mardi 27 septembre 2016

Comptes rendus croisés de « Derrière la Magie, la Programmation Neuro Linguistique » d’Alain Cayrol et Josiane de Saint Paul et de « Le chemin le moins fréquenté » de Scott Peck : « La carte ne fait pas le territoire. »




Mircea Eliade a été un des plus grands historiens et comparatistes des religions



Pourquoi faire un compte rendu croisé de ces deux livres ? Parce qu’ils parlent tous les deux d’un concept fondamental de A. Korzybski en science des systèmes : « La carte ne fait pas le territoire ». Richard Bandler, un des fondateurs de la Programmation Neuro Linguistique, disait que, s’il ne fallait garder qu’un seul principe de sa méthode, ce serait celui-là. Mais qu’est-ce qu’il signifie ? Il veut dire que nous ne sommes pas en contact direct avec le monde. Bien que le monde soit réel, nous n’opérons pas directement sur cette réalité. De celle-ci, chacun a son idée propre et comme l’enseigne le proverbe « chacun voit midi à sa porte ».

Cette construction du réel met en jeu 1) des processus neurologiques, 2) des limitations socio-génétiques, 3) Des limitations personnelles. Elle nous fournit une représentation, un modèle du monde qui va constituer le centre de notre univers vécu et nous permettre de nous orienter dans la vie. C’est ce modèle qui favorisera notre accomplissement et dictera nos limites. Car tout comme la carte n’est pas le territoire, l’idée que nous faisons du monde n’est pas le monde.

1) Les processus neurologiques.

Notre système nerveux ne perçoit qu’une partie de la réalité physique (limitation de notre vision, de notre audition). Il nous donne de fausses impressions par exemple en nous faisant croire que les rails des chemins de fer se rejoignent à l’horizon, bien que nous sachions en esprit qu’il n’en est rien.
La réalité du monde que nous percevons est déjà une création humaine : notre monde n’est pas celui de la mouche, du canari ou du chien.

2) Les limitations socio-génétiques.

Ce sont les catégories de pensée auxquelles nous sommes soumis en tant que membres d’une communauté culturelle donnée. Celle des esquimaux par exemple est différente de notre communauté européenne. Le vaste groupe auquel nous appartenons exerce sur nous des influences modélantes évidentes sur nos attitudes, nos conceptions de la vie et du monde et même sur nos certitudes existentielles profondes.
Mais ces présupposés sont la plupart du temps hors de notre conscience et la réalité, telle qu’elle nous apparaît, semble aller de soi.
C’est pour cela qu’il est bon de voyager physiquement et en esprit (par exemple comparer nos religions à celles du continent asiatique dans le Dictionnaire des religions par Mircea Eliade et Peter Couliano) et d’apprendre d’autres langues. Le langage est sans doute la plus grande de nos influences structurantes. Les esquimaux possèdent une trentaine de termes pour nommer les variétés de neige, là où nous n’en avons que très peu, et ils sont capables de percevoir ces trente variétés, pas nous. Cela signifie donc qu’ils voient le monde d’une façon différente de la nôtre, ils en ont une carte différente.

3) Les limitations personnelles

La troisième série de limitations en fonction desquelles notre expérience du monde diffère du monde lui-même est d’ordre personnel.
L’histoire de la vie d’un individu est unique. Le milieu dans lequel il a vécu, l’influence qu’ont exercée sur lui ses parents et les figures d’autorité qui étaient ou sont encore importantes à ses yeux (professeurs dans la jeunesse ou prêtres, directeurs quand il est adulte), les traumatismes aussi bien que les routines quotidiennes, les mille et une péripéties de la vie ont façonné sa vision de la réalité de façon caractéristique.
Cette troisième série de limitations est particulière à chaque individu. C’est d’elles que proviennent les différences les plus notables entre les êtres humains.

En fonction de ces trois limitations, chacun de nous construit une carte différente de la réalité mais cette carte n’est pas la réalité.

Pour constituer cette carte, nous disposons de trois facultés humaines de modélisation (fabrication de modèles) : la généralisation, la sélection et la distorsion. Celles-ci nous servent de guides dans la vie lorsque nous les utilisons pour fabriquer des cartes exactes. Bien que les cartes ne soient pas les territoires qu’elles représentent, si celles-ci sont correctes, elles possèdent une structure similaire à celle du territoire qui les rendent bien utiles.  Mais ces cartes peuvent aussi agir comme autant de limites dès lors que nous les employons pour appauvrir notre expérience du monde.

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. Je parlerai des trois modélisations, la généralisation, la sélection et la distorsion dans un prochain article.

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