mort aux environs de 1291, en un lieu inconnu. C'est à Tudèle, où s'installèrent ses parents, qu'il reçut un enseignement poussé de la Bible et du Talmud. À l'âge de vingt ans, deux ans après la mort de son père, il commença sa vie d'errance.

Son premier voyage, ayant pour but de découvrir la rivière mythique du Sambation, ainsi que les dix tribus perdues, le conduisit en Terre sainte. Mais, arrivé à Saint Jean d'Acre, il dut renoncer, en raison des évènements en Terre Sainte, liés aux Croisades. Il se résigna et décida de se rendre à Rome, mais, sur le chemin, décida de s'arrêter à Capoue, afin de se livrer avec passion à l'étude de la philosophie, sous la tutelle du médecin-philosophe : Hillel ben Samuel ben Éliézer de Vérone. Il accentua l'étude de l'enseignement de Maïmonide. Toutefois, malgré le fait qu'il ait toujours tenu cet enseignement en très haute estime, il se sentit insatisfait, au regard d'autres philosophies qu'il avait étudiées.

Abraham Aboulafia possédait un charisme particulier et savait fort bien communiquer. Il commença à rédiger des travaux kabbalistiques, philosophiques et grammaticaux, et s'entoura d'élèves.

De retour en Espagne, il commença à être sujet à des visions mystiques. Âgé de trente-et-un ans, il s'immergea dans l'étude du Séfér Yetsirah et de ses innombrables commentaires. Livre qui eut un impact considérable sur lui, particulièrement à travers l'éclairage et la méthode du mystique allemand Éléazar de Worms, dont le commentaire exerça, sur Abraham Aboulafia une profonde influence, répondant à son immense besoin d'éveil mystique. À partir du Séfér Yetsirah, pour Aboulafia toutes les lettres combinées et permutées deviennent expression d'existence. Elles possèdent un pouvoir d’illumination offrant l'accès aux mystères des noms divins. En se fondant sur des pratiques ascétiques particulières, Aboulafia aspire aux plus hautes expériences et à l'accès au statut de prophète, ouvrant la plus haute perception, permettant de pénétrer intuitivement dans la nature ineffable de la divinité.

Son disciple le plus important fut Joseph Gikatilla.

Abraham Aboulafia quitta de nouveau l'Espagne, et c'est en 1279 qu'il écrivit en Grèce l'un de ses premiers livres prophétiques, le Séfer haYashar (Le Livre de l'Intègre). Un an plus tard, sous l'influence d'une voix intérieure, il se rendit à Rome, dans le dessein de convaincre le Pape Nicolas III de se convertir. En dépit du fait qu'une condamnation l'attendait pour le conduire au bûcher, il pénétra dans Rome par une porte secondaire et entendit que le Pape était mort dans la nuit (information confirmée par une minute du Vatican). Il fut tout de même jeté en prison par les Dominicains, mais relâché quatre semaines plus tard.

On retrouve ensuite sa trace en Sicile, où il apparaît en tant que prophète et messie, provoquant une vive réaction de la communauté de Palerme, qui condamna le comportement d'Aboulafia.

Subissant la persécution du rabbin Salomon ben Adret, Abraham Aboulafia dût s'exiler sur la petite île de Comino, près de Malte, entre 1285 et 1288, où il rédigea son Séfér haOth (Le Livre du Signe). C'est en 1291 qu'il écrivit un dernier et important livre, Imré Shéfer, livre décrivant le système du Tsérouf (à la fois une mystique et une technique s’appuyant grandement sur le Séfér Yetsirah). On perd ensuite sa trace. Il s'attribue lui-même vingt-six ouvrages, dont vingt-deux prophétiques.

Abraham Aboulafia appelle son système kabbalistique, la « Kabbale prophétique », se distinguant ainsi de ses prédécesseurs. Le but de son enseignement est d'offrir aux humains un certain degré de communion avec Dieu. Pour cela, il utilise une approche particulière des noms de Dieu, surtout en ce qui concerne le tétragramme YHWH, la guématria, les combinaisons et les vocalisations des lettres, les permutations de mots. Ainsi, Aboulafia se donne parfois le nom de Raziel ou de Zekaryahou, mots ayant tous deux la valeur numérique 248, identique à celle d'Abraham. Il emploie également, de façon assez large le système du notarikon (utilisation des acrostiches) et du tsérouf (combinaisons des lettres).

Abraham Aboulafia a donné une tournure visionnaire à la Kabbale, ce que nombre d'écoles lui reprocheront, exaspérées par sa façon de jongler avec les noms de Dieu et des anges, d'utiliser la guématria dans ses formes les plus diverses. Les religieux lui reprocheront aussi d'avoir été le premier kabbaliste à permettre à l'idée  chrétienne de la Trinité de s'intégrer à la Kabbale, ouvrant ainsi la voie de la Kabbale chrétienne.

Il a aussi et surtout rédigé le Seva netivot ha-Tora, L'Épître des sept voies, selon lequel il y a sept voies d’accès à l’initiation kabbalistique, sept voies selon le degré d’avancement spirituel de l’individu qui veut s’y engager (j’en reparlerai dans un prochain article).


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

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