dimanche 13 novembre 2016

Présentation de l’étude « Atteindre l’excellence » de Robert Greene, Introduction (troisième partie).



Napoléon, un maître contesté


J’ai extrait ma biographie de Marcel Proust d’un livre de l’écrivain Robert Greene Atteindre l’excellence que je trouve très bien pensé (et réaliste). Je vais vous détailler certains passages de cet ouvrage. « Atteindre l’excellence » ne signifie pas, de manière compulsive, être premier de la classe ou être le plus remarqué à son boulot mais seulement développer le meilleur de ce qu’il y a en vous.
Pour des raisons de commodité de lecture sur Internet, ce texte est divisé en plusieurs articles. Il est la suite d' une deuxième partie.

Dans les périodes de créativité exceptionnelle, la nécessité nous oblige à des résultats. Nous sommes alors contraints de sortir du carcan de nos pensées habituelles et de nous brancher sur le monde, sur les autres et sur la réalité. A ces moments-là, on dirait que notre esprit, tourné entièrement vers l’extérieur, est envahi par la lumière du monde qui nous entoure et détecte brusquement de nouveaux détails et de nouvelles idées ; nous avons l’inspiration, nous devenons créatifs.

Une fois la date limite passée ou la crise finie, ce sentiment de puissance et de créativité exacerbée s’estompe. Nous retombons dans notre état de distraction et notre sentiment de tout contrôler s’évanouit. Si seulement nous pouvions déclencher cet état d’esprit selon notre bon vouloir et, d’une certaine façon, rester « vivants » plus longtemps… Hélas, ce processus apparaît bien mystérieux et indéfinissable.

Notre problème est que cette forme de puissance et d’intelligence ne constitue pas un sujet d’étude (à part pour Napoléon Hill qui écrivit la remarquable étude Réfléchissez et devenez riche) et elle est auréolée par toutes sortes de mythes et d’idées fausses qui ne font qu’en épaissir le mystère. Nous imaginons que la créativité et le génie arrivent de nulle part, fruits d’un talent naturel ou d’une conjonction astrale. Il serait immensément utile de résoudre cette énigme, de donner un nom à ce sentiment de puissance, d’étudier ses racines, de définir le type d’intelligence auquel il conduit et comprendre la façon dont on peut le produire et l’entretenir. 

Appelons cette sensation la maîtrise, la sensation d’avoir davantage de prise sur la réalité, sur les autres et sur nous-mêmes. Pour beaucoup, cette expérience n’est que passagère mais pour d’autres, les maîtres dans leur domaine, elle devient une habitude, une façon de voir le monde. La bonne nouvelle est qu’à la source de ce pouvoir, il y a un processus que chacun peut acquérir d’une manière simple et facile.

Ce processus peut être illustré de la façon suivante : pour apprendre par exemple le piano ou occuper un nouveau poste, on a besoin d’acquérir certaines compétences. Au début, on est totalement étranger à l’affaire. Nos premières impressions du piano ou du milieu de notre nouveau travail sont fondés sur des préjugés, nous éprouvons une certaine crainte. Quand on commence l’étude du piano, le clavier a quelque chose de rebutant : on ne comprend pas les relations entre les touches, les cordes, les pédales et tout ce qu’il faut pour faire de la musique. En débarquant dans un nouveau milieu de travail, on ignore les relations de pouvoir, la psychologie du chef, les règles de procédures considérées comme essentielles au succès. On est désorienté : on se sent débordé par la quantité de connaissances à acquérir.

On a beau aborder avec enthousiasme l’acquisition de nouvelles compétences et connaissances, on comprend vite l’étendue du travail à fournir. Le grand danger est de se laisser submerger par l’ennui, l’impatience, la peur et la confusion. On cesse d’observer et d’apprendre : le processus finit par s’arrêter.

Si, en revanche, on gère ses émotions et qu’on laisse le temps faire son œuvre, quelque chose de remarquable commence à se dessiner. A force d’observation et d’imitation, on gagne en clarté, on apprend les règles et on voit comment tout se met ensemble (cela m’est arrivé plusieurs fois dans ma vie). Avec la pratique, on acquiert l’aisance ; les connaissances de base sont maîtrisées et on est en mesure de relever des défis de plus en plus intéressants. On entrevoit des liens naguère invisibles et on dépasse ses faiblesses à force de persévérance.

A un moment donné, on cesse d’être un étudiant et on devient un praticien (je l’ai vécu aussi !). On teste ses propres idées et on observe avec intérêt les réactions qu’elles suscitent. On utilise ses nouvelles connaissances de façon de plus en plus créative. On n’apprend pas seulement des autres, on se crée un style et une personnalité.

Voilà. C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.

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