mercredi 1 novembre 2017

Aperçu de La Qabale.




Un livre d'Israel Regardie sur la "Golden Dawn"

Pour l’étude de la Qabale, je conseillerais plusieurs livres, un ouvrage d’initiation chez De Vecchi La Kabbale, les mystères des grands textes enfin révélés par Samuel Gabirol, le très classique mais très intéressant La Kabbale et sa symbolique de Gershom G. Scholem dans la « petite bibliothèque Payot », le compendium de Guy Casaril aux éditions du Seuil dans la collection « Microcosme maîtres spirituels », Rabbi Siméon Bar Yochaï et la Cabbale, la très belle œuvre de François Secret Les Kabbalistes Chrétiens de la Renaissance (éditions Archè) et enfin la somme considérable de Virya (Georges Lahy) Dictionnaire encyclopédique de la Kabbale aux éditions Lahy (577 pages). 

J’ai souligné dans l’ouvrage que j’ai consacré à l’écrivain argentin Jorge Luis Borges  (p. 83-84) que les allusions à la Qabale sont nombreuses au sein de son œuvre, dans le recueil Discussion « Une défense de la cabale », dans la nouvelle « L’approche d’Almotasim » : « En toute humilité, je puis moi-même signaler un possible et lointain précurseur : le cabaliste de Jérusalem Isaac Luria.», dans Sept nuits (« La Kabbale »), etc. 


Le terme Qabale provient de l'hébreu Qabala (QBL) que l'on traduit généralement par Tradition, dans le sens où ce mot désigne une doctrine qui se transmit oralement de génération en génération. Il semble que ce mot fut d'abord utilisé dans l'enseignement de la Torah, le Pentateuque. Il s'appliqua ensuite à l'interprétation de tout un système philosophique et mystique qui engloba une cosmogonie, une théogonie, un système de création et d'angélologie.

La Qabale suscita la diffusion d'écrits dont une grande partie remonte au Moyen-Age, certains textes provenant également des gnostiques des premiers siècles. Une grande partie de cette littérature fut écrite en hébreu et en araméen. Au cours de l'explosion du courant mystique du XVIII' siècle (surtout en Europe centrale et en Pologne pour la Qabale), cette littérature se répandit, fut réinterprétée, republiée. Ces textes sont souvent disponibles en langue française, dont les deux principaux, le Zohar et le Sepher Yetzirah.

Peu à peu, n'étant plus enserré par les cadres rigides du judaïsme, cet enseignement recueillit et intégra des traditions égyptiennes, babyloniennes, syriennes, gnostiques, grecques et arabes ; nous verrons au Moyen-âge des livres touffus et énormes véhiculer une masse de documents, de textes, d'écritures d'origines diverses et fort mélangées. Ce sera le corps de cette Qabale qui formera la base de la science magique de la Renaissance et de l'Occident contemporain.

Le sujet de la Qabale est si vaste que, pour en comprendre les composantes, il est bon de les répartir en quatre parties spécifiques.

1) Qabale doctrinale : Les exposés théologiques et mystiques en forment l'essentiel. La Qabale juive traditionnelle expose ses points de vue sur le monde, sur Dieu, sur l'homme, etc. Cet ensemble doctrinal ne présente ni plus ni moins d'intérêt que d'autres du même type.

2) Qabale exégétique : Elle repose sur une Interprétation des textes bibliques par l'application de techniques particulières. En hébreu (comme en latin où « 10 » s'écrit avec la lettre « X »), il n'existe pas de sigles particuliers pour écrire les nombres. Aleph, première lettre de l'alphabet, signifie aussi « 1 ». Aux autres lettres correspondent d'autres valeurs. La transposition numérique de certains passages de la Torah (les cinq premiers livres de la Bible) permet des rapprochements entre des mots et des textes que rien ne reliait au premier abord, mais qui s'éclairent les uns les autres.

3) Qabale comparative : En utilisant quelques diagrammes-clefs (dont l'Arbre de Vie est le principal) comme une structure d'étude ou un système de classification, il est possible de comprendre plus profondément n'importe quel système de pensée, qu'il ait ou pas un rapport avec les cultures juive et chrétienne.

4) Qabale pratique : La Qabale pratique est aux trois catégories précédentes ce que la réalisation est à l'élaboration. Si ces dernières familiarisent l'étudiant avec cette somme métaphysique qu'elles constituent, c'est intellectuellement seulement. Il est nécessaire d'être instruit de la partie théorique de la Qabale avant de s'attaquer aux opérations de la Qabale pratique. Les amateurs de lectures et de thèses qabalistiques qui reculent devant l'application de leur doctrine se privent délibérément du fruit de leur travail.

Telle qu'elle est appliquée depuis le XIX ème siècle, la Qabale pratique repose en grande partie sur l'Arbre de Vie dont le sommet est considéré comme la première expression de la divinité. L'idée centrale est celle de la Voie du retour, de la Réintégration, vers le sommet de l'Arbre dont nous nous sommes éloignés. Les interprétations modernes des procédures et de la méthodologie à utiliser pour atteindre cet objectif diffèrent de celles proposées par les religions traditionnelles (y compris le judaïsme).

Les érudits chrétiens de la Renaissance qui avaient redécouvert les écrits hermétiques tentèrent de les concilier avec l'Ancien comme avec le Nouveau Testament en ayant recours à la Qabale, qu'ils expurgèrent de ce qu'ils considéraient comme des éléments païens. Une telle adaptation fut encouragée par les ressemblances rapprochant la doctrine qabalistique des émanations du divin — dont la relation est généralement représentée parle glyphe connu sous le nom « Arbre de Vie » — et certains aspects des théories avancées par des mystiques chrétiens influencés par Platon, tels Denys l'Aréopagite.

Aux XVIII ème et XIX ème siècles, surgiront de fructueux courants de magie opérative, généralement issus des milieux maçonniques, certains se référant directement à une réinterprétation du judaïsme et du christianisme (Martinez de Pasqually), d'autres adoptant une attitude plus conforme aux traditions hermétiques et néoplatoniciennes (la Golden Dawn). Martinez de Pasqually et la Golden Dawn ne sont que deux exemples parmi d'autres. Ils présentent la particularité d'avoir insufflé un renouveau d'une ampleur considérable.

Schématiquement, il existe aujourd'hui une Qabale « traditionnelle »  considérée comme mystique et contemplative et une Qabale « moderne » à vocation magique. La distinction n'est pas absolue. 

Le glyphe fondamental qu'est l'Arbre de Vie et certains textes sont communs aux deux aspects. Cependant, les divergences s'accrurent avec le temps et sont maintenant très marquées du fait des qabalistes chrétiens de la Renaissance, puis de ces mouvements d'origine maçonnique (Rose+Croix d'Or, Societas Rosicruciana ln Anglia) qui privilégièrent l'Arbre de Vie sur lequel ils calquèrent leurs grades, de sa réinterprétation magique par la Golden Dawn et des développements effectués par les membres de cet Ordre ou leurs disciples (Dion Fortune, Aleister Crowley, Israel Regardie, William Gray, Gareth Knight).


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

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