Une des techniques hypnotiques d'Erickson
Compte rendu du livre
par Sidney Rosen
Chapitres 3, 4 et 5
Le troisième chapitre du livre de Sidney Rosen, Ma voix t'accompagnera, Milton H. Erickson raconte, porte sur « Faire confiance à l’inconscient », dont j'ai déjà parlé. Je rajouterai une anecdote qui m’a toujours fasciné : « Professeur Rodriguez ». Un professeur de psychiatrie nommé Rodriguez désire faire une psychothérapie avec Erickson. Celui-ci sait qu’il est beaucoup plus instruit que lui et qu’il a l’esprit plus vif. Pour l’interroger, Erickson se met donc en transe hypnotique et, un jour, son patient s’en rend compte et dit : « Dr Erickson, vous êtes en transe ». Erickson lui explique alors la raison de sa démarche : il ne pouvait le traiter que comme cela, en ayant directement accès à son propre inconscient. Sidney Rosen commente l’histoire ainsi : « Même si l’on se sent « inférieur » à quelqu’un d’autre, même si l’on se sent insuffisant, on peut, si l’on veut bien puiser dans son inconscient, trouver les ressources nécessaires pour arriver à une situation ou d’égalité ou dans une position supérieure. »
Le quatrième chapitre parle de la « Suggestion indirecte » en hypnose dont Erickson est un des inventeurs. L’anecdote « Contourner la résistance » en est un bon exemple. Erickson n’arrive pas à hypnotiser un médecin particulièrement coriace. Il met alors en transe l’une de ses étudiantes à qui il demande d’hypnotiser l’homme. Celui-ci ne peut résister à cette jeune femme imperturbable. Une des idées qui en découle pour Erickson est d’assimiler la résistance à une personne ou à un endroit particulier. Sidney Rosen donne cette explication : « Il faut contourner la résistance. Faire ressortir toute la résistance possible dans cette chaise-là, puis changer de chaise. La résistance restera là, elle n’arrivera plus ici. »
Le chapitre 5 « Dépasser nos limites actuelles » est très riche d’enseignements ; j’en ai tiré trois anecdotes mais il en faudrait dix, vingt, tant Erickson savait chaque jour dépasser ses limites (à noter qu’il a quand même eu un confrère qui a posé une plainte contre lui à l’Ordre des Médecins américains). Voici donc : « Pour aller d’ici à la pièce voisine », « Péché » et «Votre alcoolique doit être sincère ».
Une des caractéristiques d’Erickson est son humour. Dans « Pour aller d’ici à la pièce voisine », il s’amuse avec un étudiant en lui demandant d'imaginer le plus de façons possibles d’aller du lieu où il est à la pièce voisine. L’étudiant en trouve huit. Erickson en cite beaucoup d’autres complètement délirantes, jusqu'à plus de trente. Le commentaire d’Erickson est le suivant, ironique : « C’est terrible ce que nous nous limitons dans nos façons de penser ! »
« Péché » est lui aussi très significatif de la pensée d’Erickson. C’est un cas extrême certes mais qui montre que tous, oui tous sans exception, nous sommes enfermés dans des schémas de pensée que l’on nous a inculqués et qu’il faut apprendre à en prendre conscience. La jeune femme de « Péché » a été convaincue par son éducation et ses parents que Dieu l’étendrait raide morte si elle entrait dans un cinéma ou dans un drugstore, si elle buvait de l’alcool ou fumait une cigarette. Par une stratégie à la fois de raisonnements et d’expérimentations, Erickson parvient à lui faire dépasser ces tabous délirants. De manière générale, une des règles éricksoniennes est de faire briser leurs interdits à ses patients. Pour cela, il leur propose de se mettre dans des situations nouvelles. Dans ces situations, ils apprennent avec leur propre expérience et non avec les indications d’autrui où sont en réalité leurs limites.
« Votre alcoolique doit être sincère » est un récit inhabituel dans les histoires d’Erickson parce, que lui qui fait parfois des thérapies en dix minutes, échoue lamentablement. Un alcoolique lui raconte son histoire et comment il vit. Erickson lui demande de faire certaines modifications dans son existence, dans certaines de ses habitudes. L’homme lui dit tout de go : « Docteur, je crois que j’ai fait une erreur en voulant arrêter de boire. » Erickson commente ainsi ce cas : « Pourtant, cette manière-là aurait été idéale. Votre alcoolique doit être sincère. » Donc, contrairement aux critiques qui lui ont été faites par la suite, Erickson admettait très simplement le fait que des fois, à cause de raisons différentes (ici le patient voit plus de risques, d’inconfort, à guérir qu’à rester dans sa situation) il pouvait tout bêtement comme les autres, malgré son expérience et l’emploi subtil de l’hypnose, échouer totalement.
Voilà. C'est tout pour aujourd'hui. La suite au prochain numéro pour le chapitre "Recadrage".
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