Un autre livre sur la
Gestalt-thérapie
Des amis m’ont dit que certains concepts
de la Gestalt-thérapie étaient pour eux difficiles à comprendre. C’est pourquoi
j’ai décidé d’entamer une suite d’articles définissant 20 notions de base de la
Gestalt-thérapie selon la classification adoptée par Serge Ginger dans son
livre « La Gestalt, l’art du contact ».
Cet article est la suite de celui-ci.
Concept 5 : Champ et système.
Au cours d'une séance de Gestalt, l'une
des parties essentielles de « l'environnement » du client est constituée par le
thérapeute lui-même. C'est avec lui que s'établit le contact et que se déploie
le processus d'interaction, avec tous ses aléas. Client et thérapeute font donc
partie du même « champ » de l'expérience, et l'attitude de chacun interfère
avec celle de l'autre. Il ne s'agit pas, bien entendu, d'un « système clos »,
mais d'un « système ouvert », en échange permanent avec le contexte extérieur.
Goodman reprend dans Gestalt-thérapie les réflexions de Kurt
Lewin, psychologue gestaltiste fondateur de la dynamique des groupes, qui
venait d'extrapoler au champ social la théorie du champ électromagnétique,
généralisée par la physique einsteinienne. La Gestalt-thérapie s'intéresse à
chacun dans le contexte de son environnement, attentive à la fois à ne pas
l'isoler artificiellement (il fait partie d'un « champ »), ni à le « fusionner
» dans la situation globale (il est spécifique).
Concept 6 : L'ajustement créatif.
La santé mentale et sociale se traduit
par un ajustement créatif permanent à la « frontière-contact » entre
l'organisme et son environnement ; notamment entre l'individu, le thérapeute et
le contexte de la situation : lieu où se déroule l'interaction, présence de
témoins ou d'un groupe, etc.
Il ne s'agit pas d'un simple ajustement
adaptatif où l'individu subit la loi de l'environnement, adoptant les normes
sociales majoritaires ou le comportement jugé habituellement « normal ». Il ne
s'agit pas davantage d'une créativité individuelle ne tenant aucun compte du
contexte et autorisant toutes les fantaisies ou les excès — sous le simple
prétexte qu'ils conviennent au client. Il s'agit bien d'un compromis, ou plutôt
d'une synthèse permettant à chacun
d'exister à son idée, mais compte tenu
des normes locales et temporelles, de trouver sa propre voie au sein d'un
ensemble.
Ainsi, la Gestalt se distingue des
thérapies comportementales à visées normatives : dans une perspective
délibérément phénoménologique, elle privilégie le vécu subjectif de chacun, son
ressenti personnel intérieur, au comportement extérieur socialement
perceptibles. Mais elle ne reste pas pour autant cantonnée à la seule vie
fantasmatique intra-psychique, elle encourage la navette entre l'intérieur et
l'extérieur, cherchant à concilier l'adaptation
sociale et la créativité individuelle,
la situation et sa lecture personnelle, proposant ainsi un pont entre la
science et l'art.
Il faut ici se souvenir du contexte
socio-politique dans lequel s'est élaborée la Gestalt : Perls, Goodman et
quelques autres pionniers des années 50 voulaient à tout prix se démarquer de
l'establishment psychanalytique américain et se sont montrés non-conformistes
d'une manière délibérément provocatrice : opinions anarchistes, comportement
social et sexuel très « libéré », etc. Actuellement, la Gestalt-thérapie s'est
ajustée au contexte de l'après 68 et s'est très assagie, tout en conservant une
connotation libérale « raisonnable ».
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
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