Christel Petitcollin.
Je viens de lire un livre que j’ai
trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je
voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit
de « Pourquoi trop penser rend manipulable, Protégez votre mental de l’emprise » de Christel Petitcollin. L’auteur y prend le contrepied des thèses habituelles
selon lesquelles on ne manipule que les naïfs et les imbéciles. En fait, elle
pense que, plus on est intelligent, plus on est manipulable. Le paradoxe n’est
qu’apparent : une personne intelligente cherche à comprendre, essaie
d’intégrer le point de vue de l’autre, veut trouver un terrain d’entente et
refuse de se décourager. Or un manipulateur ment, nie la réalité et crée
délibérément les conflits dont il se nourrit. Pire le manipulateur vous ligote
dans vos valeurs humanistes et les détourne à son profit.
Cet article est la suite de celui-ci .
Le deuxième chapitre de « Pourquoi
trop penser rend manipulable, Protégez votre mental de l’emprise » s’intitule
« Un mode opératoire à trois clés et en trois temps ». En voici le résumé.
Les trois clés de la manipulation mentale sont le doute, la peur et la
culpabilité.
Troisième clé : la culpabilité
Cette clé s'active avec la ficelle culpabilisation, mais aussi avec celle
de la victimisation. Vous n'oseriez tout de même pas attaquer une personne si
fragile et déjà tellement blessée par la vie, n'est-ce pas ? Vous n'oseriez pas
la laisser tomber non plus ?
Nous l'avons vu, les manipulateurs se déresponsabilisent complètement de
tout : rien n'est jamais de leur faute. Quoi qu'il arrive, c'est toujours de la
faute de quelqu'un d'autre et surtout de la vôtre. C'est vous qui êtes fou, qui
avez un problème, qui ne savez pas communiquer, qui ne faites pas ce qu'il
faut, qui n'êtes jamais content, etc. À l'opposé de cette mentalité, les gens
qui pensent trop se sentent impliqués et concernés par tout ce qui les entoure,
même quand ça ne les regarde pas. Ils passent leur temps à se demander ce
qu'ils pourraient faire de plus pour améliorer le monde.
Donc, d'un côté, vous avez le manipulateur qui, lui, est complètement irresponsable,
qui n'assume aucun de ses actes, qui ne se remet jamais en question et nie les
conséquences de ce qu'il fait. Et, en face de lui, vous avez l'hyperresponsable
qui va récupérer toute la responsabilité que ne prend pas le manipulateur.
C'est ce qui permet à cette relation inégalitaire de s'installer. Vous acceptez
d'être seul responsable de la qualité de la relation que vous avez avec votre
manipulateur, sans réaliser que, de son côté, il fait tout pour la dégrader.
La culpabilité est un transfert de responsabilité : je me rends responsable
de ce que vit l'autre, ou je rends l'autre responsable de ce que je vis. Pour
Jacques Salomé, la culpabilité est le cancer de la communication. Car la responsabilité ne peut s'exercer
qu'en ayant le pouvoir d'agir. Je ne peux être responsable que de ce sur
quoi j'ai du pouvoir. Imaginez que je vous rende responsable de la sécurité
d'un piéton qui veut traverser une nationale dans une ville à cinq cents kilomètres
de chez vous. Qu'allez-vous pouvoir faire pour lui? Pensez-vous que vous avez
le pouvoir de rendre quelqu'un heureux ? En général, la réponse est
majoritairement « oui ». Mais alors : « Comment allez-vous rendre heureux
quelqu'un qui n'a pas envie de l'être ? Et de quel droit, en plus, allez-vous
l'obliger à être heureux ? Il faut qu'il en ait envie ! Sinon, rien n’est
possible !
Mais comment on pourrait ne pas avoir envie d'être heureux. Jacques Salomé
écrit : « Le bonheur, c'est peut-être de renoncer au plaisir d'être
malheureux.» Quoi que vous en pensiez, beaucoup de gens n'ont pas envie d’être heureux,
bien qu'ils s’en défendent. Être malheureux les met à l'abri de la jalousie des
autres, leur apporte de l'attention et leur donne de quoi s'occuper.
La suite sur la culpabilité dans un prochain article.
C’est tout pour le moment. Amitiés à
tous.
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