mardi 6 juin 2017

Visite de l’historien de la magie Fanch Guillemin, encore des précisions sur l’œuvre de Jérôme Cardan (troisième partie)


Fanch Guillemin et Gaëtan Bloom.


Lundi nous a rendu visite, à ma femme et à moi, un des meilleurs historiens de la magie actuels dont j’ai déjà parlé dans plusieurs articles de ce blog .

Par hasard, j’étais en train d’écrire sur Jérôme Cardan,  un compte rendu d’un article de la revue "Gibecière" (hiver 2005) de Bill Kalush sur la première description connue d’un chapelet par Vanni Bossi et sur les méthodes qui s’ensuivirent (« On the Prearrangement and Mnemonic Use of a Deck of Cards »)

 Fanch Guillemin m’a donné de nombreuses précisions sur Cardan (1501-1576)  (cet article est la suite de celui-ci). A la page 98 de son livre Histoire de la magie blanche avant Robert-Houdin, se trouve une analyse descriptive de « Cardan, opérateur de tours ».

Je cite Fanch Guillemin :

« On peut penser que Cardan présenta vraiment plusieurs de ces tours, car il était particulièrement réputé comme « faiseur de miracles ». Sa description détaillée d'un petit navire lesté d'un clou en fer, flottant sur l'eau d'une cuvette de bois placée sur une table, et dirigé secrètement par un aimant fixé sur une baguette mobile sous la dite table, précède de deux siècles « Le canard magnétique » de l'abbé Nollet et de Rousseau.

Et Cardan terminait son explication en déclarant que la barque miniature semble dirigée magiquement par la figurine de femme qui s'y trouve : « non sans grande admiration des assistants... », ce qui est bien le langage d'un opérateur.

Les premiers tours de cartes.

D'autre part, Cardan est sans doute le premier à avoir dévoilé des trucs de cartes pour des effets de magie simulée.

Dans son livre De la subtilité, il se contente de noter la possibilité de marquer secrètement du doigt une carte choisie pour la repérer ensuite. Il indique qu'on peut également la placer sous une autre carte connue, et signale l'existence de procédés mathématiques pour la retrouver après plusieurs coupes du jeu.

Dans son autre ouvrage Liber de ludo aleae — le livre des jeux de hasard — non encore traduit du latin, il fait mention des méthodes utilisées par les tricheurs : cartes marquées, au couteau, par coloration, cartes rugueuses ou glissantes, marquages aux coins et sur les tranches à l'aide d'une lime, bagues, miroirs, séquences, codes, collusion.

Francisco Soma.

Mais les manipulations difficiles des spécialistes échappaient à Cardan qui le reconnaissait volontiers dans un passage de son livre De la subtilité.

A la suite de son évocation du magicien espagnol Damnatus, il y racontait avoir vu opérer un Napolitain d'une vingtaine d'années, nommé Francisco Soma, aussi habile à la lyre qu'avec des cartes.

« Celui-ci étala son jeu en ruban, fit tirer une carte par un spectateur, lui demanda de la mémoriser, et de la remettre dans le paquet qu'il mélangea avant de la retrouver.

Puis il fit prendre une carte successivement à plusieurs personnes, de manière différente à chaque fois ; et c'était toujours la même qui était choisie.
Quelqu'un lui demandant si les cartes étaient disposées dans un certain ordre, Francisco Soma lui rétorqua : « Vous avez vous-même mélangé le paquet en détruisant mon arrangement, et cela ne vous a pas empêché de tirer encore la même carte. »

Cardan déclarait avoir pensé un moment qu'il avait plusieurs cartes semblables dissimulées dans la main, mais avouait s'être trompé après avoir vérifié qu'elles étaient toutes différentes, et n'avoir pas compris ce tour, ni les autres qui suivirent... »

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.


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