Thomas Edison avait atteint ce que Robert Greene appelle la maîtrise
J’ai extrait ma biographie de
Marcel Proust d’un livre de l’écrivain américain Robert Greene Atteindre l’excellence que je trouve
très bien pensé (et réaliste). Je vais vous détailler certains passages de cet
ouvrage. « Atteindre l’excellence » ne signifie pas, de manière
compulsive, être premier de la classe ou être le plus remarqué à son boulot
mais seulement développer le meilleur de ce qu’il y a en vous.
Robert Greene nous parle d’un
processus très important : la maîtrise.
On peut appeler ce pouvoir
intuition mais celle-ci n’est rien de plus qu’une perception soudaine et
immédiate de la réalité, sans qu’il faille mettre dessus des mots et des formules.
Les mots et les expressions viendront peut-être plus tard, mais c’est cet
éclair d’intuition qui, en définitive, conduit plus près de la réalité notre
esprit soudain illuminé par une parcelle de vérité qui nous était précédemment
cachée, à nous et aux autres.
L’animal a une capacité
d’apprentissage mais il se fie essentiellement à son instinct pour réagir à son
environnement et se garder à l’écart du danger. Grâce à l’instinct, il est
capable d’agir vite et de façon efficace. L’homme, en revanche, se fie à sa
pensée rationnelle pour comprendre son milieu. Par conséquent une bonne part de
nos pensées obsessionnelles nous coupe du monde. Au niveau de la maîtrise,
l’intuition est un mélange d’instinct et de rationalité, de conscient et
d’inconscient, d’humain et d’animal. C’est notre façon à nous de saisir les
évènements de façon soudaine et puissante et de penser et ressentir les choses
« de l’intérieur ». L’enfant a une certaine capacité d’intuition et
de spontanéité, mais chez l’adulte, ce pouvoir est en général écrasé par une
pléthore d’informations qui encombrent l’esprit et s’y accumulent avec le
temps. Les maîtres retournent à l’état d’enfance, leurs travaux font preuve
d’un niveau élevé de spontanéité et d’un bon accès à l’inconscient, mais à un degré
beaucoup plus développé que chez l’enfant.
Si nous suivons ce processus
jusqu’à son terme, nous activons la capacité d’intuition latente dans tout cerveau
humain, un pouvoir dont nous avions fait l’expérience fugitive quand nous nous
concentrions sur un problème ou un
projet unique. En vérité, il arrive fréquemment que l’on ait un aperçu de ce
pouvoir : par exemple, quand nous avons une vague idée de ce qui va
survenir dans une situation particulière ou quand la réponse idéale à un
problème surgit en nous comme venue de nulle part. Mais ces moments sont éphémères,
ils ne se fondent pas sur une expérience suffisante pour être déclenchés sur
demande. Quand on atteint la maîtrise, l’intuition devient une faculté qui se
commande, le fruit d’un long travail. Et comme le monde récompense la
créativité et la capacité à découvrir des aspects nouveaux de la réalité, cela
nous confère en pratique un pouvoir immense.
Il faut voir la maîtrise de la
façon suivante : tout au long de l’Histoire, des hommes et des femmes se
sont sentis prisonniers des limites de leur conscience, de leur manque de
contact avec la réalité et de leur faible capacité à changer le monde autour
d’eux. Ils ont cherché toutes sortes de raccourcis pour parvenir à un état de
conscience supérieur et une meilleure maîtrise de leurs sens, grâce à des
rituels magiques, des transes, des incantations et des drogues. Ils ont
consacré leur vie à l’alchimie, à la recherche de cette pierre philosophale qui
transforme toute matière en or.
Cet appétit de raccourci magique
fait encore florès aujourd’hui sous la forme de recettes simples conduisant au
succès, de secrets antiques enfin dévoilés selon lesquels un simple changement
d’attitude attirera l’énergie qui convient. Il y a dans tous ces efforts des
traces de vérité : par exemple, l’effet magique d’une concentration
maximum. Mais au bout du compte, toute cette quête est centrée sur quelque
chose qui n’existe pas : un chemin facile vers le pouvoir, une solution
rapide ne demandant pas d’efforts, l’eldorado de l’esprit.
Pendant que tant de gens
s’égarent dans des fantasmes sans fin, ils ignorent le seul pouvoir qu’ils
possèdent réellement. Et on peut constater les effets concrets de ce pouvoir
qui n’a rien à voir avec la magie ni les formules simplistes : on le
trouve dans les grandes inventions et découvertes, les chefs-d’œuvre de
l’architecture et des arts plastiques, les exploits technologiques, tous les
travaux d’un esprit parvenu à la maîtrise. Ce pouvoir confère à ceux qui le
possèdent un lien particulier avec la réalité et une capacité à changer le
monde dont les mystiques et magiciens du passé ne pouvaient que rêver.
Au fil des siècles, on a érigé un
rempart autour de la maîtrise. Celle-ci a été baptisée génie et jugée
inaccessible. On l’a étiquetée comme le résultat d’un privilège, d’un talent
inné ou d’une conjonction planétaire extraordinaire. On en a fait quelque chose
d’aussi insaisissable que magique. Mais ce rempart est imaginaire. Voilà le
véritable secret : notre cerveau est le résultat de six millions d’années
d’évolution et, plus que tout autre chose, l’évolution de ce cerveau a été
conçue pour nous conduire à la maîtrise, ce pouvoir latent chez n’importe qui.
Voilà. C’est tout pour le moment.
La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire