Notre Terre est un être vivant que nous pouvons tuer.
Le centre bouddhiste dont je suis l'élève, le Centre Triratna de Paris, a participé du dimanche 1 novembre à 8 heures au lundi 2
novembre à 8 heures aux 24 H de Méditation pour la Terre, manifestation relayée
par de nombreuses associations spirituelles. Le but était
de méditer et de réfléchir pendant une journée afin de sauver notre planète et
aussi d’opérer une pression morale sur les futures négociations des Nations
Unies sur le climat qui débuteront à Paris le 30 novembre. En effet, nous croyons que, si rien n’est accompli rapidement par les grandes nations, la
planète court à terme un danger de mort. Nous avons pensé aussi que c’est à
chacun de nous de prendre conscience chaque jour de ce problème qui touche à
notre survie à tous, en effectuant des gestes écologiques : économiser l’électricité,
faire du tri sélectif, manger végétarien, ne pas prendre sa voiture, éviter de voyager en avion,
etc., et nous nous sommes engagés à effectuer chaque jour au moins un de ses
gestes.
Dans le même temps, quinze des plus importants chefs
spirituels bouddhistes ont publié un appel historique lancé aux dirigeants
politiques pour conclure un accord efficace face aux changements climatiques
lors de ces négociations.
Voici des extraits parmi les
plus importants de leur déclaration :
Le 29 octobre
2015
1) Nous
soussignés, chefs spirituels bouddhistes, nous sommes rassemblés préalablement
à la 21ème séance de la Conférence des parties (COP21) de la Convention-cadre
des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui aura lieu à
Paris, pour unir nos voix aux appels croissants à ce que les dirigeants
mondiaux coopèrent avec compassion et sagesse et parviennent à un accord
ambitieux et efficace sur le climat.
2) Nous sommes
à un moment-charnière, où notre survie et celle des autres espèces sont en jeu
en raison de nos actes. Il est encore temps de ralentir les changements
climatiques et de limiter leurs impacts, mais pour ce faire, le sommet de Paris
devra nous mettre sur la voie de l’abandon des énergies fossiles. Nous devons
garantir la protection des plus vulnérables, par des mesures visionnaires et
globales d’atténuation et d’adaptation.
3) Notre
préoccupation est fondée sur la prise de conscience du Bouddha de la
coproduction interdépendante, qui relie tout ce qui est dans l’univers.
Comprendre cette causalité interdépendante ainsi que les conséquences de nos
actes représente une étape clé pour réduire notre impact environnemental. En
cultivant la vision profonde de l’inter-être et de la compassion, nous serons
capables d’agir par amour, et non par peur, pour protéger notre planète.
4) C’est un
thème dont les chefs spirituels bouddhistes parlent depuis des décennies.
Cependant, le quotidien peut facilement nous faire oublier que notre vie est
inextricablement liée au milieu naturel par chaque respiration que nous
prenons, par l’eau que nous buvons et par la nourriture que nous mangeons. Par
manque de vision profonde, nous sommes en train de détruire les écosystèmes-mêmes dont nous, et tous les autres êtres vivants, dépendons pour notre survie.
Nous jugeons impératif la reconnaissance par la communauté bouddhiste mondiale
que nous dépendons à la fois les uns des autres et du milieu naturel. Ensemble,
l’humanité doit agir sur les causes premières de cette crise environnementale,
qui est engendrée par notre utilisation des énergies fossiles, par des modèles
de consommation non viables, par notre manque de conscience, et par le peu de
préoccupations des conséquences de nos actes. Nous soutenons vivement « C’est maintenant qu’il faut agir : une déclaration bouddhiste sur les changements climatiques », qui est approuvée par des chefs spirituels et des représentants
de sanghas bouddhistes du monde entier.
5) Nous nous
réjouissons et nous soutenons également des déclarations sur les changements
climatiques d’autres traditions religieuses. Celles-ci incluent l’encyclique du
Pape François publiée cette année, Laudato si' : Sur la sauvegarde de la
maison commune, la Déclaration islamique sur les changements
climatiques, ainsi que l’imminente Déclaration hindouiste sur les
changements climatiques. Nous sommes unis dans notre volonté de sortir des
énergies fossiles, de réduire notre consommation, et dans l’impératif éthique
d’agir à la fois contre les causes et contre les impacts des changements
climatiques, surtout chez les plus pauvres.
6) À cette
fin, nous exhortons les dirigeants mondiaux à faire preuve d’une volonté
politique de combler l’écart entre les besoins et les promesses des pays-parties en matière de réduction des émissions et à garantir une augmentation de
la température moyenne mondiale inférieure à 1,5 degré Celsius par rapport à
l’ère pré-industrielle. Nous demandons également qu’ils augmentent d’un commun
accord les financements climatiques, de façon à aider les pays en voie de
développement à se préparer aux impacts climatiques et à nous aider tous à
effectuer une transition vers un avenir bas carbone sans danger.
7) La bonne
nouvelle est qu’une occasion unique d’opérer un tournant décisif se présentera
avec les négociations pour le climat à Paris. Les scientifiques nous assurent
qu’il est possible, sur le plan technologique comme sur le plan économique, de
limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à moins d’1,5 degré
Celsius. La sortie progressive des énergies fossiles et la transition vers une
utilisation exclusive d’énergies propres et renouvelables engendreront non
seulement le passage à une économie bas carbone dans le monde, mais nous
aideront également à nous engager sur un chemin de renouveau spirituel dont
nous avons le plus grand besoin. Outre notre progression spirituelle, et
conformément aux recommandations des Nations unies, protéger nos forêts, tendre
vers une alimentation basée sur des aliments d’origine végétale, réduire notre
consommation, recycler, adopter les énergies renouvelables, prendre l’avion
moins souvent et préférer les transports en commun comptent parmi les actions
les plus efficaces que nous pouvons accomplir en tant qu’individus. Nous
pouvons tous changer les choses.
C’est
maintenant qu’il faut agir.
Cordialement,
Les signataires :
Sa Sainteté le Dalaï Lama Tenzing Gyatso, 14ème Dalaï Lama
Maître zen Thich Nhat Hanh, Patriarche de la communauté internationale des
bouddhistes engagés du Village des Pruniers
Sa Sainteté le 17ème Gyalwang Karmapa, Chef de la lignée Karma Kagyu
Sa Sainteté le Dr Dharmasen Mahathero, Patriarche suprême (Sangharaja) du Sangha du
Bangladesh
Rév. Hakuga Murayama, Président de l’Association nationale japonaise des jeunes bouddhistes
(Japan Young Buddhist Association, JYBA)
Son Éminence Jaesung Sunim, Président de l’Ordre Jogye du bouddhisme coréen
Bhante B. Sri Saranankara Nayaka Maha Thera, Chef de l’Adhikarana Sangha Nayaka de Malaisie,
Kuala Lumpur
Son Éminence le révérend Khamba Lama Gabju Demberel, Chef suprême des
bouddhistes mongols
Sa Sainteté le Dr Bhaddanta Kumarabhivamsa, Sangharaja et président du comité d’État Sangha Maha
Nāyaka en Birmanie
Son Éminence Agga Maha Panditha Dawuldena Gnanissara Maha Nayaka Thera, Mahanayaka Thero,
prélat suprême d’Amarapura Maha Nikaya au Sri Lanka
Sa Sainteté Thich Phô Tuê, Patriarche suprême de tout le Sangha bouddhiste du
Vietnam
Vénérable Lama Lobzang, Secrétaire général de la Confédération bouddhiste internationale (IBC)
Révérend Olivier Reigen WANG-GENH, Président de l’Union Bouddhiste de France (UBF)
Vénérable Bhikku Bodhi, Président de l’association bouddhiste des États-Unis
Sa Majesté Ashi Kesang Wangmo Wangchuk, Bhoutan
Voilà.
C’est tout pour aujourd’hui. La prochaine fois, je développerai un peu plus les
différentes thématiques abordées dans ces 24 H de Méditation pour la Terre. La suite au
prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou
dans les séries télévisées américaines contemporaines.
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