Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Echevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l’homme sombre arriva
Au bas d’une montagne en une grande plaine ;
Sa femme fatiguée et ses fils hors d’haleine
Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. »
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
Il vit un oeil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l’ombre fixement.
« Je suis trop près », dit-il avec un tremblement.
Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,
Et se remit à fuir sinistre dans l’espace.
Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
Sans repos, sans sommeil; il atteignit la grève
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
Jean-François Gérault
Prestidigitation, mentalisme.
mardi 26 août 2025
La conscience de Victor Hugo (première partie),
mercredi 20 août 2025
De qui sont ces vers libres ? (concours du mercredi 20 aout 2025).
O fortes étoiles sublimes
Et quel fruit entr'aperçu dans le noir abîme !
Je ne mourrai pas,
Je ne mourrai pas mais je suis immortel.
Car tout meurt mais, je crois, comme une lumière plus pure
Et comme ils font mort de la mort,
De son extermination je fais mon immortalité.
Ironie, le même titre de poème pour un grand et un petit poète.
José Maria de Heredia
Soleil couchant par José Maria de Heredia
Les ajoncs éclatants, parure du granit,
Dorent l’âpre sommet que le couchant allume ;
Au loin, brillante encor par sa barre d’écume,
La mer sans fin commence où la terre finit.
A mes pieds c’est la nuit, le silence. Le nid
Se tait, l’homme est rentré sous le chaume qui fume.
Seul, l’Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
A la vaste rumeur de l’Océan s’unit.
Alors, comme du fond d’un abîme, des traînes,
Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
De pâtres attardés ramenant le bétail.
L’horizon tout entier s’enveloppe dans l’ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d’or de son rouge éventail.
Soleil couchant par Jean-François Gérault
Le soleil se couche au lointain
Et j'aperçois d'étranges ombres
Ce sont celles des grands sapins
Qui dorment dans la forêt sombre.
Pauvre soleil, tu vas mourir.
Déjà s'éteint ta lumière.
Je te vois déjà t'assoupir,
Ressembler à un pauvre hère.
Et en cette nuit fatidique,
Tu veux mourir, mourir sans peur.
C'est un spectacle magnifique
Que ton agonie en couleurs
La mer immense semble éteindre
Ce grand et beau brasier ardent.
En voyant ta mort, à te craindre
Nous apprendrons, nous tes enfants.
vendredi 11 juillet 2025
dimanche 13 octobre 2024
Extrait de mon livre sur Roger Zelazny, "Roger Zelazny, le mythologue de la science-fiction américaine".
Réception
critique
1) Des débuts prometteurs
Zelazny
publie sa première nouvelle dans Amazing, Le Mystère de la passion,
en août 1962. Deux ans plus tard, une de ses nouvelles Une rose pour
l’ecclésiaste est nominée pour le prix Hugo. L’année 1965 est l’année des
premiers honneurs ; il est nominé au prix Nebula pour sa nouvelle Les
Autos sauvages et gagne le Nebula, catégorie novelette, pour Les Portes
de son visage, les lampes de sa bouche et catégorie novella pour Le
Façonneur. Il lui faut cependant attendre 1966 et la sortie de ses deux
premiers romans Le Maître des rêves et Toi l’immortel pour que
paraisse sur lui un article dans un fanzine, Cosign, écrit par Mike
Ashley. Celui-ci proclame Zelazny « plus grand talent de la
décennie » et résume sa carrière d’écrivain. Huit autres articles
paraissent la même année. Trois sont particulièrement importants : un de
John Bangsund, un autre d’Algis Budrys, le dernier de Ted White. John Bangsound
est le plus enthousiaste des trois et affirme dans l’Australian Science
Fiction Review que Toi l’immortel est une « superbe
création ». Cette année-là, Toi l’immortel gagne le prix Hugo,
catégorie roman, et trois nouvelles de Zelazny sont nominées pour différents
prix.
En
1967, à nouveau un article d’Algis Budrys dans Galaxy encense Zelazny
pour son recueil de nouvelles Une rose pour l’Ecclésiaste. Il affirme
que Zelazny est au début de son apogée et le compare aux plus grands auteurs.
Egalement, l’introduction de Theodore Sturgeon à ce recueil est
particulièrement importante ; Zelazny y est adoubé par un de ses pairs, un
auteur qu’il révère particulièrement et qui a été une de ses sources
d’inspiration. Le préfacier présente avec humour tout le bien qu’il pense de
Zelazny :
« Les
authentiques poètes en prose, ce n’est pas cela qui manque mais, bien souvent,
quand on fait appel pour les jauger aux critères du rythme et de la structure,
que de déboires ! Par ailleurs, nous avons indiscutablement eu de grands
conteurs dont les récits sont solidement architecturés, construits à chaux et à
sable, efficaces de la première à la dernière ligne. Seulement, et plus souvent
qu'a leur tour, leur style est une sorte de magma indigeste péniblement agencé.
Bien rare, hélas, sont ceux que j’appellerai des «experts ès personnages», des
écrivains possédant le don particulier de créer des héros mémorables, plus
réels, en quelque sorte, que des modèles bien photographiés... des êtres vivants qui changent comme change tout ce qui est vivant, pas
simplement pendant qu’on lit le livre, mais qui changent aussi dans le souvenir
du lecteur à mesure que celui-ci vit et change, qu'il devient capable d'ajouter
un peu de lui-même a ce que l'auteur lui a apporté. Mais, là
encore, les « experts ès personnages» ont tendance à
faire du don précieux qui est le leur une obsession (et à susciter de petites
chapelles de fanatiques qui en font autant) et à traiter par-dessus la jambe la
construction de l’œuvre et son contenu. Une comparaison me vient à l'esprit:
une pièce de théâtre bénéficiant d'une distribution admirable, adroitement
montée, mais dont on aurait omis d'écrire le scénario.
Peut-être
pensez-vous que je m'apprête à dire que Zelazny nous prodigue tous ces trésors
et évite toutes ces chausse-trapes, que rien, chez lui, ne manque à I'appel la
substance et la construction, la fin et les moyens, la texture, la cadence et
le rythme — Eh bien, vous avez tout à fait raison. »
C’est
aussi la période où Harlan Ellison publie Dangereuses visions, un
recueil à la gloire de la nouvelle science-fiction. Bien sûr, Zelazny est de la
partie et lui fournit sa nouvelle Auto-da-fe. Dans son introduction,
l’enthousiaste Harlan Ellison affirme que Zelazny est la réincarnation de
Geoffrey Chaucer.
Mais
des critiques se font jour également comme celle de Richard Delap dans le
fanzine Yandro qui considère le roman Seigneur de lumière comme
un « inepte fouillis ». Alexis A. Gilliland, dans The WSFA Journal,
écrit au sujet d’Une rose pour l’Ecclésiaste que Zelazny est devenu plus
compliqué, à la limite d’une écriture compréhensible.
Toutefois,
malgré ces quelques égratignures, l’accueil pour Seigneur de lumière et Une
rose pour l’ecclésiaste est dans l’ensemble très favorable et consacre
Zelazny comme un des nouveaux grands auteurs de science-fiction.
2) Un auteur
majeur
Par
la suite, les articles sur Zelazny sont si nombreux qu’il est impossible de
tous les citer. Mentionnons quand même en 1968 un article de Brian Stableford,
un des grands de la science-fiction dans le fanzine Speculation mais
aussi une étude de 11 pages par une autre vedette du genre, Samuel R. Delany,
« Faust and Archimedes » qui fait le parallèle entre Zelazny et un
autre auteur Thomas. M Disch. Il compare Zelazny aux meilleurs écrivains de
littérature générale et le relie au symbolisme, à ce qu’il appelle le
« symbolisme intensif ». La caractéristique de ce mouvement est
« d’intensifier la perception immédiate de l’existence grâce à une langue
vive et concentrée ». Il considère les premiers romans de Zelazny comme
« les plus élégants exemples de symbolisme intensif dans la prose
américaine ».
De
même, il est impossible à partir de ce moment de citer toutes les nominations
de Zelazny à différents prix puisqu’il sera nominé tous les ans pour le Hugo et
le Nebula jusqu’à sa mort en 1994 (à l’exception de cinq années 1970, 1978,
1989, 1991, 1992), soit presque trente ans de nominations presque constantes.
Citons les prix les plus importants qu’il reçut par la suite : prix Hugo,
catégorie roman pour Seigneur de lumière en 1968, prix Nebula, catégorie
novella, en 1975, et prix Hugo, catégorie novella, en 1976 pour Le Retour du
bourreau, prix Hugo, catégorie novella, en 1982 pour Les licornes sont
contagieuses, prix Hugo, catégorie novella, en 1986 pour Twenty-four views
of Mont Fuji, by Hokusaï, prix Hugo, catégorie novelette en 1987 pour Permafrost.
Si
l’on fait un décompte rapide, on s’aperçoit que Zelazny a gagné six fois un
prix Hugo, trois fois un prix Nebula, qu’il a été nominé treize fois pour un
Hugo et seize fois pour un Nebula.
L’étape
suivante dans la consécration de Zelazny fut le mémoire de maîtrise de Thomas
Frances Monteleone à l’Université de Maryland en 1973 « Science Fiction as
Literature : Selected Stories and Novels of Roger Zelazny » . Le
titre est signifiant : la science-fiction de Zelazny est considérée
comme de la littérature. Elle est consacrée par l’Université.
Thomas
Frances Monteleone a utilisé les commentaires de Zelazny sur son œuvre et sur
ses buts enregistrés au magnétophone. Il rappelle la théorie du critique
Northrup Frye selon laquelle la science-fiction peut former une nouvelle
mythologie parce qu’elle est une littérature qui utilise encore le mythique.
Monteleone
considère que l’immortalité est le thème majeur de Zelazny. Il trouve dans son
œuvre un grand appétit de vie et une confiance totale en l’homme pour venir à
bout des difficultés de l’existence.
Par
la suite paraîtront trois ouvrages sur la vie et l’œuvre de Zelazny : un
livre de son ami Carl Yoke en 1979, Roger Zelazny, un livre de Theodore
Krulik en 1986, Roger Zelazny, une étude réalisée par sa dernière
compagne Jane Lindskold, parue en 1993 deux ans avant sa mort.
L’œuvre
de Zelazny a donné lieu également à quatre ouvrages bibliographiques, un de
Joseph Sanders en 1981, un de Daniel Levack en 1983, un autre de Phil
Stephenson-Payne en 1991, un dernier de Christopher Stephens en 1993.
3) Une réception française enthousiaste
Une rose
pour l'Ecclésiaste paraît en France dans le
mensuel Fiction n° 151 en juin
1966, soit trois ans après sa sortie aux Etats-Unis. Suivent en décembre de la
même année dans la même revue En cet instant de la tempête et en mai
1967, Les Portes de son visage, les
lampes de sa bouche.
Mais la reconnaissance française lui vient véritablement avec
son roman L’Ile des morts publié en 1971 dans Galaxie-bis
et mis en valeur par la remarquable traduction d’Alain Dorémieux. Un article du
Monde de Jacques Goimard résume l’impression générale :
«[…] Zelazny rénove
de façon fort habile le mythe homérique du
héros accompagné et protégé par les dieux,
si habile même que nous ne savons jamais si ces dieux existent
ou non, ce qui suffirait, pour les puristes à faire de L'Ile des morts un roman fantastique. C'est une épopée pourtant,
et de la plus haute volée : l'auteur a beau suggérer que ces dieux sont
fantasmatiques, il ne les en prend pas moins au
sérieux, et son duel final, qui dure trente pages, est digne de Hugo par l'intensité dramatique et
visionnaire.
Un tel mélange de sublime et de subtil
situe Zelazny comme un poète plutôt que comme un romancier. De fait, l'ultime vision de son héros dans le pays des
morts, au terme de sa quête, est typiquement mallarméenne : seules ses œuvres lui apparaissent au fond de la nuit. Et sa
prédilection pour les descriptions insolites et splendides, son style
précieux et flamboyant (admirablement rendu
par un traducteur digne de ce nom - Alain Dorémieux) achève de faire de
lui ce que fut Sturgeon pour la génération précédente : un Pur écrivain n'existant que par les mots. »
L’Ile des morts gagne en 1972 le prix Apollo, l’équivalent français du prix Hugo, qui a été créé cette année-là. Zelazny est interviewé dans les deux grandes revues de science-fiction de l’époque Fiction et Galaxie, par Patrick Duvic dans Fiction n° 227, par P. Noël dans Galaxie, n° 96.
En 1973, après Royaumes d'ombre et de lumière, paraît Toi l'immortel dans la mythique collection
« Présence du futur » qui donne lieu à un autre article enthousiaste
du critique du Monde, Jacques Goimard. Il désigne Zelazny comme «
un maître de la poésie et de l'insolite, le plus important sans doute en science-fiction
depuis Bradbury ».
Une
nouvelle étape de la reconnaissance de Roger Zelazny en France a été la
parution sur son œuvre d’un Livre d’or de la science-fiction en décembre
1983. C’est Marcel Thaon, un psychanalyste spécialiste de science-fiction, qui
préface l’anthologie, remarquable panorama des meilleures nouvelles de Zelazny.
Pour la première fois, une bibliographie exhaustive de l’œuvre de Zelazny y est
réalisée en français.
La
critique et le lectorat français seront toujours fidèles à Zelazny jusqu’à son
décès en 1995. Une nouvelle bibliographie française a été réalisée sur son
œuvre en 2001 à l’occasion de la sortie de Lord Démon, un roman qu’il
avait écrit en collaboration avec Jane Lindskold. Le fanzine Présences
d’esprit a sorti en 2002 un très bon numéro spécial sur sa vie et son
œuvre.
mercredi 4 octobre 2023
"La vraie vie d'un magicien" par Adrien Wild, meilleur spectacle de magie et de mentalisme de l'année 2023.
Il est beau, il est dynamique, il est sympathique. Qui plus est, il est un excellent technicien et praticien de la magie. Que peut-on dire de plus ? Ah si, à son spectacle, ce lundi 2 octobre 2023,il y avait tout le gratin de la prestidigitation et du show-biz, qui a admiré sa superbe performance, comme Claude Gilson de l'Ordre Européen des Mentalistes , Max du magasin de magie Magic Dream, Sophie Darel, etc., etc., etc.
Adrien Wild sait tout effectuer en magie, de grandes illusions comme la lévitation, du mentalisme, en prédisant les pensées des spectateurs, des tours de cordes, d'anneaux (et j'en oublie).
Mon plaisir a été très intense car il m'a semblé, par moment, voir ressuscités les spectacles du grand John Nevil Maskelyne et de l'Egyptian Hall .
Alors, comme l'écrivait Victor Hugo,
"Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai "
pour voir la prochaine représentation de "La vraie vie d'un magicien" d'Adrien Wild.
lundi 2 octobre 2023
Extracts of my book and my blog about mentalism, hypnosis and mnemonics.
Moi en photo avec le grand magicien Gérard Majax.
I will give you extracts from my book Initiation au mentalisme, à l'hypnose et à la mnémotechnie but you can also go to my very comprehensive blog on mentalism where everything is automatically translated into English.
Preface (to be read absolutely!)
Why a new book on mentalism? It seems a lot in France currently and the amateur or the professional no longer need to go to the sources of English.
It seems a lot and, paradoxically, maybe too! I revisit my journey from the moment I discovered for the first time a great book of mentalism: it was Mind, Myth and Magic by T.A. Waters. What mistakes are made in my quest for effective works that would enable me to truly execute mental tricks! I would like to spare the reader of this study all this research, all these disappointments, all these expectations.
That is why my book is deliberately built to be a path whose ramifications I will give you. The ultimate goal is of course to make a show (see examples of shows by great French mentalists, No. 26 of the table of contents). In the first place, you will have to find good books that offer serious and well-explained tours (cf. the three bibliographies, n ° 5, 6, and 7, the article on Vincent Hedan n ° 16, on Max Maven n ° 21, on Douceurs mentales and S & D, simple and direct mentalism n ° 15). You will have to study the great principles of mentalism (like cold reading 11 and 12, double reality 14, folding Acidus Novus 2, etc.).
I advise you to start with the classics of mentalism, the chair tests n ° 10, the Bank Nights n ° 4, the game Al Koran n ° 3, the book tests n ° 8, the newspaper tests n ° 25. I give you all the bibliographic tracks to choose the version of the tour that will suit you best but I do not give you the explanation of the tours that you will be able to know by buying the books that you desire of the authors quoted. Afterwards, it will be up to you to create and innovate when you feel sure of you.
Perhaps some lists will surprise you like that of the French-speaking mentalists n ° 21 but it may be profitable to know the names of the actors when watching a movie! Moreover, for me, it is interesting to see statistically the richness of mentalism in France.
Note also that there are two extras in this book, two parallel domains described in detail, which are very important in mentalism: 3 chapters on hypnosis 17, 18 and 19, which is a formidable weapon and quite Simple to learn and a chapter on mnemonics n ° 24 which will allow you to perform surprising tricks but also to have a better memory on a daily basis.
Good courage, good work and welcome to the wonderful world of mentalism.