Le bouddha allongé pour son parinirvana
Conférence de Vassika sur la mort selon le bouddhisme à la fête du Parinirvâna
du 14 02 2016
du 14 02 2016
Le dimanche 14 février 2016 était fêté au Centre Bouddhiste
Triratna de Paris le parinirvâna du Bouddha. Le parinirvâna correspond à la
mort physique du Bouddha, bien après qu’il ait atteint le Nirvana (l’éveil).
Vassika, la Présidente du Centre Bouddhiste Triratna de Paris, a pour l’occasion proposé une conférence sur la mort
selon le bouddhisme. Je m’excuse d’avance de n’avoir choisi que l’essentiel de
ce qu’elle a dit et de ne pas rendre l’ensemble de sa conférence sans omission.
Toujours pour des raisons de commodité de lecture sur
Internet, cette conférence sera divisée en deux articles.
Épigraphe
« Les autres ne comprennent pas que nous demeurions ici-bas
en présence de la Mort. Mais chez ceux qui le comprennent, les querelles
s’apaisent alors. » (Dhammapada, versets conjugués 6) (Le Dhammapada est
l’un des textes du Tipitaka, le canon bouddhique Pali — un peu comme les Évangiles
pour les Chrétiens). Il s’agirait d’un des plus anciens textes bouddhiques
conservés de nos jours.
Dans notre société occidentale, la mort fait peur. Cela est
dû d’abord à l’attachement. Il y a trois sortes d’attachements : au
plaisir, aux personnes qui nous sont chères et à l’existence en général. Cette
situation est due à ce que, dans l’enseignement bouddhiste, on appelle une
vision erronée. Cette vision erronée consiste à nous identifier à notre
personne physique : pour nous, notre corps correspond à nous-même.
« De l’attachement naissent le chagrin, la crainte ; du désir naît le
chagrin. Pour celui qui est complètement libre du désir, il n’y a pas de
chagrin. D’où alors la crainte ? » (Dhammapada, Versets sur les affections,
215).
A) Un
des seuls moyens de nous affranchir de cette peur est de nous libérer de
l’illusion due à notre perception du monde. Pour le bouddhisme, il y a les trois
lakhshanas, qui sont les caractéristiques
des évènements qui se produisent dans notre monde : l’impermanence (anitya), l’insatisfaction (dukkha),
le non-soi (l'anatma). Trois portes, les portes vers la libération (vimoksa-mukhas), leur correspondent : la porte sans signe ou
sans image, la porte sans tendance ou sans direction, la porte de la vacuité.
1)
Impermanence des choses (porte sans signe).
On peut en donner deux exemples : le
gâteau que je mange va disparaître, ma voiture va tomber en panne.
Un des dogmes fondamentaux du bouddhisme
est que toutes les choses sont des processus, elles sont constamment en
mouvement. Prenons l’exemple d’un arbre : il est d’abord une graine, puis
une pousse, puis un grand arbre, puis
une bûche. Mais à quel moment la graine devient-elle une pousse ? (c’est
impossible à déterminer !). Entre la graine et la jeune pousse, il y a donc
un processus continu (sans arrêt). On en arrive finalement à la caractéristique
de la porte sans signe ou sans image : le mot « graine » et le
mot « pousse » sont seulement des étiquettes que l’on met sur des
objets.
Dans notre monde, on est attaché à la
graine et l’on connaît la souffrance quand elle se change en pousse. Notre
attachement est en fait un attachement à des étiquettes.
2) Insatisfaction (porte sans tendance).
Dans
cette vie, nous connaissons constamment la souffrance parce que tout notre être
est constitué d’attentes. Nous effectuons tout le temps des efforts désordonnés
pour que les choses arrivent telles que nous les attendons, les voulons, et
souvent cela ne se passe pas ainsi (nous sommes alors très déçus, désorientés,
malheureux, déprimés). Nous avons deux mouvements permanents : nous fuyons
les situations douloureuses et nous luttons pour obtenir des situations avec du
plaisir. L’esprit est constamment en train de se plier, de se pencher vers des
directions différentes.
D’un point de vue philosophique, on
voudrait que les choses soient différentes de ce qu’elles sont, on voudrait
changer la réalité (mais il y a des choses qui sont impossibles à changer).
Dans la porte sans tendance, l’esprit
contemple la réalité comme si l’on n’avait nulle part où aller, pas de
direction, pas de tendance, pas d’inclinaison vers ceci ou cela (douleur ou
plaisir).
3) Le non-soi (porte de la vacuité).
Où est l’essence de l’arbre (son Soi) ?
Est-elle dans le tronc, dans les feuilles ? Personne ne le sait, personne
ne pourra le dire.
En fait, selon le bouddhisme, il n’y a rien qui existe en soi.
Voilà. C’est tout pour
aujourd’hui.
La suite au prochain numéro comme
dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries
télévisées américaines actuelles.
Amitiés à tous.
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