Robert Greene, un des deux auteurs
Robert Greene, un auteur très
connu de développement personnel, a coécrit cet ouvrage La 50e loi : la peur est votre pire ennemi avec un rappeur
mondialement connu qui se fait appeler 50 cent (son vrai nom est Curtis James
Jackson III) et qui est un ancien dealer de drogue.
L’introduction porte sur la peur
avec une citation de Malcom X en exergue : « De tous les ennemis de l’homme,
la peur est le plus redoutable. Je sais que certains d’entre vous ont peur d’écouter
la vérité. On vous a élevés dans la crainte et le mensonge. Mais moi, je vais
vous prêcher la vérité jusqu’à ce que vous soyez libérés de cette peur… »
Au commencement, la peur était
une émotion élémentaire de cet animal qu’était l’homme. Face à quelque chose
qui l’écrasait — la menace d’une mort imminente due aux guerres, aux
épidémies, aux animaux sauvages, aux calamités naturelles —
il avait peur. Comme chez les autres animaux, cette émotion avait un rôle
protecteur : l’homme pouvait, par elle, prendre conscience du danger et le
fuir à temps. Chez l’homme, elle avait un rôle supplémentaire et positif :
elle permettait de garder souvenir de la source du danger et de s’en protéger
la fois suivante.
Mais au fil des âges s’est
produit quelque chose d’étrange. Les terreurs justifiées auxquelles l’homme
était jadis confronté ont diminué d’intensité au fur et à mesure que celui-ci
améliorait sa maîtrise de l’environnement. Mais ses peurs, au lieu de s’atténuer
dans la même mesure, se sont mises à pulluler. L’homme a commencé à s’inquiéter
de son statut social : m’aime-t-on ? Suis-je intégré dans le groupe ?
Il s’est inquiété de ses moyens d’existence, de l’avenir de sa famille, de sa
santé et de son vieillissement. A la place de peurs simples et intenses face à
des dangers réels, nous avons développé une vague angoisse généralisée. Comme
si les millénaires de peur face à la nature ne pouvaient s’effacer : il
fallait trouver quelque chose, même dérisoire ou improbable, pour réorienter
notre anxiété.
Dans l’évolution de la peur, un
tournant décisif a été pris au XIX° siècle quand les publicitaires et les
journalistes ont compris qu’en enveloppant de peur leurs campagnes et leurs
articles, ils pouvaient capter notre attention. La peur est une émotion que l’on
a du mal à vaincre et même à maîtriser. Par conséquent, on nous fournit sans
cesse de nouvelles sources d’angoisse : les problèmes de santé publique
(sida, cancer, infarctus, etc.), l’insécurité, les gaffes que l’on peut
commettre en société, les innombrables dangers de l’environnement (pollution,
malbouffe, etc.). Avec l’aide de médias toujours plus élaborés et l’impact de l’audiovisuel,
on arrive à nous convaincre que nous sommes des créatures fragiles dans un
milieu regorgeant de dangers… alors que nous vivons dans un monde infiniment
plus sûr et plus prévisible que tout ce que nos ancêtres ont connu. Sous cette
pression, nos anxiétés n’ont fait que s’aggraver. Un exemple : certaines
personnes ont peur de prendre le métro à Paris tard le soir. Il faut savoir qu’au
Moyen Âge, il était réellement pratiquement impossible de se promener à Paris la
nuit sans risquer de se faire dévaliser ou égorger !
Le résultat qui a été obtenu est
que l’homme est devenu aujourd’hui un animal incapable de se débarrasser de ses
peurs ; il en héberge une telle quantité qu’elles tendent à modifier la
façon dont il perçoit le monde. Il est passé de la peur due à telle ou telle
menace à une attitude généralement peureuse vis-à-vis de la vie elle-même. Il
en vient à n’apprécier un événement qu’en termes de risque. Il exagère les
dangers et sa propre vulnérabilité. Il se focalise immédiatement sur un malheur
toujours possible. Ce phénomène est en général inconscient car on l’accepte
comme normal. En temps de prospérité, on a le luxe de se tracasser à maints
propos. Mais en période troublée, cette attitude craintive devient
particulièrement pernicieuse ; dans des moments pareils, il faudrait
résoudre des problèmes, affronter la réalité telle qu’elle est et aller de l’avant
mais la peur conduit à battre en retraite et à nous retrancher.
Robert Greene cite le président Roosevelt qui
a quand même réussi à résorber la grande crise économique de 1929 aux
États-Unis : « Tout d’abord, permettez-moi d’affirmer que la seule
chose que nous ayons à craindre est la peur elle-même : une terreur sans nom,
irrationnelle et injustifiée qui paralyse les efforts nécessaires pour
transformer la retraite en avance. »
Voilà. C’est tout pour le moment.
Je parlerai de la suite de « La 50e Loi, la peur est votre ennemie » dans
un prochain article. Amitiés à tous.
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