L'Escamoteur, l'attention fixée sur le magicien nous révèle des détails.
Un ami m’a invité à aller à la
passionnante exposition sur le tableau L’escamoteur
de Jérôme Bosch à Saint-Germain-en-Laye à l’espace Paul et André Véra et en même temps je travaille sur L’escamoteur
dans Méditer, jour après jour de
Christophe André.
L’attention a des répercussions
sur la conscience : nous pouvons difficilement agir de manière directe sur
notre conscience, nous devrons, en général, apprendre pour cela à moduler notre
attention. Ce travail peut s’effectuer dans deux directions. Je parlerai aujourd'hui de la deuxième direction.
2) La seconde direction de
travail possible porte non plus sur l’« l’ouverture » mais sur la
« qualité » de notre attention : « analytique » ou
« immergée ». L’attention analytique, c’est celle que nous mobilisons
lorsque nous nous concentrons sur la résolution d’un problème ardu,
mathématique ou existentiel. Notre intelligence fonctionne alors à plein, nos
pensées s’enchaînent, notre raisonnement avance et nous analysons dans le
détail les tenants et les aboutissants du problème. L’attention immergée, elle,
se situe à un autre niveau : elle nous fait oublier que nous sommes en
train de réfléchir ou d’agir.
L’attention immergée peut concerner des activités
simples : être absorbé par un film passionnant ou par le rythme de sa
foulée lors d’un jogging. Mais elle concerne aussi des tâches plus
complexes : descendre une pente à ski, jouer d’un instrument de musique ou
s’absorber dans une tâche intellectuelle (écrire un article de blog !).
Dans toutes ces situations, nous sommes pleinement attentifs à ce que nous
faisons (sinon nous tomberions, ferions une fausse note ou serions sans arrêt
distraits de notre écriture de l’article). Mais nous le sommes dans un état
d’attention dite « immergée » : nous sommes si intensément
présents à ce que nous faisons que nous sommes complètement
« dedans » sans besoin de mentaliser ou d’analyser ce qui se passe.
Plus notre attention est élargie
(voir article précédent) et immergée, plus nous nous rapprochons de la
méditation juste, une présence intense et ouverte, pas seulement mentale mais
globale (incluant notre corps tout entier) à l’expérience que nous vivons
instant après instant.
On soupçonne aujourd’hui le
fonctionnement de l’attention basé sur un mode étroit et analytique d’être à la
base des ruminations qui alimentent les états anxieux et dépressifs.
D’où l’intérêt plus que jamais
d’un travail sur les capacités attentionnelles pour les protéger ou les
restaurer. La pratique de la méditation peut, de ce point de vue, être
considérée comme une forme d’entraînement attentionnel. Pour que plus jamais ne
nous soit dérobée notre conscience…
C’est tout pour le moment. Je
parlerai d’autre chose dans un prochain article. Amitiés à tous.
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