Abraham Abulafia.
Cet article est la suite de celui-ci : http://jeanfrancoisgerault.blogspot.fr/2017/11/synthese-sur-la-kabbale.html
C'est un initié du 18 ème siècle,
Fabre d'Olivet, auteur de La langue hébraïque restituée ,
qui nous donne la meilleure définition de la Kabbale. Cette définition est,
aujourd'hui, admise par tous les ésotéristes.
« Il paraît, au dire des
plus fameux rabbins, écrivit Fabre d'Olivet, que Moïse lui-même, prévoyant le
sort que son livre devait subir et les fausses interprétations qu'on devait lui
donner par la suite des temps, eut recours à une loi orale, qu'il donna de vive
voix à des hommes sûrs dont il avait éprouvé la fidélité, et qu'il chargea de
transmettre dans le secret du sanctuaire à d'autres hommes qui, la transmettant
à leur tour, d'âge en âge, la firent ainsi parvenir à la postérité la plus
reculée. Cette loi orale que les Juifs modernes se flattent encore de posséder
se nomme Kabbale, d'un mot hébreu qui signifie ce qui est reçu, ce qui vient
d'ailleurs, ce qui se passe de main en main. » Kabbale = ce qui est reçu,
cela identifie la Kabbale, la tradition, au Graal celtique. Le Graal est, lui
aussi, la coupe qui reçoit. Mais qu'est-ce qui est reçu? La rosée céleste,
disent les alchimistes dans leur langage très imagé. La rosée céleste, ou le
Verbe de Dieu, ou encore le secret de l'Univers. »
L'homme qui se prit pour le
Messie
Abraham Abulafia, l'un des plus
célèbres kabbalistes connus, qui vivait en Espagne du temps où l'Ordre cathare
prospérait dans le Midi de la France, donna à ce propos des explications très
intéressantes. Dieu, disait-il, a créé le monde avec les lettres de l'alphabet
hébraïque. Cet alphabet, comme l'alphabet sanskrit, est sacré, chacune de ses
lettres recèle un mystère. Ce n'est pas un son vide ! Et plus précisément, Dieu
a créé le monde en l'écrivant. L'Architecte est un artiste, un sage et un
poète. Abulafia disait que la matérialité des lettres, leur inscription physique,
constitue la substance de l'univers tandis que l'inspiration qui habite les
mots divins traverse les hommes pendant qu'ils font des rêves. Savoir
déchiffrer ses songes, c'est donc se rendre maître d'une puissance extraordinaire.
Le messie est le maître de la puissance des rêves de l'humanité. Il viendra à
la fin des temps, mais les hommes doivent lui préparer le chemin en répandant
les lumières qu'ils ont reçues en étudiant la Kabbale.
Abraham Abulafia qui donna à la
Kabbale son visage prophétique, pensait — et il prouva — que chaque lettre de
l'alphabet hébraïque, langue sacrée par excellence, constituait une puissance,
était la demeure d'un ange particulier (nous dirions aujourd'hui d'une force,
ou d'une énergie). Mais attention, précisa-t-il, l'inspiration divine traverse
toute chose y imprimant sa marque.
Cela veut dire deux choses.
1) L'individu qui déchiffre ses
rêves, celui qui sait lire les textes sacrés, celui qui comprend les messages
divins, celui-là est doué du don de prophétie. Il devient son propre messie, ou
plutôt un adepte du Messie qui, à la fin des temps, doit venir réconcilier tous
les hommes, établir la paix sur la terre et révéler les secrets les plus
cachés. Bref, celui qui apparaîtra quand l'humanité atteindra son âge adulte.
Pour la tradition, en effet, les hommes et les femmes n'ont pas encore accédé à
la maturité. Et il suffit d'ouvrir les yeux, de constater les guerres et la
misère qui nous assaillent pour lui donner raison.
2) Lorsque l'inspiration traverse
les choses et les êtres pour les amener à la vie et qu'elle les déserte dans un
deuxième temps pour remonter auprès du Père, elle laisse malgré tout une trace,
ou plutôt des traces. Ces traces sont véritablement des « signatures »
permettant de connaître l'intimité de l'être ou de la chose. Et la connaissance
de ces signatures se trouve à l'origine de sciences très intéressantes comme la
physiognomonie (l'art de lire le caractère sur les traits du visage), ou la
chiromancie (l'art de lire la destinée d'une personne dans ses lignes de la
main) et bien d'autres disciplines ésotériques.
Abraham Abulafia fut donc un
kabbaliste très important. Il fut très doué ; malheureusement il n'échappa pas
au défaut qui fit chuter l'ange de lumière (Lucifer) : la présomption. Il était
convaincu — ce qui était tout à son honneur —de l'unité occulte de toutes les
religions et de la vanité des rivalités : il pensa qu'il était missionné pour dévoiler
cette vérité au monde. Il fit donc le voyage à Rome dans l'intention d'y
rencontrer le pape et de l'inciter à répandre cette bonne nouvelle. Que se
passa-t-il alors? Le pape était-il lui-même ignorant de ces vérités ésotériques
dont le christianisme, comme toute autre religion, est secrètement imprégné ?
Fut-il simplement antisémite? Ou bien pensait-il que le moment n'était pas
encore venu de dire de telles choses? Quoi qu'il en soit, il jeta Abulafia en prison
et celui-ci, qui devait être condamné à mort, n'eut la vie sauve qu'à la mort
du pape.
A noter que l'auteur de science-fiction mystique, Philip K. Dick a prétendu que pour écrire son roman visionnaire Siva,il avait été possédé par moment par l'esprit d'Abraham Abulafia. (voir le site Philip K. Dick and Religion).
Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.
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