vendredi 31 mars 2017

Compte rendu de « Lire dans votre main » de Marc Rousselet (quatrième partie).




Un très bon livre sur la chiromancie.

La chiromancie est mon vecteur de cold reading préféré. Pour toutes ces différentes mancies que l’on pratique en cold reading (comme aussi par exemple la numérologie), il est nécessaire qu’il y ait une logique, des principes, je dirais presque une rationalité. J’ai par hasard découvert il y a très longtemps une méthode de lecture des lignes de la main, Lire dans votre main de Marc Rousselet, qui, bien que basée sur des principes ésotériques, est totalement logique. Marc Rousselet est le pseudonyme anagrammatique de Marcel Rouet (1909-1982)  un grand culturiste des années 30 mais aussi un hypnotiseur de renom, auteur du livre Techniques et pratiques de l’hypnotisme.

J’en ai parlé dans un précédent article mais une partie de la chiromanice moderne vient d’Adolphe Desbarolles (1801-1886) qui était un ami proche de l'occultiste Éliphas Lévi.

J’ai expliqué déjà deux lois occultistes qui sont celles de l’unité et de l’analogie. Je parlerai à présent de la troisième loi qui est celle du ternaire.

3) La loi du ternaire.

Le ternaire symbolisé par le chiffre « 3 » apporte la clé de l’économie humaine. Notre être comprend trois centres réagissant les uns sur les autres, mais ayant chacun des fonctions spécifiques.

Dans notre corps, la tête est le domaine de l’esprit et de la pensée, le thorax est le siège de la vitalité et de l’amour, l’abdomen celui des instincts.

Dans notre visage, la partie supérieure ou centre intellectuel est représentée par la région frontale comprise entre l’implantation des cheveux et une ligne passant entre les yeux et les sourcils. La partie médiane, le centre émotionnel, comprend les yeux et le nez. La partie basse, le centre intellectuel,  est représenté par la bouche et le menton.

Il y a en résumé trois mondes représentés à la fois dans notre corps, dans notre visage et dans notre main (voir cet article de mon blog) dont il faut évaluer la proportion (donc dans le corps, dans le visage et dans la pensée) quand nous lisons une main :

1) Le premier monde, le monde intellectuel : le cérébral, les idéations, la pensée.
2) Le deuxième monde, le monde sentimental : les émotions et les sentiments.
3) Le troisième monde, le monde instinctif  : la matérialité, les plaisirs des sens et du sexe. 

C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Compte rendu de "L'art et la science de se souvenir de tout" de Joshua Foer (treizième partie).





Une autre présentation du livre.


Récemment est paru en livre de poche L’art et la science de se souvenir de tout qui est en fait le même livre que l’ouvrage en grand format Aventures au cœur de la mémoire (tous les deux la traduction de Moonwalking with Einstein). 

Aventures au cœur de la mémoire est un livre référence dans le monde de la mémoire. Il y est question de l’histoire de la mémoire et de la mnémotechnie, de la naissance des Mémoriades, les Championnats du monde de mémoire, en 1991, mais surtout de la manière dont un journaliste indépendant, Joshua Foer, est devenu champion de mémoire des États-Unis en 2006 alors qu’il ne savait même pas ce qu’était une technique de mémorisation un an auparavant ! Cet article est la suite de celui-ci

Joshua Foer le présente ainsi : "À l'avant de la salle, l'arbitre en chef, un ancien sergent instructeur, cria : « C'est parti ! » Ma juge actionna le chronomètre et je commençai à tirer les cartes du paquet, trois à la fois, de la main droite, aussi vite que cela m'était possible.

Je stockai les images dans un palais de mémoire que je connaissais mieux qu'aucun autre : la maison de Washington dans laquelle je vivais depuis l'âge de quatre ans — celle que j'avais utilisée pour mémoriser la liste de choses à faire d'Ed, sur notre rocher de Central Park, un an plus tôt.

Devant la porte, je vis mon amie Liz disséquant un cochon (deux de cœur, deux de carreau, trois de cœur). Juste derrière le seuil, l'incroyable Hulk faisait du vélo d'appartement, les lobes de ses oreilles étirés par de bizarroïdes boucles d'oreilles (trois de trèfle, sept de carreau, valet de pique). À côté du miroir, au pied de l'escalier, le footballeur Terry Bradshaw se balançait dans un fauteuil roulant (sept de cœur, neuf de carreau, huit de cœur), et juste derrière lui un jockey nain coiffé d'un sombrero sautait d'un avion avec un parapluie en guise de parachute (sept de pique, huit de carreau, quatre de trèfle). J'étais à la moitié du jeu, lorsque la voix teutonique de Maurice perça de nouveau mon casque antibruit : « Arrêtez de vous balader comme ça autour de nous ! » hurlait-il, sans doute contre un autre photographe. Cette fois, je ne le laissai pas me déconcentrer. Dans la chambre de mon frère, je vis mon ami Ben pisser sur la calotte du pape Benoît XVI (dix de carreau, deux de trèfle, six de carreau). Dans le couloir Jerry Seinfeld gisait ensanglanté sur le capot d'une Lamborghini (cinq de cœur, as de carreau, valet de cœur). Sur le seuil de la chambre de mes parents, je plaçai une image de moi-même dansant le moonwalk avec Einstein (quatre de pique, roi de cœur, trois de carreau).

L'art de la mémorisation des cartes consiste à trouver le meilleur équilibre possible entre rapidité de progression dans le paquet et précision des images formées. On doit saisir juste ce qu'il faut de chaque image pour être capable de la reconstruire plus tard, sans perdre la moindre fraction de seconde à imaginer plus de couleurs, plus de détails que nécessaire. Quand je posai les paumes à plat sur la table pour que la juge arrête le chronomètre, je me doutais que, question équilibre, j'avais plutôt cartonné. Mais j'ignorais que j'avais carrément cartonné.

La juge me brandit le chronomètre sous le nez : une minute et quarante secondes. Non seulement je n'avais jamais fait un aussi bon temps à l'entraînement, mais en plus j'avais pulvérisé le record des États-Unis qui était alors à une minute et cinquante-cinq secondes ! Je fermai les yeux, me penchai en avant pour poser le front sur la table, murmurai un bon gros juron pour mes seules oreilles et pris une seconde ou deux pour me rendre compte que je venais peut-être de faire un truc, aussi bizarre et aussi insignifiant soit-il, que personne n'avait jamais fait auparavant aux États-Unis.

Je relevai la tête et jetai un coup d'œil vers Maurice Stoll qui caressait son bouc, visiblement inquiet. Son trouble me procura un odieux sentiment de satisfaction. Puis je regardai Chester et devins nerveux. Il affichait un sourire triomphant. Il n'aurait pas dû. Son temps était pathétique : deux minutes et quinze secondes.

Au championnat du monde, où le meilleur temps est de trente secondes, ma minute quarante aurait été considérée comme tout juste passable — l'équivalent, pour tout mnémoniste européen qui se respecte, d'un mile en cinq minutes à la course à pied. Mais nous n'étions pas en Europe.
La nouvelle de mon temps record se répandit en quelques instants à travers la salle ; caméras et spectateurs commencèrent à se rassembler autour de moi. La juge posa un second jeu de cartes, non mélangé, sur la table, et le poussa vers moi. À présent, je devais mettre les cartes de ce jeu dans l'ordre de celui que je venais de mémoriser.

J'étalai les cartes en éventail sur la table, pris une profonde inspiration et fis un tour complet de mon palais. Je revis toutes mes images disposées exactement là où je les avais laissées — sauf une. Elle aurait dû être dans la douche, dégoulinante d'eau, mais je n'apercevais que des carreaux de faïence beige.

« Je ne la vois pas », pensai-je, frénétique. « Je ne la vois pas ! » Je passai à nouveau par chacune de mes images, le plus vite possible. Avais-je oublié deux orteils démesurés ? Un dandy avec une chemise à plastron ? Le généreux balcon de Pamela Anderson ? La grenouille des céréales Smacks ? Une armée de Sikhs enturbannés ? Non, non, non, non.

De l'index, je commençai à faire glisser sur la table les cartes dont je me souvenais. En haut à gauche, je plaçai mon amie Liz et son cochon mort. À côté, Hulk sur son vélo puis Terry Bradshaw avec son fauteuil roulant... Quelques secondes avant la fin de mes cinq minutes de temps de rappel, il restait trois cartes orphelines devant moi. Le trio qui avait disparu de la douche : le roi de carreau, le quatre de cœur et le sept de trèfle. Bill Clinton copulant avec un ballon de basket. Comment pouvais-je avoir oublié ça ?

Je regroupai rapidement toutes les cartes classées, posai le paquet devant ma juge et retirai mon casque et mes bouchons d'oreilles. J'avais cassé la baraque. J'en étais certain.
Après avoir attendu qu'un des caméramen se positionne pour la meilleure prise de vues possible, la juge commença à retourner les cartes du premier jeu l'une après l'autre. Pour maximiser l'effet dramatique, j'en fis autant avec le jeu que j'avais réorganisé. Toutes les cartes se correspondaient. J'étais le nouveau détenteur du record américain de vitesse aux cartes."

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !

jeudi 30 mars 2017

Compte rendu de "L'art et la science de se souvenir de tout" de Joshua Foer (douzième partie).




 Bill Cosby.


Récemment est paru en livre de poche L’art et la science de se souvenir de tout qui est en fait le même livre que l’ouvrage en grand format Aventures au cœur de la mémoire (tous les deux la traduction de Moonwalking with Einstein). 

Aventures au cœur de la mémoire est un livre référence dans le monde de la mémoire. Il y est question de l’histoire de la mémoire et de la mnémotechnie, de la naissance des Mémoriades, les Championnats du monde de mémoire, en 1991, mais surtout de la manière dont un journaliste indépendant, Joshua Foer, est devenu champion de mémoire des États-Unis en 2006 alors qu’il ne savait même pas ce qu’était une technique de mémorisation un an auparavant ! Cet article est la suite de celui-ci

Joshua Foer le présente ainsi : « La gagnante était une nageuse de compétition âgée de dix-sept ans, venue de Mechanicsburg en Pennsylvanie, qui s'appelait Erin Hope Luley. Elle avait accompli l'impressionnante performance de mémoriser cent vingt-quatre noms et prénoms — un nouveau record pour les États-Unis et un score, en lui-même, qui pouvait lui valoir le respect des meilleurs Européens. Quand son résultat fut annoncé, elle se leva et agita la main d'un air penaud. Je jetai un coup d'œil vers Ram et le surpris qui cherchait mon regard. Il haussa les sourcils, l'air de dire : « D'où elle sort, celle-là ?

Second évènement de la matinée : les nombres écrits. J’y étais toujours lamentable. Pour cette épreuve, les conseils d’Ed ne m’avaient guère aidé… car je les avais pour ainsi dire ignorés. Il  m'avait longtemps exhorté à développer un système personnel pour les nombres — pas forcément l'équivalent du « vaisseau de guerre à soixante-quatre canons » du PAO du millénaire, dont la création lui avait pris des mois, mais quelque chose qui aurait été un peu en avance, au moins, sur le simple Code chiffres-sons utilisé par la plupart des autres Américains. Pour donner satisfaction à Ed, j'avais inventé un système PAO pour les cinquante-deux cartes à jouer — mais je n'avais jamais pu me résoudre à en faire autant pour chaque combinaison de deux chiffres de 00 à 99.

M'appuyant donc sur le Code chiffres-sons, comme les autres athlètes mentaux, je tirai parti de mes cinq minutes de temps de mémorisation pour m'assurer, croyais-je, quatre-vingt-quatorze nombres. Un score médiocre même selon les critères américains. Et je trouvai en plus le moyen de me gourer sur le quatre-vingt-huitième : au lieu de Bill Cosby, j'aurais dû voir un papa, une maman et leurs deux enfants jouer tous ensemble au Destin. Je rejetai la faute de cette pitoyable performance sur Maurice que j'avais entendu, malgré mon casque antibruit, hurler : « Ah, mais ça suffit, là, les photos ! » contre un photographe de presse. Malgré quoi mes quatre-vingt-sept nombres me laissaient tout de même à la cinquième place du classement. Maurice en avait engrangé cent quarante-huit — nouveau record des États-Unis. Ram terminait deuxième avec cent vingt-quatre nombres. Erin était loin derrière, à la onzième place, car elle n'avait pu en mémoriser que cinquante-deux. Je me levai, m'étirai et allai me payer un troisième gobelet de café à la machine. « On les appelle les A.M., ou "athlètes mentaux", entendis-je Kenny Rice déclarer avec ferveur devant la caméra. Mais à ce stade de la compétition, A.M. pourrait aussi vouloir dire les "angoissés mentaux". »

J'avais travaillé avec un système mnémotechnique dépassé pour l'épreuve des nombres en cinq minutes. Mais pour le record de vitesse aux cartes, la manche suivante, j'étais le seul concurrent armé de ce qu'Ed appelait « la toute dernière machine de guerre européenne ». La plupart des Américains plaçaient encore une seule carte dans chaque lieu, et même les concurrents qui étaient sur le circuit depuis des années, tels Ram et « Ice Man » Chester, transformaient au mieux deux cartes en une seule image. Jusqu'en 2003, à vrai dire, on n'avait jamais vu personne mémoriser un paquet de cartes entier au championnat des États-Unis. Grâce à Ed, le système PAO que j'utilisais transformait trois cartes d'un coup en une seule image, ce qui signifiait qu'il était au moins 50 % plus efficace que n'importe quel système employé par les Américains. J'avais un avantage considérable. Même si Maurice, Chester et Ram devaient m'évincer dans les autres épreuves, j'espérais bien pouvoir faire grimper mon score au classement général grâce au record de vitesse aux cartes.

Chaque concurrent se vit assigner un juge, muni d'un chronomètre, qui prit place en face de lui. Le mien était une dame d'une cinquantaine d'années qui me sourit lorsqu'elle s'assit et dit quelque chose que je n'entendis pas à travers mes bouchons d'oreilles et mon casque antibruit. Pour cette épreuve, j'avais apporté mes lunettes de mémorisation peinturlurées en noir, et jusqu'à l'instant où le paquet de cartes fraîchement battues apparut sur la table devant moi, j'hésitai à les utiliser. Je ne m'étais pas entraîné sans ces lunettes depuis des lustres ; en outre, la salle de compétition du siège Con Edison était pleine de sources de distraction visuelles. Et trois caméramen de la télévision circulaient parmi les concurrents — l'un d'eux venait justement de zoomer sur mon visage. Je songeai à tous les gens que je connaissais et qui regardaient peut-être l'émission : copains et copines de lycée que je n'avais pas revus depuis des années, amis et connaissances qui ignoraient tout de mon obsession pour l'art de la mémoire, les parents de ma copine... Que penseraient-ils s'ils allumaient la télé et me voyaient affublé de ces immenses lunettes en plastique noires et de ce casque de chantier antibruit ? La honte l'emporta sur mon instinct de compétition : j'abandonnai les lunettes au pied de la table. »

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !