Je viens de lire un livre que
j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je
voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit
de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls.
Voici le résumé de l’ouvrage.
« Potentiel » et
« réalisation » sont deux termes qui s’opposent. Un grain de blé a le
potentiel de devenir une plante, et l’épi de blé est sa réalisation.
Alors « réalisation du moi »
signifie que le grain de blé se réalisera en tant qu'épi de blé et jamais en
tant qu'épi de seigle.
Reprenons jusqu'à l'absurde
l'exemple des grains de blé et de seigle.
Il est évident que le potentiel
d'un aigle se réalisera en planant dans le ciel, en fondant sur de petits
animaux pour se nourrir et en construisant des aires.
Il est évident que le potentiel
d'un éléphant se réalisera en taille, en puissance et en maladresse.
Jamais un aigle ne voudra être un
éléphant, ni un éléphant un aigle. Ils « s'acceptent », ils s'acceptent «
eux-mêmes ». Non, ils ne s'acceptent même pas eux-mêmes, parce que cela
impliquerait une possibilité de rejet. Ils se prennent comme allant de soi.
Non, même pas comme allant de soi, car cela impliquerait la possibilité d'être
« autre ». Ils sont, c'est tout. Ils sont ce qu'ils sont ce qu'ils sont.
Comme ce serait absurde s'ils
avaient, tels les humains, des idées folles, des insatisfactions, s'ils se
dupaient eux-mêmes. Absurde que l'éléphant, las de parcourir la terre, veuille
voler, manger des lapins et pondre des œufs. Et que l'aigle veuille avoir la
force et la peau épaisse de l'éléphant.
Laissons cela aux humains — essayer d'être quelque chose qu'ils ne sont
pas —, avoir des idéaux inaccessibles, être affligés de perfectionnisme
pour se mettre à l'abri de la critique, et ouvrir la voie à la torture mentale
permanente.
Le fossé entre le potentiel et sa
réalisation sur une page du grand livre, la distorsion de cette authenticité
sur l'autre, deviennent apparents. L' « il-faudraitisme » dresse sa vilaine
tête ! Il « faudrait » éliminer, renier, refouler, nier bien des traits et des
sources d'authenticité, et rajouter, faire semblant de, jouer à, créer des
rôles dépourvus d'élan vital, tout cela aboutissant à un comportement
artificiel à divers degrés. Au lieu de l'intégrité d'une personne authentique,
nous avons la fragmentation, les conflits, le désespoir non ressenti des
personnages en papier.
L'homéostase, ce mécanisme subtil
de la régulation et du contrôle de l'organisme par lui-même, est remplacée par
le contrôle extérieur surimposé d'une
folie qui sape le potentiel de survie de la personne et de l'espèce. Les
symptômes psychosomatiques, l'accablement, la lassitude et le comportement
compulsif, remplacent la joie de vivre.
La plus profonde lézarde qui
fissure depuis longtemps notre culture, et donc considérée comme allant de soi,
est la dichotomie entre l'esprit et le corps, cette superstition qu'il existe
une séparation, et néanmoins une interdépendance, entre deux formes différentes
de substance, le mental et le physique. Une kyrielle de philosophies se sont
créées, qui affirment soit que l'idée, l'esprit ou l'intellect sont à l'origine
du corps (Hegel, par exempte), soit que, sur le plan matérialiste, ces
phénomènes ou épiphénomènes découlent de la matière physique, dont ils sont le
résultat ou la superstructure (Marx, par exemple).
Ce n'est vrai ni d'un côté ni de
l'autre. Nous sommes des organismes
; nous (c'est-à-dire quelque « je » mystérieux) n'avons pas d'organisme. Nous sommes une unité intégrale, mais libres
d'abstraire bien des aspects de cette totalité. Abstraire et non soustraire ou dissocier. Nous pouvons abstraire,
selon nos intérêts, le comportement de cet organisme, ou sa fonction sociale,
ou sa physiologie, ou son anatomie, ou ceci, ou cela, mais nous devons rester
attentifs, et ne prendre aucune abstraction pour « partie » de l'organisme total. Nous pouvons avoir un ensemble
d'abstractions, nous pouvons nous rapprocher de la connaissance d'une personne
ou d'une chose, mais nous ne pouvons jamais avoir une perception totale de la «
chose en soi ».
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
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