Une biographie d'Abraham Aboulafia.
ABOULAFIA, ABRAHAM BEN SAMUEL - Né
en 1240 à Saragosse, en Aragon, mort aux environs de 1291, en un lieu inconnu.
C'est à Tudèle, où s'installèrent ses parents, qu'il reçut un enseignement
poussé de la Bible et du Talmud. À l'âge de vingt ans, deux ans après la mort
de son père, il commença sa vie d'errance.
Son premier voyage, ayant pour
but de découvrir la rivière mythique du Sambation,
ainsi que les dix tribus perdues, le conduisit en Terre sainte. Mais, arrivé à
Saint Jean d'Acre, il dut renoncer, en raison des évènements en Terre Sainte,
liés aux Croisades. Il se résigna et décida de se rendre à Rome, mais, sur le
chemin, décida de s'arrêter à Capoue, afin de se livrer avec passion à l'étude
de la philosophie, sous la tutelle du médecin-philosophe : Hillel ben Samuel
ben Éliézer de Vérone. Il accentua l'étude de l'enseignement de Maïmonide. Toutefois,
malgré le fait qu'il ait toujours tenu cet enseignement en très haute estime,
il se sentit insatisfait, au regard d'autres philosophies qu'il avait étudiées.
Abraham Aboulafia possédait un
charisme particulier et savait fort bien communiquer. Il commença à rédiger des
travaux kabbalistiques, philosophiques et grammaticaux, et s'entoura d'élèves.
De retour en Espagne, il commença
à être sujet à des visions mystiques. Âgé de trente-et-un ans, il s'immergea dans
l'étude du Séfér Yetsirah et de ses
innombrables commentaires. Livre qui eut un impact considérable sur lui,
particulièrement à travers l'éclairage et la méthode du mystique allemand
Éléazar de Worms, dont le commentaire exerça, sur Abraham Aboulafia une
profonde influence, répondant à son immense besoin d'éveil mystique. À partir
du Séfér Yetsirah, pour Aboulafia
toutes les lettres combinées et permutées deviennent expression d'existence.
Elles possèdent un pouvoir d’illumination offrant l'accès aux mystères des noms
divins. En se fondant sur des pratiques ascétiques particulières, Aboulafia
aspire aux plus hautes expériences et à l'accès au statut de prophète, ouvrant
la plus haute perception, permettant de pénétrer intuitivement dans la nature
ineffable de la divinité.
Son disciple le plus important
fut Joseph Gikatilla.
Abraham Aboulafia quitta de
nouveau l'Espagne, et c'est en 1279 qu'il écrivit en Grèce l'un de ses premiers
livres prophétiques, le Séfer haYashar
(Le Livre de l'Intègre). Un an plus
tard, sous l'influence d'une voix intérieure, il se rendit à Rome, dans le
dessein de convaincre le Pape Nicolas III de se convertir. En dépit du fait
qu'une condamnation l'attendait pour le conduire au bûcher, il pénétra dans
Rome par une porte secondaire et entendit que le Pape était mort dans la nuit
(information confirmée par une minute du Vatican). Il fut tout de même jeté en
prison par les Dominicains, mais relâché quatre semaines plus tard.
On retrouve ensuite sa trace en
Sicile, où il apparaît en tant que prophète et messie, provoquant une vive
réaction de la communauté de Palerme, qui condamna le comportement d'Aboulafia.
Subissant la persécution du
rabbin Salomon ben Adret, Abraham Aboulafia dût s'exiler sur la petite île de
Comino, près de Malte, entre 1285 et 1288, où il rédigea son Séfér haOth (Le Livre du Signe). C'est en 1291 qu'il écrivit un dernier et
important livre, Imré Shéfer, livre
décrivant le système du Tsérouf (à la fois une mystique et une technique s’appuyant
grandement sur le Séfér Yetsirah). On
perd ensuite sa trace. Il s'attribue lui-même vingt-six ouvrages, dont vingt-deux
prophétiques.
Abraham Aboulafia appelle son
système kabbalistique, la « Kabbale prophétique », se distinguant
ainsi de ses prédécesseurs. Le but de son enseignement est d'offrir aux humains
un certain degré de communion avec Dieu. Pour cela, il utilise une approche
particulière des noms de Dieu, surtout en ce qui concerne le tétragramme YHWH, la
guématria, les combinaisons et les vocalisations des lettres, les permutations
de mots. Ainsi, Aboulafia se donne parfois le nom de Raziel ou de Zekaryahou,
mots ayant tous deux la valeur numérique 248, identique à celle d'Abraham. Il
emploie également, de façon assez large le système du notarikon (utilisation des acrostiches) et du tsérouf (combinaisons des lettres).
Abraham Aboulafia a donné une
tournure visionnaire à la Kabbale, ce que nombre d'écoles lui reprocheront,
exaspérées par sa façon de jongler avec les noms de Dieu et des anges, d'utiliser
la guématria dans ses formes les plus diverses. Les religieux lui reprocheront aussi
d'avoir été le premier kabbaliste à permettre à l'idée chrétienne de la Trinité de s'intégrer à la
Kabbale, ouvrant ainsi la voie de la Kabbale chrétienne.
Il a aussi et surtout rédigé le Seva netivot ha-Tora, L'Épître des sept voies, selon lequel
il y a sept voies d’accès à l’initiation kabbalistique, sept voies selon le
degré d’avancement spirituel de l’individu qui veut s’y engager (j’en
reparlerai dans un prochain article).
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire