mercredi 2 novembre 2016

« Vie de Marcel Proust » dans « Atteindre l’excellence » de Robert Greene, chapitre 6.



Marcel Proust


Je n’ai jamais vu de description de l’existence de Marcel Proust aussi exacte et aussi parlante que celle de Robert Greene dans son livre Atteindre l’excellence.

Le destin de Marcel Proust (1871-1922) semblait scellé dès sa naissance. Anormalement frêle et petit, il resta aux frontières de la mort pendant ses quinze premiers jours et s’en sortit de justesse. Ce fut un enfant souffreteux, parfois incapable de sortir pendant des mois. A neuf ans, sa première crise d’asthme manqua bien de l’emporter. Sa mère Jeanne, constamment inquiète pour sa santé, s’attacha passionnément à lui ; elle l’accompagnait lors de ses longues convalescences à la campagne.

Au cours de ces séjours, il prit des habitudes qu’il devait garder sa vie durant. Souvent seul, il s’abandonnait à sa passion pour la lecture. Il aimait l’histoire et toutes les formes de littératures. Il faisait de longues promenades dans la campagne, où des tas de choses le captivaient. Il s’attardait des heures devant des fleurs de pommier ou d’aubépine, et devant la moindre plante qui lui paraissait exotique. Il était fasciné par les colonnes de fourmis et par les araignées sur leur toile. Il se plongeait dans des livres de botanique et d’entomologie. La plus proche compagne de ses jeunes années fut sa mère, à laquelle il s’attacha au-delà du raisonnable. Ils se ressemblaient et avaient les mêmes penchants artistiques. Il ne pouvait être séparé d’elle plus d’une journée et, pendant les rares heures sans elle, il lui écrivait des lettres interminables.

En 1886, il lut un livre qui changea le cours de sa vie. Il s’agissait d’Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands d’Augustin Thierry. L’auteur avait une plume si alerte que le petit Proust se crut transporté en arrière dans le temps. Thierry citait les lois immémoriales de la nature humaine dévoilées dans son récit ; la possibilité de découvrir ces lois donnait à Proust le vertige. Les entomologistes étaient capables de découvrir les principes cachés gouvernant le comportement des insectes. Un écrivain pouvait-il faire la même chose avec l’homme, si complexe ? Captivé par la capacité de Thierry à rendre l’Histoire si vivante, Marcel Proust eut en un éclair l’intuition qu’il s’agissait de l’œuvre de sa vie : devenir écrivain et éclairer les lois de la nature humaine. Talonné par la certitude qu’il mourrait jeune, il décida de hâter ce processus et de faire tout ce qu’il pouvait pour apprendre l’écriture.

Voilà. C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.

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