Les quatre mondes.
L'émanation des sephiroth
successives a été représentée sous forme d'un éclair ou des replis d'un serpent
zigzaguant d'une sephirah à l'autre. Afin d'incarner la lumière-Sans-Limite, le
magicien doit acquérir une connaissance parfaite de l'Arbre de Vie et de ses correspondances.
Il doit connaître le nom divin, l'archange, le chœur angélique, la planète
associés à chaque sephirah. Il doit être familier avec les couleurs des
sephiroth et des sentiers, différentes dans chacun des quatre Mondes. Par la manipulation
de ces images et symboles au cours d'un rite, il tentera de contacter les
puissances du macrocosme que recouvrent les sephiroth. Dans ce microcosme qu'il
représente, il les utilisera pour éveiller et transmuter en lui les parties qui
leur correspondent. Que ce travail s'effectue à l'extérieur (évocation) ou à
l'intérieur (invocation) de lui-même. S'il est vrai que notre univers est notre
reflet, le retour du monde vers sa perfection originelle en sera d'autant plus
facilité.
Ces opérations ne cherchent pas à
déranger l'ordre de l'univers, mais à le rétablir, à le restaurer. Car il
serait blasphématoire de penser que le monde tel qu'il est fut celui voulu par
le divin. Quelle piètre idée du ciel ! Si le Grand Architecte élabora un plan
parfait, une simple observation montre que sa manifestation n'en est que le
reflet déformé.
Car l'architecte n'est pas celui qui bâtit la maison. Et la
réalisation de ce plan parfait implique que des ouvriers s'y attachent. Telle
est la fonction du Magicien, qui, à l'instar de l'alchimiste mais selon des
procédures différentes, insuffle dans la matière les énergies qui la
transfigurent.
Si le qabaliste travaille avec
une attitude noble et sacrée, si le rituel a pour objectif de rétablir une
harmonie perturbée, d'aider autrui (ou lui-même) sans circonvenir aux plans
divins, le pire résultat possible d'une opération est un échec sans
conséquence. S'il travaille pour nuire, la force évoquée sera entremêlée des
passions et instincts qui le motivent. A lui d'en assumer des conséquences
d'autant plus inexorables qu'elles sont le résultat de lois mécaniques et non
d'une « punition ». Là encore, notre univers est notre reflet.
Les quatre mondes
Le Macrocosme, la totalité de l’Existence
Positive, est symbolisé par les quatre Mondes contenant chacun un Arbre de vie.
A chaque monde est attribué un nom et à l’intérieur de chacun de ces quatre
mondes, chaque sephirah porte également son nom.
Les dix sephiroth apparaissent
dans chaque Monde. De même qu'Ain Soph
Aur, la Lumière-Sans-Limite du non-manifesté, s'est concentrée en un point
qui fut Kether, d'où les émanations se propagèrent jusqu'à Malkuth, de même la
Malkuth d'Atziluth est conçue comme donnant naissance à la Kether de Briah, et
ainsi de suite consécutivement sur les plans, la Malkuth de Briah donnant
naissance à la Kether d'Assiah.
Le premier monde est celui d'en-haut où tout est noyé dans
la gloire de l'essence divine, où les noms mêmes de cette essence brillent comme
des flambeaux indépendants, où tout ce qui doit être existe déjà.
Puis vient le grand abîme dans le sein du Père-Mère où est nourrie
la graine implantée d'en-haut.
Puis cet état dans lequel l'informe prend forme, où au néant
éthéré est donné un lieu de séjour et un nom.
Et finalement cette sphère dans laquelle les sens de l'homme
pèsent et mesurent, touchent, goûtent, entendent, voient et connaissent.
Ainsi se constituent ces êtres
particuliers que nous nommons les Anges, les Génies ou les Dieux, êtres
regroupés en dix divisions conventionnelles. Ce sont les neuf chœurs angéliques,
auxquels s'ajoute celui des « âmes glorifiées » de la théologie
judéo-chrétienne.
Les quatre Mondes ont été
représentés de bien des façons, allant des cercles concentriques à l'image
anthropomorphique d'Adam, à la succession des salles d'un palais ou des
Collines sacrées d'un jardin. Mais il ne faut pas s'y méprendre : aucune image
ne peut saisir la réalité ; pas plus qu'un portrait, si fidèle soit-il, ne peut
exprimer plus d'un aspect de la personne qu'il représente. Aucune Image ne doit
être considérée comme fixe, « vraie » et définitive.
Atziluth
Atziluth (terme hébreu signifiant
proximité) est le premier monde surgissant hors de l'Existence Négative. Son
nom ou titre est le Monde Illimité des Noms Divins.
Atziluth, c'est Dieu, sous tous
ses aspects sans doute, mais sans contact avec les créatures. Dieu y agit de
manière directe et non pas à travers ses ministres.
Chaque lecteur de la Bible a
remarqué que Dieu est mentionné sous des Noms divers (Elohim, Adonaï, Yahvé,
etc.). Ce ne sont pas là des artifices littéraires en vue d'éviter des
répétitions, mais des termes désignant les différents attributs et fonctions
d'un seul et même Dieu. Selon le Nom employé, nous pouvons connaître l'aspect
de la force divine auquel se réfère le rédacteur du texte. Dix noms hébreux
représentant dix attributs différents du divin sont assignés aux dix sephiroth
de ce monde.
Dans ce monde s'élabore
l'intention de créer. C'est le monde des archétypes, des idées. Toute la
dynamique et toutes les lois inhérentes au monde d'Atziluth sont achevées,
hormis que rien n'est survenu et que rien ne surviendra tant qu'il n'y a pas
mouvement dans le temps et l'espace. Elle aurait pu rester ainsi, seule dans sa
condition originelle si Dieu n'avait pas voulu le déroulement de la Création.
Son mouvement gigantesque commence au sein d'Atziluth et opère selon les lois
engendrées par les sephiroth. Bien que parfaite, Atziluth n'est pas pleinement
réalisée en elle-même ; c'est comme la volonté d'avoir une maison. Cette
volonté est devenue consciente mais le principe de la maison n'a pas été
défini, sa forme n'a pas été dessinée, elle n'a pas été construite - et
pourtant, la volonté contient déjà en germe tous ces processus.
Briah
Briah, le deuxième monde, émane
de la dixième sephirah d'Atziluth ; c'est le Monde archangélique de la
Création.
Briah dérive de la racine
hébraïque BRA (Bériah), signifiant « engendrer ou créer ». Ici,
l'idée est animée d'une volonté de se manifester, de devenir quelque chose.
A chacune de ces sephiroth est
attribué le nom d'un archange. L'archange exécute les décrets de Dieu et leur
donne une forme. Selon la tradition, les archanges sont les messagers de Dieu,
ceux du plus haut rang. Ce sont les contremaîtres qui supervisent et dirigent
l'œuvre voulue par Dieu. Ils sont les représentants de Dieu pour les êtres « inférieurs ».
Il est écrit que personne, c'est-à-dire aucun être humain, ne peut voir Dieu ou
entrer en contact avec lui directement, mais qu'il est possible de communiquer
avec lui par l'intermédiaire de ses représentants, les archanges.
Yetzirah
Yetzirah, le troisième monde,
émane de la dixième sephirah de Brlah. C'est le Monde Angélique de la
Formation. Le mot « Yetzirah » dérive du mot chaldéen ITzR,
signifiant « former ou faire ».
«En ce monde, écrit I. Meyer dans
Quabbalah, résident les créatures intelligentes
et immatérielles, enveloppées chacune dans un vêtement lumineux ; elles sont
asexuées et capables, par permission divine, de prendre une forme perceptible
aux hommes quand elles apparaissent. Ce sont aussi des esprits, des énergies ou
des forces secourables qui accomplissent la Volonté de Dieu. Ce monde est
Immédiatement au-dessus du monde terrestre et le premier qui contacte la
conscience de l'homme quand elle s'épanouit. Il a les caractéristiques
générales que nous entendons par le mot astral.»
A chacune de ces sephiroth est
attribué le nom d'une classe d'anges. Ces anges sont les travailleurs de Dieu
dirigés par les archanges.
Les êtres angéliques de ce Monde
sont désignés sous le nom de Chœurs (les chœurs angéliques), et agissent sur
les tâches considérées mineures pour les archanges. Ces Etres spirituels,
innombrables, sont totalement différents de la race humaine. Situer ces « Etres »
et vouloir les comparer à quoi que ce soit serait s'en faire une idée erronée.
Tous les noms hébraïques qui leur
sont attribués sont exprimables en Français. Les Haioth Ha Qodesh sont les « Animaux
Saints » d'Ezéchiel, les Ophanim : les « Roues fulgurantes »,
les Aralim : les « Puissants », les Hhashmalim ; les « Dominateurs
Etincelants »... les Ischim : les âmes humaines glorifiées.
Le Monde de Yetzirah est la
sphère de l'existence dans laquelle l'homme s'aventure quelquefois durant des
états d'extase ou de rêves volontairement induits. C'est ici que l'on atteint le
véritable pinacle de ce qui est nommé le Soi ; ce Soi duquel proviennent les
instructions pour aider dans la croissance de l'individu par le développement
physique, mental et spirituel. Le Soi (également nommé Saint Ange Gardien) qui
demeure en ce monde est considéré comme un être angélique. Travaillant avec les
chœurs angéliques, il affecte bénéfiquement nos activités quotidiennes... quand
on apprend à l'écouter !
Assiah
Assiah, le quatrième monde, est
le Monde élémentaire de l'Action.
Vers ce plan sont dirigées les
forces et les puissances des trois autres mondes. Dans ce monde, les qualités
et les essences des trois autres sont affaiblies et déformées. En lui, nous
voyons obscurément comme à travers un verre. Le plan divin d'Atziluth peut être
entrevu, mais seulement brièvement comme un idéal tout à fait inaccessible ;
même les créatures archangéliques de Briah ne peuvent pas être saisies par nos
sens limités et les formes divines de Yetzirah ne sont perçues que d'une façon
déformée, comme des dieux à pieds d'argile. Notre monde est un monde
crépusculaire d'incertitude et, comme des aveugles, nous sommes toujours
incapables de distinguer quelque chose nettement. Le voile de l'illusion
recouvre tout.
La première sephirah d'Assiah est
désignée comme le Primum Mobile ou « Premier tourbillon » qui devrait
être symbolisé par un point représentant la source, le commencement. La dixième
sephirah d'Assiah est la Sphère des quatre Éléments : Feu, Terre, Air et Eau.
Elle représente la création en son entier fonctionnant dans le royaume de la
substance.
La matière est le résultat de
toutes les sephiroth des quatre mondes fonctionnant comme un processus
simultané. Ce qui suggère que tout le Macrocosme est contenu dans la dernière
sephirah du quatrième Arbre de Vie.
Assiah est le monde dans lequel
nous vivons. Il est non seulement influencé par les forces de lumière, mais
aussi par les forces des ténèbres. C'est le terrain apparemment neutre sur
lequel se rencontrent ces deux forces opposées, sur lequel elles se livrent
bataille ; d'où l'association duelle de ce monde.
Ce monde est soumis aux
mutations, au changement, à la corruption et à la destruction qui le réduit à
néant, au matériau brut prêt à être réemployé pour habiller de nouvelles formes
élaborées dans le monde précédent.
En Assiah, Dieu agit à travers
ces centres plus denses que sont les Éléments, les planètes et les
constellations. A chacune de ses sephiroth est donc attribuée une
correspondance astrologique.
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
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