lundi 30 octobre 2017

Les théories philosophiques et religieuses des néoplatoniciens (première partie).



Le livre de Jamblique.



J’ai choisi de m’inspirer pour cet article du livre de Denis Labouré Lesenseignements quabalistiques de l’Ordre Hermétique de la Golden Dawn, La pratique du Pilier du Milieu. Pour des raisons de commodité de lecture sur Internet, ce texte est divisé en deux parties.

Le terme néoplatonisme s'applique à la philosophie de Plotin (205-270) et à celle de ses disciples (Porphyre, Jamblique, etc.) ; tous portaient à Platon, mais également à Aristote et aux stoïciens, une profonde admiration. Ils étudièrent ou enseignèrent, soit à Alexandrie, soit à Athènes, soit à Rome, parfois dans plusieurs de ces trois villes qui constituaient les grands centres intellectuels de l'Europe. Tous furent en contact plus ou moins étroit avec le christianisme à ses débuts, avec des courants gnostiques et avec différentes formes religieuses venues du Proche et du Moyen-Orient. Historiquement, le néoplatonisme coïncide avec la fin de l'Antiquité.

Pour Plotin, la voie ascendante est celle qui, remontant d'hypostase en hypostase (hypostase : principe ou réalité divine) doit nous conduire jusqu'à la contemplation de l'Un. D'où le sens et la portée de deux images-clefs utilisées par le philosophe : le jet d'eau et le rayon lumineux. Les gouttelettes d'eau jaillissent toutes du point d'où surgit le jet d'eau. Elles retombent ensuite en s'éparpillant ; elles sont l'image fidèle de la chute. C'est pourquoi nous devons nous efforcer de parcourir en sens Inverse l'itinéraire qu'elles ont suivi, afin de remonter jusqu'à l'Un. De même, les rayons lumineux sont tous issus d'un point centrai à partir duquel ils divergent. Ils se perdent insensiblement dans une obscurité où ils meurent. Nous devons nous détourner de cette issue afin de remonter jusqu'à la source de lumière à laquelle nous nous identifierons.

Ni mal ni bien, ni faute ni péché, mais un constat : plus on s'éloigne de la source de lumière, plus on s'égare dans les ténèbres, simple absence de lumière. L'âme n'a pas à être métamorphosée par une révélation, un rachat. Sa laideur vient simplement de son mélange avec la matière ; c'est donc à l'âme de s'en dégager afin qu'elle se retrouve telle qu'elle a toujours été : « C'est comme si un homme plongé dans la boue d'un bourbier ne montrait plus la beauté qu'il possédait, et comme si l'on ne voyait de lui que la boue dont il est enduit ; la laideur est survenue en lui par l'addition d'un élément étranger, et s'il doit redevenir beau, c'est un travail pour lui de se laver et de se nettoyer pour être ce qu'il était.» (Plotin, Ennéades I, 6, 5).

Par l'ascèse et la méditation, Plotin a connu cet état d'union à trois reprises : « Souvent je m'éveille de mon corps à moi-même ; je deviens extérieur aux autres choses, intérieur à moi ; je vois une beauté d'une merveilleuse majesté ; alors je le crois : je suis, avant tout, d'un monde supérieur ; la vie que je vis alors, c’est la vie la meilleure ; je m'identifie au Divin, en lui j'ai ma demeure : parvenu à cette activité suprême, c’est là que je me fixe ; je transcende toute autre réalité spirituelle ; mais, après ce repos dans le Divin, retombant de l'intuition dans la réflexion et le raisonnement, je me demande alors comment j'ai pu jamais, et cette fois encore, descendre ainsi, comment mon âme a pu venir à l'intérieur d'un corps, si déjà, alors qu'elle est dans un corps, elle est telle qu'elle m'est apparue.» (Ennéades IV 8, I, I).

Peut-on mettre au point une technique, une méthode facilitant le retour de l'homme aux dieux, l'union, au cours de l'existence, de la conscience individuelle avec le monde des Essences universelles ? C'est ce que réalisera Jamblique (né vers le milieu du III ème siècle - mort vers 330) en réinterprétant les antiques traditions égyptiennes, chaldéennes et assyriennes à la lumière de Pythagore, de Platon et des néoplatoniciens. « Ce n'est pas par la pensée, écrit-il dans Les Mystères d'Egypte, que les théurges sont liés aux dieux... l'union théurgique (avec le Divin) n'est obtenue que par l'efficacité des actes ineffables accomplis de manière appropriée». Désormais, le néoplatonisme s'efforcera d'intégrer la théurgie (du grec theos : dieu, et ergon : ouvrage).

Le théurge se consacre à la transfiguration du monde, à l'incarnation dans le chaos qu'est le monde présent du cosmos ou Ordre du Monde défini par les dieux. Ses efforts pour atteindre la divinité ont une répercussion sur l'ensemble de l'univers créé. Proclus avait observé que par les invocations magiques et l'union spirituelle, les essences divines semblaient descendre en ce monde et s'incarner dans les hommes. Le moine reclus ne prie-t-il pas pour la rédemption de l'humanité toute entière ?

La théurgie fut populaire avec les derniers philosophes païens, qui virent en elle une digue contre le flot montant du christianisme, une discipline se situant au-dessus de la philosophie en ce qu'elle donne directement accès aux dieux. Les théurges perdirent leur bataille contre le christianisme. Leur « religion » d'élite fut submergée par l’intolérance d'une Eglise d'état qui substitua la croyance à la connaissance.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

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