vendredi 24 avril 2020

Compte rendu de l’ouvrage « Conférences de Philippe Marlin aux rencontres de Berder de 2014 à 2018 » (troisième partie) (Brève présentation d’un néo-berderien).






  
Les éditions de l’œil du sphinx.



C’est un livre que j’ai trouvé passionnant et instructif : Conférences de Philippe Marlin aux rencontres de Berder de 2014 à 2018 aux éditions de l’Œil du Sphinx .

J’ai rencontré Philippe Marlin en l’an 1999. Il avait créé déjà depuis l’année 1989 l’association l’Œil du sphinx consacrée entre autres à l’écrivain américain de littérature fantastique Howard Phillips Lovecraft, et moi je venais de traduire deux romans d’un épigone allemand de cet auteur, Wolfgang Hohlbein, intitulés Le mage de Salem  et L’héritage de la nuit. J’ai donc adhéré à son association.

C’était l’époque des publications d’amateurs (fanzines), et toute une série de titres sortirent des presses d’origine de l’association : Dragon & Microchips (Science-Fiction, Fantastique), Murmures d’Irem  (Ésotérisme),  Rôle’ and’ Rêve  (Jeu de Rôle). Le succès rencontré (62 volumes publiés) amena les fondateurs en 2000 à doubler l’association d’une véritable structure commerciale, sous forme de SARL, Les Editions de l’Œil du Sphinx. L’entreprise multiplie désormais les incursions dans de nombreux domaines, mystères de l’histoire, fortéanisme et cryptozoologie, ufologie et parapsychologie tout en continuant à rendre hommage à H.P. Lovecraft.

Conférences de Philippe Marlin aux rencontres de Berder de 2014 à 2018 est la transcription des 8 conférences que Philippe Marlin a données aux Rencontres de Berder organisées depuis juin 2008, au départ sur l’Ile de Berder dans le Morbihan. Les Rencontres de Berder ont été créées après la disparition de l’écrivain ésotériste Jean-Charles Pichon (qui était aussi dramaturge, poète, scénariste, philosophe, et mathématicien), laissant une œuvre considérable sur l’histoire de notre temps, à la fois métaphysique et philosophique. Elles sont organisées par l’association des Portes de Thélème (label «  Le Collège des Temps »). .

Ces rencontres réunissent autour de conférences, des universitaires, des musiciens, des physiciens, des poètes, des peintres, des éditeurs, des scientifiques et des créateurs ; ils confrontent leur vision de l’avenir de notre société, voire de notre civilisation, quels que soient leurs appartenances ou leurs parcours.


Voici un extrait d’une des conférences de Philippe Marlin, Brève présentation d’un néo-berderien :



« L’ŒIL DU SPHINX ET LES TERRES DE L’AILLEURS

Notre association travaille sur les "Terres de l’Ailleurs" d’une double façon. Elle cherche à explorer le domaine des parasciences (ufologie, parapsychologie, cryptozoologie, histoire mystérieuse, mythes et légendes, ésotérisme) dans un esprit fortéen, c’est-à-dire sans croyance béate, mais sans scepticisme exacerbé. 

Elle a aussi pour but la promotion des littératures de l’Imaginaire (Science-Fiction, Fantastique...) et, de façon corollaire, de toutes les formes d’art se rapportant à ce genre. Dans sa démarche, l’association cherche tout particulièrement à encourager les nouveaux créateurs et à leur offrir de premiers débouchés. Elle cherche également à ressusciter des auteurs talentueux injustement oubliés ou des littératures méconnues. Pour ce faire, elle anime diverses publications. Elle organise parallèlement des colloques, conférences, voyages, rencontres avec le monde de l’édition.

L’ODS a pris le statut d’association en 1995; mais elle existe de fait depuis 1989, soit depuis 25 ans. Nous avions du reste fêté dignement, en octobre 2009 à Paris, le « passage de la double décade », un anniversaire important dans la mesure où il a témoigné, au travers de la durée, de la solidité de notre démarche.


L’ODS est en fait un bouillon de culture regroupant tous les passionnés des Terres de l’Ailleurs qui cherchent à faire partager leur sensibilité; les anciens (le plus âgé qui n’est autre que Claude Seignolle, décédé en 2019) épaulent les plus jeunes, les talents se complètent (écriture, dessin, photo et nouvelles technologies), les frontières se dissolvent (fantastique, science-fiction, poésie, jeu de rôle, ufologie, sciences, ésotérisme...), les nationalités se mélangent (français, belges, suisses, américains, canadiens, australiens, roumains, anglais...) et les projets explosent... 

Nous sommes aujourd’hui, pour être précis, une bonne centaine de membres actifs.

Nous organisons de surcroît des rencontres régulières et de nombreux événements : participation à des conventions, visite de sites inspirés (Gisors et les Templiers, les Carpates et Dracula, le Providence de Lovecraft, Cracovie et la Kabbale, Prague et le Golem, le Loch Ness et son monstre, Rennes-le-Château et l’abbé Saunière, etc.), réception d’un écrivain (Philippe Curval, Jean Robin...), participation à un atelier d’alchimie, soirées cinéma ou vidéo, etc. Nous intervenons régulièrement à la radio (Radio Libertaire, Radio Enghien, France Culture, Ici & Maintenant, Bob...) sur de nombreux thèmes ayant trait à nos auteurs favoris (Lovecraft, Bergier, Limat, Moselli...) ou à nos sites de prédilection (Glozel et les écritures, Rennes-le-Château, Stenay et les Mérovingiens...).



L’ODS, UNE MAISON D’ÉDITION

Nous fonctionnions, à l’origine, par le biais de publications dites de « small press», avec des tirages de l’ordre de 200 exemplaires qui s’organisaient autour de nombreuses séries dont les deux majeures étaient:

           Dragon & Microchips (fantastique, SF).

           Murmures d’Irem (mythes et légendes, tradition et ésotérisme).

Nous avons créé, il y a 15 ans maintenant, une structure parallèle, Les Éditions de L’œil du Sphinx, une SARL au capital de 15245 €. L’idée était ici de réunir suffisamment de capitaux pour assurer un débouché de qualité aux meilleurs de nos talents. 

Nous travaillons à notre rythme, celui d’amateurs éclairés. Nous avons ainsi publié plus de 200 ouvrages, de la poésie (Fantasmique et Faërie de notre benjamine Julie Proust Tanguy), des anthologies de nouvelles (Science-Fiction, Fantastique décadent, lovecratiana), une étude sur la magie (L’Art Obscur de Jean-Luc Colnot), de nombreuses études sur les grands maîtres de l’Imaginaire (Bergier, Seignolle, Verne, Limat, Lovecraft & Jean Ray, Robert Howard, Clark Ashton Smith, Sherlock Holmes, Moselli, Richard Bessière). Une collection, "Serpent Rouge", est dédiée aux mystères de Rennes-le-Château. Une autre, "la Bibliothèque Heuvelmansienne", est consacrée aux travaux de père de la cryptozoologie. De nombreuses revues complètent notre catalogue : La Gazette Fortéenne (étude des phénomènes étranges), Historia Occultae (ésotérisme et occultisme), Wendigo (littérature fantastique).

La dernière pièce à l’édifice, qui explique en grande partie ma présence à votre honorable assemblée, sera début 2014 la reprise de la marque Édite, suite à la liquidation de cette dernière maison d’édition. Je connais depuis longtemps Jean-Christophe Pichon, qui était sur un chemin parallèle au nôtre. Nous avons décidé de conjuguer nos talents, et l’ODS conservera un certain nombre de titres de sa société, tout en poursuivant divers projets qui étaient en cours. D’ores et déjà (juin 2014), nous avons publié 6 ouvrages sous nos deux logos, dont Le petit métaphysicien illustré de Jean-Charles Pichon.

Après cette présentation un peu bavarde, je voudrais vous parler de quelques-unes de mes passions. Je choisirai aujourd’hui un écrivain, une discipline et un lieu.



UN EVEILLEUR, JACQUES BERGIER


Comment rendre compte d’une personnalité aussi complexe que celle de Jacques Bergier, le corédacteur du Matin des Magiciens? Car s’il n’est pas une légende, ainsi qu’il le précisait lui-même par le titre de ses mémoires, il n’en reste pas moins une personnalité improbable, ayant jonglé entre la résistance et l’espionnage, les camps de concentration et l’ésotérisme du IIIe Reich, les civilisations disparues et la recherche scientifique, l’Alchimie et la physique nucléaire, la Science-Fiction et le Fortéanisme... Le tout sur fond d’une étourdissante boulimie intellectuelle.

Il est difficile de dresser « l’héritage Bergier », tant est foisonnant son éclectisme créatif. Chacun peut en fait y trouver sa part, en fonction de ses propres centres d’intérêt.

Je retiendrai pour ce qui me concerne sa contribution significative à la diffusion des grands auteurs de l’Imaginaire. Avec bien sûr Lovecraft, « ce grand génie venu d’ailleurs », qu’il a contribué à faire connaître au public français par le biais d’un article de légende paru dans le premier numéro de Planète. Mais je citerai également, avec une certaine tendresse toute personnelle, son ouvrage Admirations, paru pour la première fois en 1970 chez Christian Bourgois. Un ouvrage qui n’avait à l’époque guère été remarqué, alors qu’il présentait aux lecteurs un certain nombre d’écrivains de «l’Ailleurs» alors totalement méconnus (John Buchan, Abraham Merritt, Arthur Machen, Robert E. Howard...). Il en était plus particulièrement pour moi de Tolkien, dont le Lord of the Rings était présenté comme un texte écrit dans un contexte totalement non humain. Je travaillais à Dunkerque à l’époque et je me suis précipité à la gare des ferries pour traverser le Chanel et acquérir cet ouvrage mystérieux. Lorsque j’ai demandé, trente ans plus tard, à Christian Bourgois les droits pour republier à l’Œil du Sphinx cet ouvrage oublié de Bergier, il m’a dit: « Je vous les donne bien volontiers, Bergier m’a fait suffisamment gagner ma vie... ». Et de fait, c’est Christian Bourgois qui éditera la version française de l’œuvre maîtresse de Tolkien, Le Seigneur des Anneaux !

Autre pièce maîtresse à verser à l’actif de cet héritage, l’apport incontestable de Jacques Bergier au Fortéanisme. Il n’est pas inutile de rappeler ici que c’est grâce à Jacques Bergier que fut publié pour la première fois en France l’ouvrage fondateur de Charles Fort, Le Livre des Damnés (1955). Le Fortéanisme, pour reprendre la définition de Jean-Luc Rivera, Directeur de La Gazette Fortéenne, «englobe un grand nombre de domaines différents qui vont de l’ufologie à la cryptozoologie, en passant par la parapsychologie, l’occultisme, les conspirations, le folklore, la mythologie, les sciences et cosmologies alternatives, les théories archéologiques sur les civilisations disparues ou inconnues, etc. La liste est sans fin, car les centres d’intérêt des fortéens sont aussi variés que divers. Leur caractéristique principale est de ne pas être enfermés dans un domaine particulier et d’être ouverts à toutes les idées, y compris les plus excentriques.» Une définition qui se fait l’écho de la bibliographie de notre sympathique «savant fou», où on retrouve les pouvoirs inconnus de l’homme, les extraterrestres dans l’histoire, les livres maudits ou les maîtres secrets du temps.

Jacques Bergier a su nous faire rêver et a suscité derrière lui toute une génération de chercheurs parallèles qui ont poursuivi ses impertinences scientifiques dans des collections de légende qu’il a fortement marquées de son empreinte (J’Ai Lu l’Aventure Mystérieuse, les Chemins de l’Impossible, etc.). »


  
Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.




  



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