samedi 11 avril 2020

Pause dans le blog avec un compte rendu de l’ouvrage «Méditer pour agir» du psychothérapeute Lawrence LeShan (quatrième partie).




Un autre ouvrage de Lawrence LeShan.



Dans le cadre de mon projet de publier un article chaque jour dans ce blog pour désennuyer les magiciens confinés, j’ai écrit sur un sujet totalement différent : la méditation (en plus abordée par un psychologue).

Lawrence LeShan est un des premiers psychologues à avoir pensé qu’il y avait des facteurs psychiques dans l’origine du cancer dans son livre « Vous pouvez lutter pour votre vie ». « Méditer pour agir » est le premier ouvrage que j’ai lu sur la méditation. Son titre m’avait fasciné : la méditation n’était pas quelque chose d’égoïste, de nombriliste. Elle pouvait aboutir à ce qui semble son contraire, l’action.

Voici un extrait du livre :

« Connaissance d'une autre face de la réalité

Un second résultat majeur, que rapportent les mystiques de tous lieux et de tous temps, et auquel tend l'entraînement de toutes les écoles mystiques, est la connaissance d'une face différente de la réalité. J'utilise ici le terme « connaissance » pour indiquer une compréhension émotionnelle aussi bien qu'intellectuelle du nouvel aspect des choses, et une participation à celui-ci.

Voici une prétention étrange et difficile à soutenir. Que veut dire le mystique lorsqu'il se réfère à une autre face de la réalité ? La réalité, n'est-ce pas ce qui est « dehors », et notre tâche n'est-elle pas de « la » comprendre ? Et, s'il est deux visions différentes, l'une ne doit-elle pas être « juste » et l'autre « fausse » ? Si le mystique déclare qu'il existe deux visions également valides, ne s'enferme-t-il pas dans une contradiction fondamentale ?

C'est là un véritable problème. D'un côté, nous savons que notre vision habituelle de la réalité est essentiellement correcte. Non seulement nous la « sentons » juste, mais nous opérons en toute efficacité à l'intérieur de cette vision, et, de la sorte, il est évident que nos jugements sur la nature de la réalité (sur lesquels nous fondons nos actions) doivent être justes.

Mais, d'un autre côté, un bon nombre de gens sérieux — parmi lesquels beaucoup des êtres que l’humanité admire profondément — ont déclaré qu'ils fondaient leur action sur une vision tout à fait différente de la façon dont marche le monde. Eux aussi disent qu'ils « savent » que cette autre vision est valide. Et, pour tout arranger, il semble qu'eux aussi atteignent leurs objectifs, et qu'ils opèrent efficacement dans le monde, sur lequel il leur arrive souvent d'exercer une forte influence. Ils déclarent, également, que leur vie est emplie de sérénité et de joie, et les observateurs extérieurs rapportent que leur comportement semble confirmer ces propos.

Le mystique ne prétend pas qu'une façon de connaître la réalité, d'être chez soi dans l'univers, est supérieure à l'autre. Il dit plutôt que pour pleinement réaliser son humanité une personne a besoin des deux  visions. Le mystique latin Plotin dit que l'homme est semblable à une créature amphibie, qui a besoin à la fois de la vie terrestre et de la vie aquatique pour réaliser pleinement son « amphibianité ». De même, le développement intégral de l'humanité exige que la personne ait deux façons d'être chez elle dans le monde — qu'on parle de « différents états de conscience » ou de « l'emploi de systèmes métaphysiques différents ». De façon curieusement similaire, le mystique indien Ramakrishna comparait l'homme à une grenouille, qui, dans son premier âge, vit, comme un têtard, dans un seul milieu. « Plus tard, cependant, écrit-il, lorsque tombe la queue de l'ignorance », il a besoin, dans son âge adulte, à la fois de la terre et des eaux pour réaliser pleinement ses potentialités.

Cette seconde façon de percevoir la réalité constitue l'un des objectifs de la méditation. Et, il est sûr que ceux qui l'ont atteinte, et qui ont travaillé à fondre les deux visions, de telle sorte que l'une soit la musique de fond de l'autre, et vice versa, peuvent déclarer que leur vie est beaucoup plus pleine et plus riche qu'auparavant, et que celle menée par la grande majorité de leurs contemporains. A coup sûr, aussi, c'est un plaisir de cohabiter sur la planète avec de tels gens.

Tels sont donc les buts de la méditation. Il s'agit bien, en quelque sorte, de « rentrer chez soi ».


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !


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