Paul Goodman.
Je viens de lire un livre que
j’ai trouvé à la fois passionnant, précis et instructif sur la création de la
Gestalt-thérapie. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de
ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls.
Cet article est la suite de celui-ci.
Voici le résumé de ce livre.
Lumière et ténèbres, opposés
inconciliables du point de vue de l'abstraction. Comment peut-il y avoir
lumière quand il y a obscurité, l'essence même du néant ? L'un exclut l'autre.
Maintenant, regarde cet arbre
dans le soleil. Tu vois l'ombre ? L'ombre sans lumière, la lumière sans ombre ?
Impossible ! En ce cas, la lumière et l'obscurité se déterminent l'une l'autre
; elles s'incluent l'une l'autre.
Est-ce qu'un cinéma en plein air
montre des films en plein jour ? Pour avoir des images nettes à l'avant-plan,
nous avons besoin de l'obscurité en arrière-plan. Afin de rester simple,
tenons-nous-en à un film noir et blanc. Nous avons besoin du contraste du noir
et du blanc. Nous avons besoin d'un contraste équilibré. Trop de contraste et
l'image sera dure, trop peu et elle sera plate. Votre télé a des réglages qui
vous permettent d'arriver au meilleur résultat. Ici encore, le noir et le blanc
se déterminent l'un l'autre. Un écran complètement noir ou blanc constitue un
rien par rapport à son contenu. Le contenu, qui est l'image, est une
différenciation en petits points blancs et noirs qui ont une signification.
Grimpant dans l'échelle des
valeurs, on trouve Rembrandt, dont les juxtapositions de lumière et d'obscurité
sont un des sommets de l'art.
Le zéro n'est rien, un néant. Un
point neutre à partir duquel naissent les contraires. Une indifférence
automatiquement créatrice dès que la différenciation commence. Nous pouvons
choisir au hasard n'importe quel point et fixer le zéro en ce point-là. Si vous
décidez de lancer une fusée le jour x/y/z, vous commencez par un compte à
rebours de jours, d'heures, de minutes et de secondes, jusqu'à zéro, et
poursuivez par un compte en avant de secondes, de minutes, d'heures et de
jours.
Un budget en équilibre, c'est un
budget dans lequel la somme du débit et du crédit est égale à zéro, qu'il
s'agisse de millions ou de centimes.
Nous avons l'habitude d'appeler
le point zéro « normal ». Nous parlons de température normale, de numération
globulaire normale, etc., ad infinitum. N'importe quel plus ou quel moins est
appelé anormal, signe de mauvais fonctionnement, de maladie, si ce plus ou ce
moins est important.
Dans le cas d'un organisme
vivant, le point zéro, la normale, doit être maintenu ou l'organisme cessera de
fonctionner, l'organisme mourra.
Chaque cellule, chaque organe,
chaque organisme dans son entier a un nombre considérable de fonctions normales
à maintenir.
Chaque cellule, chaque organe,
chaque organisme dans son entier s'emploie à disposer de tout excès (+) ou à
combler toute déficience (—) afin de maintenir le point zéro, le point de
fonctionnement optimal.
Chaque cellule, chaque organe,
chaque organisme dans son entier est en contact avec son environnement,
éliminant les surplus et refaisant le plein.
Chaque cellule, chaque organe a
un environnement intra-organique dans lequel il est inséré : fluides du corps,
nerfs, etc. L'organisme entier a pour environnement le monde dans lequel il
doit maintenir le subtil équilibre organique.
Tout trouble de cet équilibre constitue une Gestalt incomplète, une
situation inachevée qui force l'organisme à devenir créatif et à trouver le
moyen de rétablir l'équilibre.
Toute carence — de calcium,
d'acides aminés, d'oxygène, d'affection, de puissance, etc. — crée le besoin de
se les procurer quelque part. Nous n'avons pas d' « instinct » pour le calcium,
les acides aminés, l'oxygène, etc., nous créons ces milliers d' « instincts »
possibles ad hoc chaque fois qu'un équilibre spécifique est détruit.
Tout excédent crée temporairement
l'instinct de s'en débarrasser — acide carbonique, acide lactique, sperme,
fèces, irritation, griefs, fatigue, etc. — afin de rétablir l'équilibre
organique.
Chaque respiration refait le
plein d'oxygène et élimine le gaz carbonique. On confond souvent — pensée
bancale — respirer et inspirer.
Je ne me lave pas les mains dans
une cuvette à moitié pleine d'eau sale. Je n'ajoute pas d'eau propre dans la
cuvette avant d'avoir jeté ce qui reste d'eau sale.
Pour me débarrasser de l'air «
sale », je commence par exhaler. Si inspirer devient une obsession, on peut
voir apparaître l'asthme, tentative désespérée de la nature pour expulser l'air
vicié.
J'ai « guéri » rapidement tous
les asthmes psychogénétiques que j'ai rencontrés. Dans la plupart des cas il y
avait derrière cet asthme une gêne, une crainte de faire ces bruits de
respiration haletante, qui vont de pair avec l'orgasme. La crainte de révéler
qu'on se masturbe, ou la peur d'être découvert, couchant avec quelqu'un sont
des occasions privilégiées qu'il faut analyser pour dénouer complètement la
crise. Je les laissais jouer à « baiser » et l'impasse respiratoire se
résolvait par quelques vertiges suivis d'un formidable soulagement.
Voilà. C’est tout pour le moment
comme dans les séries télé américaines ou les romans-feuilletons du
dix-neuvième siècle. Amitiés à tous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire