lundi 13 juillet 2015

Borges et le bouddhisme : étude de l’ouvrage " Qu’est-ce que le bouddhisme ? " (1976) (troisième partie)



La naissance miraculeuse du Bouddha telle que nous l'avons vue dans l'article précédent



La biographie légendaire du Bouddha, pleine de miracles, de magie, de rêves prophétiques, peut paraître bizarre aux Occidentaux auxquels on a répété depuis plus d’un siècle que le bouddhisme était une philosophie et non une religion. Pourtant le Cambodge l’a proclamé religion officielle depuis 1993. Un des meilleurs spécialistes français de l’Asie du Sud-Est, Louis Frédéric, a écrit un livre qui s’intitule Les dieux du bouddhisme. Que penser ? Simplement là aussi, suivant les pays et les pratiques spirituelles, une même pensée peut être perçue différemment ou s’être développée d’une manière toute autre. C’est à nous, individus, en fonction de notre vécu, de l’aborder à notre façon, de nous constituer un maximum de culture sur le sujet afin de pouvoir bien juger la question. Alors, in fine, si Borges, un des plus grands érudits du vingtième siècle, s’est régalé de la légende historique du Bouddha, pourquoi nous en priverions-nous ?

Après avoir décrit sa naissance miraculeuse et sa reconnaissance par le visionnaire Asita, voyons maintenant son adolescence et son âge adulte. Les sages qui avaient déjà interprété le rêve de Maya, sa mère, prédisent au père du Bouddha que son fils sera soit maître du monde (un grand roi) soit rédempteur de l’univers. Celui-ci s’en tient à la première annonce ; il fait construire trois palais pour son fils Siddhârta (tel est le prénom du Bouddha), d’où il bannit tout ce qui pourrait lui révéler la précarité, la souffrance ou la mort. Le prince se marie à dix-neuf ans ; auparavant, il doit sortir vainqueur de divers concours comportant la calligraphie, la botanique, la grammaire, la lutte, la course à pied, le saut et la natation. Il doit aussi triompher dans une épreuve de tir à l’arc ; la flèche tirée par Siddhârta tombe plus loin qu’aucune autre et, là où elle tombe, jaillit une source.

Dix années d’un bonheur illusoire s’écoulent pour le prince, consacrées aux plaisirs des sens dans son palais dont le harem renferme quatre-vingt-quatre mille femmes. Cependant, Siddhârta sort un matin et y rencontre les personnages déjà évoqués dans sa biographie historique : un vieillard, un lépreux, un cadavre et un moine mendiant.

La nuit où il prend la décision de renoncer au monde, on lui annonce que sa femme est accouchée d’un fils.  A minuit, il se réveille, parcourt son harem et voit ses concubines endormies. L’une a un filet de salive qui lui coule de la bouche ; l’autre, les cheveux épars et en désordre, semble avoir été piétinée par des éléphants ; l’autre encore parle en rêve ; l’autre exhibe un corps couvert d’ulcères ; toutes semblent mortes. Siddhârta dit : « Les femmes sont ainsi, impures et monstrueuses dans le monde des mortels ; mais l’homme, trompé par leurs atours, les trouve désirables. » Il entre dans la chambre de son épouse, Yasodhara ; il la voit endormie, la main posée sur la tête de leur fils. Il se dit : « Si je déplace cette main, ma femme se réveillera ; quand je serai devenu le Bouddha, je reviendrai et, alors, je pourrai toucher mon fils. »
Il sort du palais et s’enfuit en direction de l’orient…

Voilà l’histoire de l’adolescence, du début de l’âge adulte du Bouddha et de sa première révélation, telles que les raconte sa biographie légendaire.


La suite donc au prochain numéro avec sa future illumination toujours dans cette narration hors norme. Amicales salutations.

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