Jorge Luis Borges, à la fois admirateur et détracteur de Gustav Meyrink
Samedi L’œil du sphinx fêtait ses 27 ans (et moi mes 16 ans d’adhésion).
Cette association s’est d’abord dédiée à l’écrivain de littérature fantastique
Howard Phillips Lovecraft, puis au fantastique en général et enfin à
l’ésotérisme. L’évocation par Philippe Marlin dans sa conférence « Retour
sur l’exposition sur la bibliothèque perdue de John Dee » des dialogues de
John Dee, le mage du seizième siècle, avec les anges m’a beaucoup intéressé.
J’en étais resté à mes références borgésiennes
à Emmanuel Swedenborg, l’illuminé du dix-huitième siècle qui conversait avec
les anges (je vous donne l’adresse du premier article sur le sujet). Voici les objets que Philippe Marlin a vus en
exposition et qui servaient à la communication avec les anges. Je développerai
ensuite quelques réflexions sur la postérité littéraire de John Dee.
Les objets utilisés par John Dee :
Il y en a 3 essentiellement :
1) Un miroir magique, le Speculum
(un objet de culte aztèque fait d’obsidienne dont la forme est semblable à
celle d’un miroir à main, rapporté en Europe en 1520).
2) Le Sceau de Dieu : je
pense qu’il s’agit de celui qui était utilisé pour soutenir la boule de cristal
(Sigillum Dei Aemeth, un grand disque de cire vierge comportant divers Noms de Dieu
ou d’anges). Je vais poser la question à Philippe Marlin.
3) Une boule de cristal de 6 cm
de diamètre.
La postérité littéraire de John Dee :
Mais bien sûr ce qui me passionne
le plus, c’est la postérité littéraire
de John Dee. Je ne pourrai pas toute vous la citer, il y en a 2 pages dans
Wikipédia. Je retiendrai simplement son traitement par trois auteurs de
littérature fantastique, Lovecraft, Jean Ray et Jorge Luis Borges.
1) Dans la nouvelle L’abomination de Dunwich (1929) de Lovecraft,
c’est John Dee qui est à l’origine de la traduction en anglais du livre maudit
le Necronomicon.
2) Jean Ray, dans une de ses
aventures d’Harry Dickson, Le studio
rouge, évoque John Dee et surtout
son miroir, « pierre noire au moyen duquel John Dee évoquait les esprits ».
3) Ce qui m’a le plus amusé, c’est
que Jorge Luis Borges, sur lequel j’ai écrit un livre, a détesté le roman de Gustav Meyrink L’ange à la fenêtre d’Occident inspiré par la vie de John Dee. Je
le laisse parler (Pléiade, tome 1, p. 999, « Chroniques publiées dans la
revue « El Hogar » ») : « Ce roman, plus ou moins
théosophique est moins beau que son titre. » Borges a beaucoup admiré le
livre de Meyrink, Le Golem. Il
considère que les romans postérieurs sont « moins bien venus » : « On
y devinait que Meyrink avait été « illuminé » par la sagesse
orientale et l’on sait que de telles visitations ont toujours un résultat
funeste. Il s’identifia peu à peu avec le plus naïf de ses lecteurs. Ses livres
devinrent des actes de foi, et même de propagande. L’Ange à la fenêtre d’Occident est la chronique d’obscurs miracles,
à peine rachetée, çà et là, par une bonne ambiance poétique. » Ces propos paraissent étranges, dans la bouche
de Borges, qui a été très crédule sur beaucoup de questions : j’ai déjà
parlé de Swedenborg, mais il y a aussi le bouddhisme légendaire, l’histoire des
anges, les spéculations des gnostiques, etc.
Voilà. C’est tout pour le moment.
Je ne sais pas de quoi je parlerai dans le prochain numéro (si finalement, du
livre de Robert Greene et 50 cent). Amitiés à tous.
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