lundi 25 juin 2018

Compte rendu du livre « Le moi, la faim et l’agressivité » de Fritz Perls (première partie).




Le cycle du contact en Gestalt-thérapie.


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois passionnant, précis et déterminant sur les débuts de la Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Le moi, la faim et l’agressivité »   de Fritz Perls.

Cet article est la suite de celui-ci.

Voici le résumé de ce livre.

1) Introduction

Pour le lecteur d'aujourd'hui, Le Moi la Faim et l'Agressivité constituent en quelque sorte la transition entre 1a psychanalyse orthodoxe et la « Gestalt ». Mais quantité d'idées exprimées dans cet ouvrage sont encore — plus de vingt ans après sa première édition — ignorées de la psychiatrie moderne.

Si l'on accepte désormais les concepts de la réalité hic et nunc de l'organisme considéré comme un tout et de la prédominance absolue du besoin le plus urgent, en revanche l'on comprend encore assez difficilement ce que signifie l'agressivité en tant que force biologique, la relation entre agressivité et assimilation, la nature symbolique du Moi, l'attitude phobique dans la névrose et l'unité organisme-environnement.

La dernière décennie a vu reconnaître la théorie de la conscience, mise en pratique par les trainings sensitifs et les groupes de training. On a également accepté la validité de l'expression spontanée non verbale (mouvements des mains et des yeux, postures, voix, etc.). Dans le contexte thérapeutique, on passe peu à peu de la pratique du divan, phobique (encore que prétendue objective), à la rencontre entre un thérapeute humain et un autre humain, qui n'est plus un « cas »,

C'est là un début prometteur, mais il reste encore beaucoup à faire. La majorité des thérapeutes et de leurs patients ne s'est pas encore rendu compte qu'il faut probablement renoncer aux thérapies individuelles et aux thérapies de longue durée, Bien sûr, on voit se développer les groupes et les ateliers, mais souvent davantage pour des raisons de facilité économique que d'efficacité. Il faudrait cependant que la séance individuelle constitue plutôt l'exception que la règle. Sans doute ces quelques phrases paraissent-elles aussi hérétiques que la proposition que j'ai émise voici quelque temps : s'occuper du comportement dans l'abstrait et en dehors des référents de temps et d'espace actuels constitue une perte de temps pure et simple. Depuis les gigantesques découvertes de Freud, la psychanalyse a lait des progrès considérables. Citons notamment : l'accent mis par Sullivan sur le respect de soi (ou l'amour-propre); le concept des jeux de Berne; celui de Roger sur le feed-back et plus particulièrement la mise à jour par Reich de la psychologie des résistances. Le passage de la symptomatique à la caractérologie, puis à la thérapie existentielle, et enfin à la psychologie humaniste, est des plus prometteurs.

Depuis l'époque où je rédigeais le manuscrit de la Gestalttherapie, j'ai formulé de nouvelles idées. J'ai surtout réussi à briser le sentiment d'impasse et de statu quo auquel se heurte en général la thérapie. Sans projet approprié, le thérapeute est perdu d'avance. Rien n'empêchera le patient de contrebalancer les efforts du praticien, ni l'emploi des meilleures techniques, pas plus que le recours aux concepts les plus ingénieux, Dès lors, la thérapie se fige et rien ne peut vraiment aller à son terme.

Le Moi, la Faim et l'Agressivité faciliteront les choses dans la perspective que j'ai évoquée. Et, ne l'oublions pas, toute perspective se fonde sur des polarités et l'attraction d'un centre, d'où l'importance du premier chapitre malgré sa difficulté de lecture. Ici, comme dans le reste du livre, une part importante du matériel historique est aujourd'hui démodée, mais la signification de l'agression mal placée demeure aussi valable qu'autrefois. Le transfert de l'agression, de la destruction des villes et des êtres à l'assimilation et à la croissance... puisse-t-il se réaliser... Mais c'est bien improbable.


2) But de cet ouvrage

La psychanalyse résulte essentiellement de l'observation des faits de la vie mentale : c'est pour cette raison que sa superstructure demeure incomplète et sujette à des modifications constantes.

Sigmund Freud

Cet ouvrage se propose d'étudier quelques-unes des réactions psychologiques et psychopathologiques de l'homme dans son environnement.

Il s'articule autour de la théorie selon laquelle l'organisme lutte pour maintenir son équilibre, continuellement troublé par ses besoins et retrouvé par leur élimination ou leur satisfaction.

Les difficultés qui opposent l'individu à la société se traduiront soit par la délinquance, soit par la névrose. Cette dernière se manifeste par diverses formes de refus, et notamment le refus du contact.

Les relations entre l'individu et la société d'une part, et les divers groupes sociaux de l'autre, demeurent incompréhensibles si on ne tient pas compte du problème de l'agression.

Au cours de cette guerre, aucun mot n'a été plus employé que celui d'« agressivité ». Quantité d'ouvrages publiés condamnent, certes, ce phénomène, mais proposent en outre de lui trouver un remède. Cela posé, personne n'a suffisamment explicité l'analyse ou le sens même de l'agressivité. Rauschning, lui-même, n'arrive guère à dépasser le fondement biologique du phénomène. Et, par ailleurs, les solutions proposées relèvent toutes des mêmes vieux « trucs », aussi répressifs qu'inefficaces : l'idéalisme et la religion.

Nous n'avons rien appris sur la dynamique de l'agressivité, Et cela malgré l'avertissement de Freud les énergies réprimées, ou refoulées, loin de disparaître, deviennent encore plus dangereuses et plus efficaces si elles agissent hors du champ de la conscience.
Lorsque je nie suis intéressé à la nature de l'agressivité, je me suis peu à peu, et de plus en plus, aperçu que l'agressivité n'était pas une énergie en soi, mais qu'il s'agissait seulement d'une fonction biologique qui s'est, de nos jours, transformée en instrument de folie collective

Si, grâce à l'usage de nouveaux outils intellectuels, l'holisme (conception du champ) et la sémantique (signification du sens), nous avons considérablement amélioré notre approche théorique, je crains fort de ne pouvoir offrir de remède pratique à l'agression collective.

Au lieu d'étudier la névrose et l'agression d'un point de vue purement psychologique, nous le faisons par le biais de. l'holisme et de la sémantique, ce qui révèle au passage un certain nombre de « trous » dans la méthode psychologique la plus fouillée, à savoir la psychanalyse.

Cette dernière met l'accent sur l’inconscient et l'instinct sexuel, sur le passé et la causalité, sur les associations, le transfert et les refoulements, niais elle sous-estime, et néglige parfois, l'importance du Moi, de la faim en tant qu'instinct, de l'instant, du vouloir immédiat, de la concentration, des réactions spontanées et de la réflexion.

Une fois ces a trous » comblés, et après avoir examiné des concepts psychanalytiques aussi douteux que ceux de libido, instinct de mort, etc., nous élargirons dans la deuxième partie notre nouveau concept, en l'étendant à l'assimilation mentale et au caractère paranoïde.

La troisième partie se propose de fournir des conseils détaillés pour une technique thérapeutique élaborée à partir de cette nouvelle approche théorique. Étant donné que l'«évitement» est censé être le symptôme central de tous les troubles nerveux, j'ai substitué à la méthode des associations libres l'antidote « évitement-concentration. »

Voilà. C’est tout pour le moment comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.


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