Un très bel ouvrage sur la nature de Bouddha.
La plupart de ces éléments
viennent de 50 notions clés sur Le Bouddhisme pour les nuls de
Marine Manouvrier.
La première chose à faire devant
un pareil mot, c'est de ne pas s'affoler ! Et de nous rappeler certaines
choses... Reprenons une métaphore bien aidante : les enseignements du Bouddha
montrent la voie qui mène d'une rive où l'Éveil n’est pas reconnu dans l'existence
du pratiquant à la rive éveillée de son existence. Poursuivons : le Bouddha a traversé
les eaux et voit ce qu’est l'existence à partir de l'Éveil. À ce moment, il se
demande comment transmettre son expérience à tous ceux qui n’ont pas
encore fait cette traversée. Il craint d'utiliser un langage propre à
son nouveau sol qui ne pourrait être compris de tout autre. Il va donc prendre
un certain temps avant de décider d'enseigner et de tourner la Roue du Dharma.
Une voie progressive
Le Bouddha était un grand
pédagogue : il avait cette précieuse qualité de pouvoir transmettre ses
enseignements à partir d'un point de vue qui pouvait être compris par celui qui
l'écoutait. Il enseignait différemment selon qu’il s’agissait d'un roi, d'un
pâtre, d'une mère ayant perdu son enfant, et son interlocuteur se disait instantanément : « Cette parole, elle me parle
! » Il en reconnaissait la vérité dans son expérience propre.
Après l'Éveil, le Bouddha a donc
renoncé à transmettre son expérience de l'existence éveillée, simplement car
cette parole aurait été inaudible. Il a donc réfléchi à tracer un chemin qui
parlerait à tous à partir de leur expérience : c'est l'enseignement des Quatre
Nobles Vérités. Il tourna ensuite une seconde fois la Roue du Dharma, car il
estimait que ses zélés disciples étaient arrivés à un point du chemin où
l'enseignement sur la vacuité ferait sens à leurs yeux. Vint enfin le temps où
le Bouddha put transmettre à partir de
ce qu’il avait vu avec un œil éveillé. Il tourna alors pour la troisième fois
la Roue dû Dharma et enseigna le Tathagatagarbha.
La dimension originelle de l’existence est l’Eveil
Ayons à l'esprit que Tathagata
est l'un des nombreux noms que portent tous les Bouddhas. Étymologiquement,
voici comment se décompose ce mot : tatha veut dire « ainsi » dans le sens de «
C'est ainsi ! », gata signifie: « allé », et garbha « la matrice » et « l’embryon
», pointant donc la dimension originelle. Nous arrivons à «
l'ainsi-allé-originel ». Qu'est-ce que cela veut dire ? Tout simplement que la
dimension de l'Éveil est originelle c'est-à-dire que dès l'origine l'Eveil est
la dimension de l’existence. Nous comprenons mieux maintenant pourquoi l'Éveil
est quelque chose que nous avons non pas à atteindre mais à « dé-couvrir » :
nos yeux doivent être décillés.
Vous rappelez-vous que le deuxième
Tour de Roue pointait la découverte de l’appel de l’Eveil (la bohdicitta) ? Au
troisième Tour de Roue, c'est une découverte extraordinaire de simplicité qui
se produit : la réponse est dans l’appel, toujours originellement « déjà là »,
à la fois en gestation — et c'est ici l'image de l’embryon — à la fois entièrement épanoui — et c'est
l'image de la matrice. Nous comprenons donc alors que l'Éveil originel, le
Tathagatagarbha, n'est jamais coupé de l'existence : il en est sa dimension
même.
Ainsi, cette voie de pratique
n'est pas dépourvue d'un élément de grâce, car, venant à la fois de l'Éveil et
de nulle part, il est donné au pratiquant à un moment donné de son cheminement
d’ouvrir les yeux sur le Tathagatagarbha, et c'est un pur don.
Voilà. C’est tout pour aujourd’hui.
Amitiés à tous.
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