Sangharakshita, le créateur de l'Ordre Bouddhiste Triratna, qui a adapté en Occident le rituel de la puja en sept parties, rencontrant le Dalaï Lama
Compte rendu de la Puja qui a eu lieu le mercredi 30 septembre 2015 au Centre Bouddhiste Triratna de Paris (première partie)
Il pourra paraître étrange aux
lectrices et lecteurs de ce blog que je m’intéresse autant à deux religions
différentes : le bouddhisme et l’hindouisme. J’ai déjà abordé cette
thématique à trois reprises, si vous désirez vous reporter à mes articles
précédents (voir par exemple ce texte).
En fait, je suis partisan d’un certain
relativisme inter-religieux (comme mère Theresa, comme le Dalaï Lama,
comme Ramakrishna) et je pense que l’on peut trouver son salut, son éveil, un
Absolu, de manière presque semblable dans différentes religions. Malati, ma professeure de Yoga, dit toujours que chacun fait son Yoga, à sa manière, selon ses possibilités du moment. Je pense, quant à
moi, que chacun se crée sa religion personnelle, qui est un condensé de différentes pratiques, de croyances diverses, venant d'origines parfois apparemment hétérogènes. J’ai eu un collègue, Jean-Claude Cardot, un
ancien professeur de philosophie, fin connaisseur des textes sacrés, qui
était à la fois bouddhiste et chrétien et qui a fait un blog sur ce sujet. Il
faut savoir aussi historiquement que les Romains adoptaient souvent les Dieux
des pays qu’ils envahissaient et les incluaient dans leurs pratiques
religieuses (par exemple cela a été le cas pour les les divinités grecques, puis pour Isis, Osiris, Serapis, Mithra, etc.).
Au Japon, certains penseurs ont complètement mélangé dans un grand syncrétisme
la religion locale animiste, le shintoïsme, et le bouddhisme.
J’ai parlé de ma
conception à un érudit qui m’a dit qu’entre le bouddhisme et l’hindouisme, il y
avait certes des concepts divergents mais que leur saddhana (pratique), qui est
déterminante en Asie, était presque semblable : dans les deux religions,
bouddhisme et hindouisme, le pratiquant récite des mantras, participe à des
pujas (cérémonies), pratique la méditation, croit à des concepts et des
théories parfois presque similaires. Comme je l’avais mis en évidence dans un
précédent article,
les huit étapes du Yoga de Patanjali (le Yoga est un des six darsanas,
« conceptions » de l’hindouisme) ont énormément de points communs avec
le noble sentier octuple du bouddhisme, les cinq préceptes du laïc, toujours du
bouddhisme, et les trois poisons dénoncés par le Bouddha : avidité, colère
et ignorance.
Voici ces huit observances que l'on demande à l'aspirant yogi :
1) Yama
ou les réfrènements, la première étape du Yoga de Patanjali : ne pas
nuire, n’infliger aucun mal aux êtres vivants (précepte 1 du bouddhiste
laïc : ne pas tuer), ne pas s’approprier ce qui ne vous appartient pas,
dire la vérité (précepte 4 du bouddhiste laïc : ne pas mentir). Cette
étape correspond dans le noble sentier octuple à l’action juste et à la parole
juste.
2) Niyama
ou les observances, la deuxième étape de Patanjali : effort sur soi,
contentement (c’est l’inverse d’un des trois poisons : la colère),
approfondissement des textes védiques (correspond au sixième principe du noble
sentier octuple : l’effort juste, combat l'un des trois poisons,
l’ignorance).
3) Asana,
la posture : posture de Yoga. Correspond dans le bouddhisme à l’effort
juste (un des principes du noble sentier octuple).
4) Pranayama :
la discipline du souffle. Dans le bouddhisme, la cinquième étape du noble
sentier octuple est l’attention juste. Cette attention juste correspond à la
pleine conscience, qui peut être pleine conscience de ma respiration, de mon
souffle. C’est le premier des exercices de méditation proposés par le fondateur
du mouvement bouddhiste Triratna, Sangharakshita, avec ensuite le metta-bhavana
(travail sur la compassion).
5) Pratyahara :
le retrait des sens, s’abstraire du monde extérieur (n’est pas demandé dans la
pratique bouddhiste).
6) Dharana :
la concentration (en bouddhisme, l’attention juste dans le noble sentier octuple).
7) Dhyâna :
la méditation (on a déjà vu qu’en bouddhisme la méditation était très employée,
elle correspond à l’attention juste dans le noble sentier octuple. Le bouddha Sakyamuni
a eu la révélation de sa doctrine en s’installant sous un figuier pour méditer
pendant un temps qui n’a jamais été révélé).
8) Samadhi :
illumination. Le pratiquant arrivera finalement à l’illumination, où il perçoit
le caractère illusoire de notre réalité, où il fait un avec le cosmos, où son
Moi individuel se dissout dans le
Brahman. Cela correspond au concept bouddhiste de Nirvana, d’Eveil.
Bouddha signifie « éveillé ». Celui qui connaît le nirvana n’est plus
dirigé par les trois poisons : avidité, colère, ignorance ; il est
libéré du cycle du Karma et des
éternelles renaissances (Samsara).
Donc aujourd’hui, mercredi 30
septembre 2015, c’est une séance de puja au Centre Bouddhiste Triratna de Paris
conduite par Vassika. La puja en 7 parties ou anuttara puja qui est pratiquée
au centre est inspirée par un texte de l’Inde Médiévale, Le Boddhicaryavatara (Introduction
à la vie menant à l’Illumination), un recueil du moine Shantideva qui détaille
la totalité de la voie du bodhisattva vers l’éveil. Les sept étapes sont :
1) L’Adoration, 2) La Salutation, 3) L’Aller en refuge, 4) La Confession des
fautes, 5) La Reconnaissance du mérite, 6) La Supplication, 7) La Lecture du
Sutra du Cœur. Ensuite sont chantés des mantras à l’attention du Bouddha et des principaux Bodhisattvas.
Nous détaillerons ces différentes
étapes dans de prochains articles. C’est tout pour aujourd’hui. La suite au
prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou
dans les séries télévisées américaines actuelles.
Amitiés à tous.
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