Je viens de lire un livre que
j’ai trouvé à la fois passionnant, précis et déterminant sur les débuts de la
Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de
ce blog. Il s’agit de « Le moi, la faim et l’agressivité » de Fritz Perls.
Cet article est la suite de
celui-ci.
Voici le résumé de ce livre.
1) Introduction
Pour le lecteur d'aujourd'hui, Le Moi la Faim et l'Agressivité
constituent en quelque sorte la transition entre 1a psychanalyse orthodoxe et
la « Gestalt ». Mais quantité d'idées exprimées dans cet ouvrage sont encore —
plus de vingt ans après sa première édition — ignorées de la psychiatrie
moderne.
Si l'on accepte désormais les
concepts de la réalité hic et nunc
de l'organisme considéré comme un tout et de la prédominance absolue du besoin
le plus urgent, en revanche l'on comprend encore assez difficilement ce que
signifie l'agressivité en tant que force biologique, la relation entre
agressivité et assimilation, la nature symbolique du Moi, l'attitude phobique
dans la névrose et l'unité organisme-environnement.
La dernière décennie a vu
reconnaître la théorie de la conscience, mise en pratique par les trainings
sensitifs et les groupes de training. On a également accepté la validité de
l'expression spontanée non verbale (mouvements des mains et des yeux, postures,
voix, etc.). Dans le contexte thérapeutique, on passe peu à peu de la pratique
du divan, phobique (encore que prétendue objective), à la rencontre entre un
thérapeute humain et un autre humain, qui n'est plus un « cas »,
C'est là un début prometteur, mais
il reste encore beaucoup à faire. La majorité des thérapeutes et de leurs
patients ne s'est pas encore rendu compte qu'il faut probablement renoncer aux
thérapies individuelles et aux thérapies de longue durée, Bien sûr, on voit se
développer les groupes et les ateliers, mais souvent davantage pour des raisons
de facilité économique que d'efficacité. Il faudrait cependant que la séance
individuelle constitue plutôt l'exception que la règle. Sans doute ces quelques
phrases paraissent-elles aussi hérétiques que la proposition que j'ai émise
voici quelque temps : s'occuper du comportement dans l'abstrait et en dehors
des référents de temps et d'espace actuels constitue une perte de temps pure et
simple. Depuis les gigantesques découvertes de Freud, la psychanalyse a lait
des progrès considérables. Citons notamment : l'accent mis par Sullivan sur le
respect de soi (ou l'amour-propre); le concept des jeux de Berne; celui de
Roger sur le feed-back et plus
particulièrement la mise à jour par Reich de la psychologie des résistances. Le
passage de la symptomatique à la caractérologie, puis à la thérapie existentielle,
et enfin à la psychologie humaniste, est des plus prometteurs.
Depuis l'époque où je rédigeais
le manuscrit de la Gestalttherapie,
j'ai formulé de nouvelles idées. J'ai surtout réussi à briser le sentiment
d'impasse et de statu quo auquel se heurte en général la thérapie. Sans projet
approprié, le thérapeute est perdu d'avance. Rien n'empêchera le patient de
contrebalancer les efforts du praticien, ni l'emploi des meilleures techniques,
pas plus que le recours aux concepts les plus ingénieux, Dès lors, la thérapie
se fige et rien ne peut vraiment aller à son terme.
Le Moi, la Faim et l'Agressivité faciliteront les choses dans la
perspective que j'ai évoquée. Et, ne l'oublions pas, toute perspective se fonde
sur des polarités et l'attraction d'un centre, d'où l'importance du premier
chapitre malgré sa difficulté de lecture. Ici, comme dans le reste du livre,
une part importante du matériel historique est aujourd'hui démodée, mais la
signification de l'agression mal placée demeure aussi valable qu'autrefois. Le
transfert de l'agression, de la destruction des villes et des êtres à
l'assimilation et à la croissance... puisse-t-il se réaliser... Mais c'est bien
improbable.
2) But de cet ouvrage
La psychanalyse résulte
essentiellement de l'observation des faits de la vie mentale : c'est pour cette
raison que sa superstructure demeure incomplète et sujette à des modifications
constantes.
Sigmund Freud
Cet ouvrage se propose d'étudier quelques-unes
des réactions psychologiques et psychopathologiques de l'homme dans son
environnement.
Il s'articule autour de la
théorie selon laquelle l'organisme lutte
pour maintenir son équilibre, continuellement troublé par ses besoins et
retrouvé par leur élimination ou leur satisfaction.
Les difficultés qui opposent
l'individu à la société se traduiront soit par la délinquance, soit par la
névrose. Cette dernière se manifeste par diverses formes de refus, et notamment
le refus du contact.
Les relations entre l'individu et
la société d'une part, et les divers groupes sociaux de l'autre, demeurent
incompréhensibles si on ne tient pas compte du problème de l'agression.
Au cours de cette guerre, aucun
mot n'a été plus employé que celui d'« agressivité ». Quantité d'ouvrages
publiés condamnent, certes, ce phénomène, mais proposent en outre de lui
trouver un remède. Cela posé, personne n'a suffisamment explicité l'analyse ou
le sens même de l'agressivité. Rauschning, lui-même, n'arrive guère à dépasser
le fondement biologique du phénomène. Et, par ailleurs, les solutions proposées
relèvent toutes des mêmes vieux « trucs », aussi répressifs qu'inefficaces :
l'idéalisme et la religion.
Nous n'avons rien appris sur la
dynamique de l'agressivité, Et cela malgré l'avertissement de Freud les
énergies réprimées, ou refoulées, loin de disparaître, deviennent encore plus
dangereuses et plus efficaces si elles agissent hors du champ de la conscience.
Lorsque je nie suis intéressé à
la nature de l'agressivité, je me suis peu à peu, et de plus en plus, aperçu
que l'agressivité n'était pas une énergie en soi, mais qu'il s'agissait
seulement d'une fonction biologique qui s'est, de nos jours, transformée en
instrument de folie collective
Si, grâce à l'usage de nouveaux outils
intellectuels, l'holisme (conception du champ) et la sémantique (signification
du sens), nous avons considérablement amélioré notre approche théorique, je
crains fort de ne pouvoir offrir de remède pratique à l'agression collective.
Au lieu d'étudier la névrose et
l'agression d'un point de vue purement psychologique, nous le faisons par le
biais de. l'holisme et de la sémantique, ce qui révèle au passage un certain
nombre de « trous » dans la méthode psychologique la plus fouillée, à savoir la
psychanalyse.
Cette dernière met l'accent sur
l’inconscient et l'instinct sexuel, sur le passé et la causalité, sur les
associations, le transfert et les refoulements, niais elle sous-estime, et
néglige parfois, l'importance du Moi, de la faim en tant qu'instinct, de
l'instant, du vouloir immédiat, de la concentration, des réactions spontanées
et de la réflexion.
Une fois ces a trous » comblés,
et après avoir examiné des concepts psychanalytiques aussi douteux que ceux de
libido, instinct de mort, etc., nous élargirons dans la deuxième partie notre
nouveau concept, en l'étendant à l'assimilation mentale et au caractère
paranoïde.
La troisième partie se propose de
fournir des conseils détaillés pour une technique thérapeutique élaborée à
partir de cette nouvelle approche théorique. Étant donné que l'«évitement» est
censé être le symptôme central de tous les troubles nerveux, j'ai substitué à
la méthode des associations libres l'antidote « évitement-concentration. »
Voilà. C’est tout pour le moment
comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du
dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.
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