Un autre livre sur la
Gestalt-thérapie
Des amis m’ont dit que certains concepts
de la Gestalt-thérapie étaient pour eux difficiles à comprendre. C’est pourquoi
j’ai décidé d’entamer une suite d’articles définissant 20 notions de base de la
Gestalt-thérapie selon la classification adoptée par Serge Ginger dans son
livre « La Gestalt, l’art du contact ».
Cet article est la suite de celui-ci.
Concept 1 : Le « Now and how »
La formulation de Fritz Perls lui-même,
le fondateur de la Gestalt : « now and how » (« maintenant et
comment ») traduit mieux la démarche gestaltiste que la formule désormais
classique « ici et maintenant », laquelle est loin d'être spécifique à la
Gestalt. En effet, bien d'autres méthodes sont centrées sur l'ici et maintenant
: l'approche rogérienne (préconisée par le psychologue américain Carl Rogers,
approche « centrée sur le client », souvent dénommée — à tort — « non directive
»), les pratiques orientales (zen, tai-chi, etc.), les principales
psychothérapies de groupe et même la psychanalyse — puisqu'elle travaille
surtout sur le transfert, censé reproduire ici et maintenant, face au psychanalyste,
les attitudes névrotiques de mon enfance.
« Maintenant et comment », en revanche,
souligne l'aspect spécifiquement phénoménologique de la Gestalt-thérapie qui
s'attache au comment plus qu'au pourquoi, privilégiant la description des
phénomènes à leur explication : « Revenir du discours sur les choses, aux
choses elles-mêmes, telles qu'elles apparaissent en vérité, au niveau des faits
vécus, antérieurement à toute élaboration conceptuelle déformante » (Husserl,
1907). La phénoménologie souligne l'importance des facteurs subjectifs et
irrationnels, l'expérience immédiate vécue, avec son ressenti corporel unique
pour chacun. Le comment se traduit notamment dans la posture et les gestes ou «
micro-gestes » inconscients, dans la respiration, les intonations de la voix,
etc. Les modalités implicites du comportement et du discours priment souvent
leur contenu explicite : ainsi, Fritz Perls — comme le fera plus tard Lacan —
souligne une prééminence du signifiant sur le signifié.
Bien évidemment, le travail sur le maintenant
n'interdit en rien l'évocation de souvenirs, de craintes ou de projets — sous
réserve qu'ils émergent spontanément chez le client,
consciemment ou non : ils sont présents maintenant dans son esprit ou dans
son cœur et nourrissent son vécu actuel. Ils sont d'ailleurs forcément modulés
par le contexte présent (interne et externe au client) et ne sont donc jamais
des « vérités historiques » pures.
Naïfs sont certains Gestaltistes trop
zélés qui tentent de maintenir à tout prix leur client dans l'étroite prison
du présent. En revanche, contrairement à la stratégie psychanalytique
traditionnelle, on n'incitera pas le client à rechercher les souvenirs passés,
à entreprendre de longues « fouilles archéologiques », selon l'expression de
Fritz Perls. Mieux vaut d'abord s'installer confortablement au « rez-de-chaussée
» de sa maison et aménager sa « salle de séjour » actuelle, avant
d'entreprendre un nettoyage exhaustif des déchets accumulés dans sa cave... ce
qui peut prendre de longues années, comme chacun sait ! Il sera toujours temps
de le parachever par la suite — si les traces du passé restent gênantes. Mais on aura, au moins, récupéré, pour le
faire, l'énergie du présent.
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
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