mardi 15 mai 2018

Nouvelles précisions sur la Gestalt-thérapie (treizième partie) (première partie, Orientation du Moi. Chapitre 2, Contact avec l'environnement).




Un autre livre sur la Gestalt-thérapie

Des amis m’ont demandé d’apporter des approfondissements sur la gestalt-thérapie, la psychothérapie que je préfère actuellement. J’ai déjà abordé ce sujet à plusieurs reprises dans ce blog. En voici quelques exemples :


Cet article est la suite de celui-ci.

Le livre de référence sur le sujet est Gestalt-thérapienouveauté, excitation et développement de Frederick Perls, Paul Goodman et Ralph Hefferline.

L’ouvrage est divisé en deux parties distinctes. La première partie porte sur l’orientation du moi et se subdivise en 4 chapitres. Le chapitre 1 définit l’aspect scientifique de la gestalt-thérapie. Le chapitre 2 présente différentes expériences visant à développer ou à accroître chez l’individu sa capacité à entrer en contact avec son environnement. Les chapitres 3 et 4 présentent les différentes techniques de prise de conscience intégrée du soi. La deuxième partie de l’ouvrage porte sur la manipulation du moi. On y retrouve également 4 chapitres qui traitent globalement de 3 types de mécanismes névrotiques à l’origine des troubles psychologiques vécus par les individus. Ces mécanismes sont : la rétroflexion, l’introjection et la projection.

Je vais, pour que vous compreniez bien la démarche de la Gestalt, aborder le thème de la première partie, l’orientation du moi.

Première partie, Orientation du Moi. Chapitre 2, Contact avec l'environnement.

EXPÉRIENCE 1 : Sentir le réel

Notre première intention est de vous aider à approfondir vos sensations avec ce qui est réel. La plupart des gens admettent qu'il y a des moments où ils ne sont qu'à moitié là, qu'ils rêvassent, perdent le fil des choses ou s'échappent de la situation dans laquelle ils se trouvent. On dit alors : « il est ailleurs », ou « il est dans la lune. », ou encore « il a perdu le contact ».

Le contact n'implique pas un état constant d'attention. Ce qui serait le signe d'une appréhension chronique, qui s'appuie en général sur une mauvaise perception de la réalité. Il y a des occasions où il vaut mieux se laisser piller, plonger dans les rêves et jouir d'un confort animal. Que nous y parvenions rarement est une caractéristique de notre époque — la conséquence de nos « préoccupations » —, mais nous pouvons réapprendre à le faire, même si la plupart d'entre nous ne connaissent cet état qu'en observant le chat de la maison.

Outre quelques moments de bonheur occasionnels, où nous nous permettons d'abandonner notre attention et de nous laisser glisser dans une ambiance diffuse de bien-être, il existe d'autres instants où une conscience aiguë de la réalité s'oppose aux intérêts de l'organisme. Quand le dentiste est en train de vous extraire une dent cariée, ce n'est que dans le cas où vous voudriez jouer les héros que vous refuserez l'anesthésie. La nature elle-même agit quelquefois comme un analgésique quand, par exemple, on s'évanouit de douleur. La situation est bien différente, cependant, quand on achète des « calmants » à la pharmacie. Là, on essaie de pousser l'organisme à ne plus sentir la réalité — à la suite de maux de tête, d'abcès dentaires, de fatigue, d'insomnie, indicateurs de situations inachevées ». Ce sont des signaux avertisseurs — ils indiquent que quelque chose va de travers, qui réclame votre attention, et ce n'est pas en éteignant le signal que le problème est résolu.

Il est bien évident qu'il est inutile d'endurer les effets d'un signal avertisseur, une fois qu'on y a pris garde. Si on a mal aux dents et qu'on a pris rendez-vous chez le dentiste le plus tôt possible, le « calmant » est valable, dans le sens qu'il évite une souffrance inutile. Quand il s'agit de maux de tête, de fatigue, d'insomnie, le cas n'est pas aussi clair. Quelquefois, le médecin de famille peut y remédier aussi facilement que le dentiste soigne ou arrache la dent malade. Mais souvent, même le spécialiste hoche la tête en disant qu'il n'y peut rien — s'il est à la page, il parlera de « trouble psychosomatique ». Même ainsi, il hésitera à recommander un traitement psychologique, car ce dernier est souvent long, coûteux et inutile. Le plus fréquemment, il renverra le patient en lui disant d'« oublier ça » ou de « prendre de l'aspirine ».

Que ces calmants pharmaceutiques soient un moyen d'obscurcir partiellement la réalité (dans ce cas, la réalité de la douleur) tout le monde le reconnaît. Que des « calmants » appliqués à des comportements existent, et, plus encore, soient largement utilisés, est un fait que l'on admet moins bien. Ces « calmants » ne sont pas des pilules ou des cachets, et l'individu qui les utilise, n'étant pas conscient de ce qu'il fait, niera que son action ait cette fonction. En outre, une fois qu'il s'y est accoutumé, il serait aussi cruel de l'en priver brusquement, si cela était possible, que de priver un drogué de sa dose quotidienne du jour au lendemain. Parce que c'est un comportement que l'individu lui-même contrôle, qu'il le sache ou non, il n'y a aucun moyen — même si c'était désirable, et ce n'est pas le cas — de les lui arracher de force. D'un autre côté, s'il souhaite prendre conscience de ce comportement autodestructeur pour le transformer graduellement, en restant toujours dans les limites de ce qu'il peut tolérer, c'est un autre problème.

Pour faire un premier pas dans cette direction, nous vous proposons quelque chose qui vous semblera d'une simplicité enfantine. Dans la mesure du possible, essayez de faire les exercices tout de suite, avant de lire plus avant. Si vous poursuivez votre lecture, il se peut que, dans les explications que vous y rencontrerez, vous vous priviez de certaines découvertes que vous auriez pu faire vous-même.

Essayez pendant quelques minutes d'inventer des phrases décrivant ce dont vous avez conscience en ce moment. Commencez chaque phrase par les mots « maintenant » ou « en ce moment » ou « ici et maintenant ».

Maintenant que vous avez survécu à ce premier bain de pieds et que vous ne l'avez trouvé ni trop chaud ni trop froid, parlons-en un peu. Puis nous vous demanderons de refaire cet exercice.

Tout ce qui est réel est toujours présent par rapport au temps. Tout ce qui est arrivé dans le passé était réel à ce moment-là, comme ce qui arrivera dans le futur sera réel, mais ce qui est réel — et donc tout ce dont vous pouvez avoir conscience — doit être dans le présent. D'où l'accent sur les mots « maintenant », « en ce moment », si nous voulons développer ce sentiment de réalité.

De même, ce qui est réel pour vous doit être lié à l'endroit où vous vous trouvez. D'où l'accent sur le mot « ici ». Vous ne pouvez pas en ce moment expérimenter un événement — c'est-à-dire le vivre — s'il a lieu hors de la portée de vos récepteurs. Vous pouvez l'imaginer, oui, mais cela veut dire que vous vous le décrivez à vous-même, et la description est ici, où vous êtes.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

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