Les Zancigs, un extraordinaire duo de télépathes
Un ami prestidigitateur a assisté au
spectacle d’un couple de télépathes et m’a déclaré ne pas comprendre comment
ils procédaient. J’ai rédigé pour lui cette courte bibliographie commentée du
numéro de « seconde vue » (ou transmission de pensée) dont voici la
première partie.
1) 1845, Jean-Eugène
Robert-Houdin peut être considéré comme le créateur de la seconde vue. Il a
inventé une méthode de transmission de pensée qu’il exécute sur scène avec son
fils Emile dans le rôle du médium.
1868,
Confidences et révélations, comment on devient sorcier, Robert-Houdin : le grand prestidigitateur français évoque
dans ce livre ses deux expériences successives de seconde vue (dont il ne
révèle pas le secret !), la première, celle de 1845 avec la parole, la deuxième
plus mystérieuse, en ne disant aucun mot, dans laquelle son fils répondait au
signal d’une clochette.
2) 1849, un ancien militaire,
Antoine-Francois Gandon se reconvertit dans la vie civile en montant un numéro
de télépathie copié sur celui de Robert-Houdin. En 1849, Gandon publie La seconde vue dévoilée: Dernier coup porté aux sorciers et aux sortilèges. Ouvrage entièrement nouveau, donnant à tout le monde la facilité de faire des expériences dites de Seconde-Vue ou de Double-Vue. L’auteur décrit in extenso le système de codage de Robert-Houdin.
3) 1851, au Salon
Lassaigne, passage Jouffroy à Paris, l’habile professeur Lassaigne a mis au
programme La Transmission de pensée.
Mademoiselle Prudence, avec qui il opère, est un résumé vivant des plus
merveilleux phénomènes de l’art, c’est-à-dire qu’elle possède l’audition sans
le secours des oreilles, la vision sans l’aide des yeux, la communication des
pensées, la divination et l’oubli au réveil de cette léthargie lumineuse. Sur
son livre Mémoires d’un magnétiseur, il mettra en épigraphe: « La Prestidigitation est la Magie simulée,
le Magnétisme est la Magie réalisée. »
4) 1880, paraît le
livre Houdin and Hellers Second Sight Explained (La seconde vue expliquée d’après les présentations faites auparavant
par Robert-Houdin et Robert Heller). L’auteur est un mentaliste américain
nommé Washington Irving Bishop. Il dévoile la méthode de Robert-Houdin et
celle d’un autre mentaliste Robert Heller.
5) 1904, Elie
Chautard (alias Elias) publie Les révélations d’un magnétiseur, trucs employés au théâtre pour la
transmission de pensée, ouvrage dans lequel il explique une méthode de seconde vue.
6) 1908, dans son livre The unmasking of Robert Houdin, Harry Houdini essaye de contester la paternité de la seconde
vue à Robert-Houdin en décrivant des tours de télépathie inventés avant ceux du
père de la Magie moderne. Il cite le magicien allemand Philip Breslaw
et le prestidigitateur du dix-huitième siècle, Giuseppe Pinetti.
7) 1916, les Zancigs sont un couple de danois
employés de service dans une gargote de New-York. Ils montent un numéro qui
porte le tour de la seconde vue à son paroxysme. Lui, Julius Jörgensen, a près de
50 ans et elle, Agnès Claussen Jörgensen un peu plus âgée, a 57 ans. Ils
deviennent artistes professionnels et perçoivent des cachets qui battent tous
les records.
Au décès de son épouse en 1916, Julius révèle
leurs codes dans How to Zancig (dont le texte est partiellement repris dans The Zancig Code).
Voilà.
C’est tout pour aujourd’hui. La suite de 1916 à nos jours dans un prochain
article. Amitiés à tous.
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