Fanch Guillemin et Gaëtan Bloom.
Lundi nous a rendu
visite, à ma femme et à moi, un des meilleurs historiens de la magie actuels
dont j’ai déjà parlé dans plusieurs articles de ce blog .
Par hasard, j’étais en
train d’écrire sur Jérôme Cardan, un compte rendu d’un article de la revue "Gibecière" (hiver 2005) de Bill Kalush sur la première description
connue d’un chapelet par Vanni Bossi et sur les méthodes qui s’ensuivirent (« On
the Prearrangement and Mnemonic Use of a Deck of Cards »)
Je cite Fanch Guillemin :
« On peut penser
que Cardan présenta vraiment plusieurs de ces tours, car il était particulièrement
réputé comme « faiseur de miracles ». Sa description détaillée d'un
petit navire lesté d'un clou en fer, flottant sur l'eau d'une cuvette de bois
placée sur une table, et dirigé secrètement par un aimant fixé sur une baguette
mobile sous la dite table, précède de deux siècles « Le canard magnétique »
de l'abbé Nollet et de Rousseau.
Et Cardan terminait son
explication en déclarant que la barque miniature semble dirigée magiquement par
la figurine de femme qui s'y trouve : « non sans grande admiration des
assistants... », ce qui est bien le langage d'un opérateur.
Les premiers tours de cartes.
D'autre part, Cardan
est sans doute le premier à avoir dévoilé des trucs de cartes pour des effets
de magie simulée.
Dans son livre De la subtilité, il se contente de noter
la possibilité de marquer secrètement du doigt une carte choisie pour la
repérer ensuite. Il indique qu'on peut également la placer sous une autre carte
connue, et signale l'existence de procédés mathématiques pour la retrouver
après plusieurs coupes du jeu.
Dans son autre ouvrage Liber de ludo aleae — le livre des jeux
de hasard — non encore traduit du latin, il fait mention des méthodes utilisées
par les tricheurs : cartes marquées, au couteau, par coloration, cartes
rugueuses ou glissantes, marquages aux coins et sur les tranches à l'aide d'une
lime, bagues, miroirs, séquences, codes, collusion.
Francisco Soma.
Mais les manipulations
difficiles des spécialistes échappaient à Cardan qui le reconnaissait
volontiers dans un passage de son livre De
la subtilité.
A la suite de son
évocation du magicien espagnol Damnatus, il y racontait avoir vu opérer un
Napolitain d'une vingtaine d'années, nommé Francisco Soma, aussi habile à la
lyre qu'avec des cartes.
« Celui-ci étala
son jeu en ruban, fit tirer une carte par un spectateur, lui demanda de la mémoriser,
et de la remettre dans le paquet qu'il mélangea avant de la retrouver.
Puis il fit prendre une
carte successivement à plusieurs personnes, de manière différente à chaque fois
; et c'était toujours la même qui était choisie.
Quelqu'un lui demandant
si les cartes étaient disposées dans un certain ordre, Francisco Soma lui
rétorqua : « Vous avez vous-même mélangé le paquet en détruisant mon
arrangement, et cela ne vous a pas empêché de tirer encore la même carte. »
Cardan déclarait avoir
pensé un moment qu'il avait plusieurs cartes semblables dissimulées dans la
main, mais avouait s'être trompé après avoir vérifié qu'elles étaient toutes
différentes, et n'avoir pas compris ce tour, ni les autres qui suivirent... »
Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.
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