jeudi 5 mai 2016

Le système de méditation de Sangharakshita, créateur de la communauté bouddhiste Triratna (deuxième partie)



Un livre sur la communauté bouddhiste Triratna que Sangharakshita a créée et qui pratique ce type de méditations

Vous pouvez vous procurer deux ouvrages fondamentaux sur la méditation au centre bouddhiste Triratna de Paris : Ce qu’est réellement la méditation de Sangharakshita et Les bases de la méditation bouddhique : posture, attention sur le souffle et metta-bhavana de Bodhipaksha.

Le metta-bhavana (pour la pratique détaillée de cette méditation, consultez le site L’esprit indompté et aussi cet article de mon blog).

Il ne faut pas expérimenter seulement la maitri (en pali : metta), la bienveillance elle-même, mais aussi les autres brahma-viharas : la karuna, la mudita et l’upeksa, c’est-à-dire, respectivement, la compassion, la joie sympathisante et l’équanimité. Je dirais que le développement des émotions positives, le développement de l’amitié, de la joie, de la paix, de la foi, de la sérénité, etc., est absolument crucial pour notre développement en tant qu’individus. Ce sont, après tout, nos émotions qui nous font avancer ; ce ne sont pas des idées abstraites qui le permettent. Ce sont nos émotions positives qui nous maintiennent sur le chemin spirituel, nous donnant de l’inspiration, de l’enthousiasme, etc., jusqu’à ce que nous puissions développer la Vision Parfaite et être motivé par elle. Le développement d’émotions positives en chacun de nous, et en nous tous en relation avec les autres, est donc absolument crucial. Le metta-bhavana, en tant que pratique de développement de l’émotion positive de base, la metta est donc absolument crucial.

La pratique des six éléments (pour la pratique détaillée de cette méditation, consultez le site de l’esprit indompté).

Mais supposez que vous ayez développé la prise de conscience, et supposez que vous ayez développé toutes ces émotions positives, supposez que vous soyez une personne pleine d’attention, très positive, très responsable, voire un véritable individu, au moins d’un point de vue psychologique ; quelle est alors l’étape suivante ? L’étape suivante est la mort ! L’individu heureux et en bonne santé que vous êtes ou étiez doit mourir. En d’autres termes, la distinction sujet-objet elle-même doit être transcendée ; l’individualité mondaine, aussi pure et parfaite soit-elle, doit être brisée. La pratique-clef est ici la remémoration des six éléments (les six éléments sont la terre, l’eau, le feu, l’air, l’éther ou espace, et la conscience). 

Il y a aussi d’autres pratiques qui nous aident à briser notre individualité mondaine présente (fût-elle consciente, fût-elle émotionnellement positive) : la remémoration de l’impermanence, la remémoration de la mort, ainsi que les méditations de sunyata (vacuité) incluant la méditation sur la chaîne des nidanas. Mais les méditations de sunyata peuvent devenir assez abstraites, pour ne pas dire intellectuelles. La remémoration des six éléments consistant à rendre les éléments de terre, d’eau, de feu, etc., contenus en nous, aux éléments de terre, d’eau, de feu, etc., de l’univers, en renonçant tour à tour à la terre, à l’eau, au feu, à l’air, à l’espace, et même à notre conscience individualiséeest la manière la plus concrète et la plus pratique de pratiquer à cette étape particulière. C’est la pratique-clef pour briser notre sens d’individualité relative.

Nous pouvons même dire que la pratique des six éléments est elle-même une méditation de sunyata (vacuité) car elle nous aide à réaliser la vacuité de notre individualité mondaine elle nous aide à mourir. Il y a beaucoup de traductions du mot sunyata. On trouve parfois « vacuité », parfois « relativité ». Guenther le traduit par « rien ». Mais sunyata pourrait bien être traduit par « mort », car c’est la mort de tout ce qui est conditionné. Ce n’est que lorsque l’individualité conditionnée meurt que l’Individualité inconditionnée comme nous pouvons l’appeler commence à émerger. En méditation, alors que nous allons de plus en plus profondément, nous faisons souvent l’expérience d’une grande peur. Les gens, parfois, reculent devant cette peur, mais il est bon de se laisser en faire l’expérience. La peur se produit lorsque nous ressentons, pourrions-nous dire, le toucher de la sunyata, d’un peu de Réalité, sur notre soi conditionné. On ressent ce petit toucher de la sunyata comme la mort. 

En fait, pour le soi conditionné, c’est la mort. Le soi conditionné a donc peurnous avons peur. La remémoration des six éléments est une des méditations de type vipassana  ou méditations de vue pénétrante, alors que l’attention sur la respiration et le metta-bhavana sont des méditations de samatha ou méditations de type pacifiant. La samatha développe et affine notre individualité conditionnée, mais la vipassana brise cette individualité, ou plutôt nous permet de voir directement à travers elle.

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro.

Amitiés à tous.




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