lundi 6 novembre 2017

L’Aleph, l’En-Sof (Le Sans limites).


L'Aleph.


Cet article est la suite de celui-ci. Je rappelle que j'ai rédigé un petit ouvrage sur l'écrivain argentin Jorge Luis Borges qui était passionné par la Qabale et qui a écrit un recueil de contes qui s’appelle L'Aleph

L’Aleph est la première lettre de l’alphabet hébreu. Elle est la lettre du commencement, celle de la lumière intellectuelle. Eliphas Levi dit à ce sujet : « Qu'est-ce que la lumière intellectuelle? C'est la parole. » Je dirais, cela paraît plus précis, que la lumière intellectuelle est le Verbe créateur. Et j’ajouterais que dans l'œuvre de la création (divine ou humaine), l'être est le principe, le Verbe est le moyen, la plénitude, c'est la fin. Cela veut dire que toute création a pour but de prendre un être (principe) et de le perfectionner (fin). Le sculpteur prend une pierre informe (être principe), la travaille, en fait une œuvre d’art (la fin). Ce travail, c'est l'intrusion du Verbe dans la matière. Il en va de la sorte pour ce qui concerne notre sculpteur, il en alla ainsi pour ce qui fut de la création du monde, il en est ainsi pour tout ce qui est sur terre. Pour évoluer, pour réussir dans la vie, pour se perfectionner moralement, etc. Le premier travail des initiés est de comprendre cette loi. De s'en imprégner de l’intérieur.

Le mage est ce que les kabbalistes appellent le « micro-proscope » c'est-à-dire le créateur du petit monde. L'homme ne devient le roi des animaux qu'en les domptant et en les apprivoisant ; autrement il en serait lui-même l'esclave. Les animaux sont les figures de nos passions. Ce sont les forces instinctives du corps, celles qui tissent la « guenille de chair » comme disaient les cathares, celles qui emprisonnent la pure lumière en quête de laquelle nous sommes. Pour commencer à devenir magiquement efficace, il faudra se débarrasser de tout ce qui nous maintient en léthargie. Et pour ce faire, il faudra vaincre et enchaîner nos passions. Comment cela? En sachant au moins deux choses :

1) Il existe une vraie et une fausse science, une magie divine et une autre magie véritablement infernale. Elles se reconnaissent à l'odeur pour peu qu'on en ait l'habitude. « Le magicien, comme l'écrit Eliphas Levi, est le souverain pontife de la nature, le sorcier n'en est que le profanateur. Et pour parvenir à la puissance, quatre Impératifs doivent absolument être suivis : une intelligence que rien n'arrête (le kabbaliste n'est pas un anti-intellectuel, c'est au contraire un intellectuel créateur et fier de l'être), une grande audace (le courage, inutile de le préciser, est indispensable), une volonté que rien ne brise (il faut prendre garde à ne point céder au découragement) et une discrétion à toute épreuve. Savoir, oser, vouloir, être discret, tels sont les quatre verbes symboliques du mage.

2) Au moyen de la véritable science, l'adepte possède une toute-puissance qui lui permet d'agir de manière surhumaine. D'une manière qui dépasse la portée commune des hommes. On pourrait citer à cette occasion : Hermès Trismégiste d'Egypte, Moïse, le Christ,  Merlin l'enchanteur chez les Gaulois et bien d'autres beaucoup moins célèbres, mais dont l'action fut réelle. On pourrait encore citer une infinité d'obscurs, car si secrète soit la Kabbale, elle s'ouvre à qui elle veut. Ne dit-on pas de l'esprit qu'il souffle où il désire ? (« Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit. » Evangile de Jean 3 : 8). Chacun, pour peu qu'il le désire, peut forcer les portes du mystère.

Sur le chemin de l'étude initiatique et de la Kabbale dans laquelle le lecteur de ce blog  est en train de pénétrer tout doucement et progressivement, il ne faut pas s'engager avec témérité; mais une fois en marche, il faut arriver au but ou périr. Douter revient à sombrer dans la folie. S'arrêter, c'est tomber dans un gouffre. C'est commencer à errer dans les ténèbres. Ceux qui ne s'en sentent pas la force doivent absolument s’arrêter là ; aux autres, nous conseillons de laisser décanter ce qu'ils ne comprennent pas encore. Tout finira par s'éclairer pour qui sait attendre.

Puisque l'Aleph est le principe, il fait allusion au premier principe de l'ésotérisme : « Tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. » Cela mérite maintenant d'être développé et signifie que la forme est proportionnelle à l'idée ou que l'ombre est la mesure du corps calculée dans sa relation au rayon lumineux. L'imagination d'une entité avec laquelle il est possible d'entrer en contact détermine la forme de l’enfant dans le sein de sa mère et fixe la destinée des hommes. Vous trouvez-vous en danger? Croyez-vous invulnérable, dit Paracelse, et vous le serez. La peur attire les coups et même les balles et le courage donne une force tout à fait mystérieuse.

Et puisque l'Aleph symbolise l'unité, il symbolise aussi le mouvement qui fait que les nombres se succèdent. Il emblématise également le principe essentiel de la magie que voici en peu de mots : le verbe se trouve dans une proportion exacte avec les choses que nos yeux physiques ne peuvent voir. Ou pour le dire plus simplement: le visible est la manifestation de l'invisible. Une fleur est la manifestation d'un parfum. Un animal la manifestation d'une force, etc.

L'Aleph d’autre part représente schématiquement un homme qui élève une main vers le ciel et abaisse l'autre vers la terre. C'est l'image du magicien qui agit ici-bas avec les puissances de là-haut. Cette lettre constitue à elle seule un pentacle. Cousue au revers du veston, elle est un porte-bonheur. Elle met l'individu au centre de courants cosmiques bénéfiques. C'est un caractère, un hiéroglyphe, exprimant, condensant, la science sacrée universelle.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

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