Les oracles chaldaïques.
J’ai choisi de m’inspirer pour
cet article du livre de Denis Labouré Les enseignements quabalistiques de l’Ordre Hermétique de la Golden Dawn, La pratique du Pilier du Milieu. Pour des raisons de commodité de lecture sur Internet, cet article est divisé
en deux parties.
Avec l'avènement du
christianisme, avant que l'empereur Justinien ne finisse par fermer les écoles
philosophiques d'Athènes en 529, il y eut un bref réveil de la flamme païenne
avec Proclus, le dernier des grands théurges classiques et des philosophes
néo-platoniciens.
Proclus (410-485) fut initié aux secrets
de la théurgie par Asclepigencia, fille d'un autre néo-platonicien, Plutarque
d'Athènes. Proclus ne se maria jamais, mais vécut une vie quasi-monastique en
compagnie des hommes et des femmes qui constituaient la communauté des philosophes
païens d'Athènes, un îlot de santé dans un monde où les hommes s'entre-tuaient
pour leurs opinions théologiques. Proclus passait de nombreuses heures en
prière contemplative, invoquait les dieux par des rites théurgiques, écrivait
sans cesse. Il fut l'hôte de la déesse Athéna qui, au dire des compagnons de
Proclus, élut demeure en sa maison après que son image eut été retirée du
Parthénon. Les écrits théurgiques de Proclus, à l'exception de quelques
fragments, furent tous détruits par ses adversaires chrétiens ; mais
quelques-uns de ses ouvrages philosophiques survécurent et, à travers une traduction
latine du Moyen Âge, conservèrent un peu du savoir de la philosophie
platonicienne et hermétique qui avait servi de cadre théorique à la théurgie
peu avant sa disparition.
Ces influences néoplatoniciennes
furent renforcées au XII ème siècle par la redécouverte de l'astrologie antique.
Celle-ci vint à la connaissance des érudits occidentaux à travers une
traduction latine établie à partir de versions arabes des écrits astrologiques
d'écrivains grecs comme Ptolémée. L'astrologie proprement dite n'entre pas dans
le propos du présent ouvrage, mais le fait qu'elle ait été acceptée par la
chrétienté occidentale, et à peu près complètement dans la seconde moitié du
Mir siècle, est un point dont l'importance ne saurait être sous-estimée. Sous
les habits des esprits planétaires, les anciens dieux étaient de retour. Avec
l'astrologie, une cosmologie magique entrait dans le paysage chrétien. Cette
cosmologie devait inspirer les magiciens savants des XV', XVI' et XVII•
siècles.
Examinons un autre héritage
recueilli par l’ésotérisme contemporain. Les
Oracles chaldaïques étaient le grand livre sacré des théurges. Cette collection
de maximes fut compilée et peut-être écrite par Julianus, un néoplatonicien de
la seconde moitié du deuxième siècle de notre ère. Elle contient des idées sur
Dieu, les démons, l'âme, le salut, le cosmos, et des indications sur les rites
théurgiques. «Ne change jamais les noms barbares», ordonnent les Oracles
chaldaïques qui enseignèrent l'importance dans les rites de ces mots archaïques
d'origine étrangère. Tout en refusant la théurgie, le chrétien byzantin Michel
Psellus (vers 1018.1082) commenta ainsi cette sentence : «Il y a chez les
peuples des noms livrés par Dieu, qui ont dans les rites une force Ineffable.
Ne les transpose donc pas en grec : Seraphlm, par exemple, ou Cherubim, Michel,
Gabriel. Car ainsi prononcés selon l'hébreu, ils ont dans les rites une action
Ineffable ; changés en noms grecs, ils perdent leur force. Plusieurs
phrases-clefs des rituels de l’ordre ésotérique de la Golden Dawn sont en fait
des sentences reprises des Oracles chaldaïques.
Les œuvres de Jamblique, Proclus,
Porphyre et Julianus qui subsistent doivent être étudiées, et bien souvent, les
principes de l’ésotérisme tel que nous le concevons seront identiques à ceux de
l'antique théurgie néo-platonicienne.
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
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