vendredi 18 novembre 2016

Présentation de l’étude « Atteindre l’excellence » de Robert Greene, Introduction (huitième partie).



Un autre livre de Robert Greene


J’ai extrait ma biographie de Marcel Proust d’un livre de l’écrivain américain Robert Greene Atteindre l’excellence que je trouve très bien pensé (et réaliste). Je vais vous détailler certains passages de cet ouvrage. « Atteindre l’excellence » ne signifie pas, de manière compulsive, être premier de la classe ou être le plus remarqué à son boulot mais seulement développer le meilleur de ce qu’il y a en vous.

Robert Greene nous parle d’un processus très important, la maîtrise, et de ses secrets. 

Dans le passé, seules quelques personnalités d’élite ou dotées d’une énergie presque surhumaine pouvaient choisir la carrière de leur choix et parvenir à la maîtrise. Il fallait naître dans une famille de militaires ou de responsables politiques, c’est-à-dire faire partie de la classe dirigeante.  Des millions de gens qui ne faisaient pas partie de la bonne classe sociale, du bon sexe et du bon groupe ethnique étaient rigoureusement empêchés de répondre à l’appel de leur vocation. C’est pourquoi il y avait si peu de grands maîtres dans le passé et qu’ils se distinguaient de façon si éclatante.

Toutefois, ces barrières politiques et sociales ont pour la plupart disparu. On a aujourd’hui accès à une qualité d’information et de connaissance dont les maîtres du passé ne pouvaient que rêver. Plus que jamais, on la capacité et la liberté de suivre son inclination en fonction de son unique génome. Il est temps de démystifier et de banaliser ce concept de génie. Nous sommes tous plus proches que nous le croyons de ce type d’intelligence. (Le mot « génie » vient du latin « genius », ce dieu particulier à chaque homme qui veillait sur lui dès sa naissance, qui partageait sa destinée et disparaissait avec lui.)

Notre époque est riche en possibilités pour quiconque ambitionne la maîtrise ; de plus en plus de gens peuvent suivre leurs inclinations, mais un dernier obstacle culturel particulièrement insidieux s’y oppose : le concept même de maîtrise fait l’objet de dénigrement et est assimilé à quelque chose de ringard, voire déplaisant. Ce n’est pas admis comme une ambition légitime. Ce glissement de valeur est assez récent et découle de particularités culturelles de notre époque.

Nous vivons dans un monde qui nous échappe de plus en plus. Nos moyens d’existence sont le jouet de forces mondialisées. Les problèmes auxquels nous nous heurtons sur le plan de l’économie, de l’environnement, etc., dépassent nos capacités d’action individuelles. Les hommes politiques sont lointains et indifférents à nos vœux. Quand on se sent dépassé, il est naturel de se replier sur une sorte de passivité. En perdant le goût du risque et en limitant son champ d’action, on peut se donner l’illusion d’être maître de son destin. Qui risque rien n’a rien mais ne risque pas d’échouer (c’est le raisonnement d’énormément de personnes !). Si nous ne sommes pas responsables de notre destin, notre manifeste impuissance devient acceptable. Nous sommes donc tentés par toutes sortes de théories stupides comme celles-ci :

1) Ce sont nos gènes qui déterminent nos actes.
2) Nous sommes le produit d’une époque.
3) Nous sommes totalement déterminés par notre enfance et notre environnement familial.
4) L’individu n’est qu’un mythe.
5) Le comportement de tout être humain peut se réduire à des tendances statistiques et scientifiques coulées dans du béton.


Bien des gens vont plus loin dans ce dérapage et maquillent leur passivité sous un vernis positif. Ils trouvent romantique l’attitude suicidaire de l’artiste qui perd tout contrôle de lui-même. Toute notion de discipline ou d’effort apparaît comme ringarde et assommante : ce qui compte, c’est l’inspiration derrière l’œuvre d’art, au diable la maîtrise technique et l’apprentissage du métier. On en vient à se contenter d’objets vite faits mal faits. Cette passivité s’érige même en règle morale, « la maîtrise et la puissance sont mauvaises ; elles sont réservées aux élites patriarcales qui nous oppriment ; le pouvoir est mauvais en soi ». Cette attitude rappelle furieusement la description de la société du roman Le meilleur des mondes d’ Aldous Huxley avec ses alphas plus et ses epsilons moins !

Voilà. C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.

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