Conférence de Swami Durgananda au Centre Sivananda de Yoga Vedanta de Paris
J’essaye de rédiger ce blog sur
le vif, en étant proche de mes rencontres et de mes activités. Dimanche
après-midi, je suis allé à une conférence au Centre Sivananda de Yoga Vedanta.
Et je l’ai trouvée passionnante ! C’est pourquoi je vous en fais part.
Centre Sivananda de Yoga Vedanta de Paris, dimanche 27 septembre 2015
Swami Durgananda, l’intervenante,
parle de la doctrine du Vedanta (fin des vedas), un des six darshanas
(« points de vue » dans la religion hindoue). Elle l’aborde selon
trois angles : 1) les upanishads, commentaires officiels des Vedas, les
livres sacrés de l’Inde, 2) Sankara, un grand philosophe indien qui a écrit des
livres inspirés sur ces commentaires, 3) Le Brahma Sutra, un recueil
d’aphorismes sur les Vedas.
Pour Swami Durgananda, le yoga supérieur
est le yoga dans la pratique quotidienne. Supporter les injures et les
injustices dans la vie quotidienne, accepter de ne pas être respecté et ne pas
tomber dans la colère, la tristesse ou la dépression, cela, oui, c’est vraiment
le yoga.
Elle parle du philosophe indien
Sankara qui a vécu au 8 ème siècle et qui est mort à 32 ans. Il a commenté les
vedas toute sa vie durant.
Le Vedanta enseigne que le Soi (Atman)
est de même nature que le Brahman, la Réalité ultime indifférenciée. La
perception de cette réalité est obscurcie en l’homme par la fausse idée (vikalpa, connaissance indirecte
reposant sur les mots, la parole, la conceptualisation ou l'imagination
au lieu de reposer sur l’expérimentation) qu’il a de lui-même et du monde, l’empêchant
de vivre la plénitude de l’Unité. Toutes les formes de notre monde ne sont que
des apparences illusoires parce que seul le Brahman existe en réalité. L’univers
tout entier n’est pas ce qu’il semble être, il n’a pas d’existence indépendante.
Il est la manifestation d’une réalité ultime, une simple apparence et il surgit
par le jeu de maya (l’illusion).
C’est sur ce dernier aspect que
l’Advaita Vedanta, qui est l’une des écoles les plus représentatives du Vedanta
aujourd’hui, insiste particulièrement (cf. Sankara).
C’est elle qui est à l’origine du concept de la Non-Dualité tel qu’il s’est
répandu à présent en Occident. Sankara a influencé des penseurs comme Sri
Aurobindo, Osho, Ramana Maharshi, etc.
Sankara enseignait deux
phrases : « Tout est le Soi. » et « Le Soi est dans toutes
choses. »
Mais malheureusement pour moi,
l’Un n’est pas mon expérience directe. Je capte le monde, je le perçois avec
mes cinq sens. Je suis naturellement dans la multiplicité. Ma conception du
monde est semblable à celle des hommes sur le cosmos avant les découvertes de
Copernic. J’ai l’impression que le soleil tourne autour de la Terre alors que
c’est la Terre qui tourne autour du soleil. Cela montre à l’évidence que je ne
peux pas me fier à mes sens, à ma perception directe.
Il faut pratiquer la viveka (le discernement), la discrimination entre ce qui
est réel et illusoire, c’est-à-dire entre Brahman
et Maya. Je dois penser à l’anecdote
de la corde que je confonds dans le noir avec un serpent. Je marche dessus et je
suis terrorisé : je deviens livide, je transpire. L’image du serpent correspond
à la dualité, à l’illusion de la réalité qui me fait mal. La corde est la non-dualité,
l’Absolu. La sortie de l’illusion peut se faire par la voie de la connaissance
(jñana) en méditant ces trois déclarations :
1)
Seul le Brahman est réel (brahma satyam)
2)
Le monde est illusoire (jagan mithya)
3) L’être vivant (individu dans un corps limité)
n’est pas différent de Brahman (jivo bramaiva naparah)
Il existe une réalité indépendante du moi, le jiva, l’âme individuelle.
Temps, espace et mental sont la même chose. Le mouvement de
la pensée crée le temps. Si on arrête la pensée, on arrête le temps.
Il faut pratiquer constamment le vedanta dans la vie
quotidienne. Il est plus que nécessaire d’agir selon les vedas si l’on veut
échapper à l’illusion du monde. Il faut même préparer une cuisine védique,
manger une alimentation védique.
La conscience sans pensée peut exister. Elle s’appelle Chit. La conscience a la possibilité d’exister
sans contenu. Elle est le contenant. (cf. la notion de Sat Chit Ananda : être-conscience-bonheur)
Il y a dans notre vie ce qui s’appelle des upadhis en philosophie hindoue, des
déguisements pour la vraie réalité. Les upadhis permettent de définir les choses
mais malheureusement en les limitant. La conférencière dénombre quatre
upadhis :
1) Je m’identifie à mon corps.
J’ai une forme d’être humain. Pourtant, je suis plus qu’un être humain.
2) Je m’identifie à mon nom.
Toute mon histoire vient avec mon nom, mon passé parfois douloureux est lié à
mon nom (c’est pourquoi, quand vous pratiquez l’hindouisme, on vous demande de
changer de nom).
3) Je m’identifie à mon esprit.
4) Je m’identifie à ce que je
possède (mon argent, mes biens).
Mon identification dépend souvent
de mon métier. Si je pratique un métier intellectuel, je m’identifie avec mon
esprit. Si j’ai un métier sportif ou si je suis acteur, je m’identifie à mon
corps.
Mais quand je deviens handicapé,
vieux, que je perds la maîtrise de mon corps, je ressens de la souffrance.
Quand mes biens me sont enlevés et que je me suis identifié à ce que je
possédais (réussite sociale), je suis malheureux.
Il faut parvenir à pratiquer la viveka (discernement). Il y a quatre
méthodes védantiques pour cela.
* Il faut que j’essaye de réaliser, de prendre conscience de la présence du Soi, de l’Atman en moi. Il est nécessaire d’oublier cette croyance : "J’ai besoin d’être spécial et important pour être aimé et reconnu". Il ne faut pas jouer un rôle en essayant d’être spécial et important pour les autres.
* Je dois observer ma souffrance comme si j'en étais témoin. L'observation de la souffrance comme si j'étais un témoin extérieur, sans chercher de cause, est un véritable doliprane. Par cette méthode, je peux contribuer à baisser de 20 pour cent ma douleur.
* Swami Durgananda nous raconte l'histoire du collectionneur d'art qui perd tous ses tableaux dans un incendie et expérimente un samadhi, un éveil. Je dois disposer en pensée dans un grand feu toutes les choses matérielles auxquelles je tiens trop. Cela me procurera d'abord une impression d'espace et ensuite un véritable détachement intérieur.
* Je peux aussi proposer des images à mon mental, des sortes de paraboles, par exemple après celle du feu celle de l’électrocution. Je suis en réalité en train de m’électrocuter, j’ai les doigts dans une prise de courant. C’est indiscutable, mais je ne m’en rends pas compte, comme dans La Lettre volée d’Edgar Poe où l’objet dérobé a été caché à un endroit évident, à la vue de tout le monde mais où personne n’a idée de le chercher. Il faut que je prenne conscience de cette vérité que la réalité que je vis, que je perçois, est une illusion, que je ne connais pas mon Atman, mon Soi véritable, que je suis déconnecté de ma Source première qui est le Brahman, l’Absolu. Et quand je prendrai conscience de cela, je ressentirai un intense sentiment de libération.
* Il faut que j’essaye de réaliser, de prendre conscience de la présence du Soi, de l’Atman en moi. Il est nécessaire d’oublier cette croyance : "J’ai besoin d’être spécial et important pour être aimé et reconnu". Il ne faut pas jouer un rôle en essayant d’être spécial et important pour les autres.
* Je dois observer ma souffrance comme si j'en étais témoin. L'observation de la souffrance comme si j'étais un témoin extérieur, sans chercher de cause, est un véritable doliprane. Par cette méthode, je peux contribuer à baisser de 20 pour cent ma douleur.
* Swami Durgananda nous raconte l'histoire du collectionneur d'art qui perd tous ses tableaux dans un incendie et expérimente un samadhi, un éveil. Je dois disposer en pensée dans un grand feu toutes les choses matérielles auxquelles je tiens trop. Cela me procurera d'abord une impression d'espace et ensuite un véritable détachement intérieur.
* Je peux aussi proposer des images à mon mental, des sortes de paraboles, par exemple après celle du feu celle de l’électrocution. Je suis en réalité en train de m’électrocuter, j’ai les doigts dans une prise de courant. C’est indiscutable, mais je ne m’en rends pas compte, comme dans La Lettre volée d’Edgar Poe où l’objet dérobé a été caché à un endroit évident, à la vue de tout le monde mais où personne n’a idée de le chercher. Il faut que je prenne conscience de cette vérité que la réalité que je vis, que je perçois, est une illusion, que je ne connais pas mon Atman, mon Soi véritable, que je suis déconnecté de ma Source première qui est le Brahman, l’Absolu. Et quand je prendrai conscience de cela, je ressentirai un intense sentiment de libération.
Voilà. La
conférence est finie. C’est tout pour aujourd’hui. La suite au prochain numéro
comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries
télévisées américaines actuelles.
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