Un livre de Fritz Perls
Des amis m’ont dit que certains concepts
de la Gestalt-thérapie étaient pour eux difficiles à comprendre. C’est pourquoi
j’ai décidé d’entamer une suite d’articles définissant 20 notions de base de la
Gestalt-thérapie selon la classification adoptée par Serge Ginger dans son
livre « La Gestalt, l’art du contact »
Cet article est la suite de celui-ci.
Concept 7 : Le cycle de l'expérience.
Toute action individuelle ou interaction
relationnelle se déroule en plusieurs phases, constituant le cycle de
l'expérience — encore nommé, selon les auteurs : cycle du contact ou cycle de
satisfaction des besoins. Perls et Goodman distinguaient quatre phases
principales : le pré-contact, la prise de contact, le plein contact et le
post-contact.
Ce cycle-type ne se déroule pas toujours
d'une manière régulière : pour Perls et Goodman, la pathologie est l'étude des
aléas au cours de l'ajustement créatif. Perls définit le névrosé comme « une
personne qui s'adonne de manière chronique à l'auto-interruption ». Ces perturbations
du fonctionnement du self sont généralement appelées résistances. Elles peuvent
constituer soit des mécanismes de défense appropriés à la situation soit, au
contraire, des blocages anachroniques rigidifiés, attestant d'un fonctionnement
pathologique d'évitement du contact authentique.
Au cours du cycle, le self fonctionne
selon divers « modes » successifs (ça, moi, mode moyen, mode personnalité) qui
dominent à tour de rôle.
Concepts 8 : Gestalts inachevées.
Normalement, dès qu'une action
(psychique ou comportementale) est terminée, nous sommes disponibles pour une
action nouvelle : c'est la succession ininterrompue des Gestalts, en formation
puis destruction, constituant le continuum de conscience de toute personne en
bonne santé psychique et fonctionnant dans la fluidité permanente.
Lorsque le cycle ne s'est pas déroulé
d'une manière complète, la situation peut demeurer inachevée et constituer un
élément pré-conscient de pression interne — soit mobilisateur, soit source de
névrose. Ainsi, par exemple, une tâche interrompue (leçon à apprendre,
rangement en cours, dégustation d'une tartine interrompue par un coup de
téléphone, projet de sortie contrarié par un orage,...) peut demeurer présente
et n'attendre que la première occasion pour se clore : c'est l'effet Zeigarnik
— du nom de la psychologue gestaltiste russe Bluma Zeigarnik qui l'a étudié.
Mais dans d'autres situations, cette pression peut se transformer en tension
psychique lancinante et épuisante et constituer alors, à la longue, une cause
de névrose : deuil ou séparation mal assumés, chômage prolongé, insatisfaction
sexuelle chronique, échec répété à des examens, etc.
Le travail sur les Gestalts inachevées
est un exemple typique d'attention portée en Gestalt-thérapie sur des traces du
passé parasitant la vie présente : il ne s'agit pas de « se débarrasser »
magiquement d'une charge interne encombrante par une mise en action de type
psychodramatique, mais bien plutôt d'intégrer cet élément pesant de sa vie dans
un ensemble significatif, comme constituant une des « polarités » de
l'existence du client. Certains Gestaltistes considèrent le transfert comme une
« Gestalt inachevée» : figures parentales du passé venant s'interposer dans une
relation actuelle — dont l'authenticité est troublée.
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
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