dimanche 10 juin 2018

Compte rendu du livre « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls (troisième partie).




Fritz Perls.


Je viens de lire un livre que j’ai trouvé à la fois formidablement bien écrit, original et passionnant. Je voudrais vous en faire part à travers quelques articles de ce blog. Il s’agit de « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle-vue-du-dehors-et-du-dedans » de Fritz Perls.

 Cet article est la suite de celui-ci.

Voici le résumé de l’ouvrage.

« Potentiel » et « réalisation » sont deux termes qui s’opposent. Un grain de blé a le potentiel de devenir une plante, et l’épi de blé est sa réalisation.
Alors « réalisation du moi » signifie que le grain de blé se réalisera en tant qu'épi de blé et jamais en tant qu'épi de seigle.

Reprenons jusqu'à l'absurde l'exemple des grains de blé et de seigle.

Il est évident que le potentiel d'un aigle se réalisera en planant dans le ciel, en fondant sur de petits animaux pour se nourrir et en construisant des aires.
Il est évident que le potentiel d'un éléphant se réalisera en taille, en puissance et en maladresse.

Jamais un aigle ne voudra être un éléphant, ni un éléphant un aigle. Ils « s'acceptent », ils s'acceptent « eux-mêmes ». Non, ils ne s'acceptent même pas eux-mêmes, parce que cela impliquerait une possibilité de rejet. Ils se prennent comme allant de soi. Non, même pas comme allant de soi, car cela impliquerait la possibilité d'être « autre ». Ils sont, c'est tout. Ils sont ce qu'ils sont ce qu'ils sont.

Comme ce serait absurde s'ils avaient, tels les humains, des idées folles, des insatisfactions, s'ils se dupaient eux-mêmes. Absurde que l'éléphant, las de parcourir la terre, veuille voler, manger des lapins et pondre des œufs. Et que l'aigle veuille avoir la force et la peau épaisse de l'éléphant.

Laissons cela aux humains — essayer d'être quelque chose qu'ils ne sont pas —, avoir des idéaux inaccessibles, être affligés de perfectionnisme pour se mettre à l'abri de la critique, et ouvrir la voie à la torture mentale permanente.

Le fossé entre le potentiel et sa réalisation sur une page du grand livre, la distorsion de cette authenticité sur l'autre, deviennent apparents. L' « il-faudraitisme » dresse sa vilaine tête ! Il « faudrait » éliminer, renier, refouler, nier bien des traits et des sources d'authenticité, et rajouter, faire semblant de, jouer à, créer des rôles dépourvus d'élan vital, tout cela aboutissant à un comportement artificiel à divers degrés. Au lieu de l'intégrité d'une personne authentique, nous avons la fragmentation, les conflits, le désespoir non ressenti des personnages en papier.

L'homéostase, ce mécanisme subtil de la régulation et du contrôle de l'organisme par lui-même, est remplacée par le contrôle extérieur surimposé d'une folie qui sape le potentiel de survie de la personne et de l'espèce. Les symptômes psychosomatiques, l'accablement, la lassitude et le comportement compulsif, remplacent la joie de vivre.

La plus profonde lézarde qui fissure depuis longtemps notre culture, et donc considérée comme allant de soi, est la dichotomie entre l'esprit et le corps, cette superstition qu'il existe une séparation, et néanmoins une interdépendance, entre deux formes différentes de substance, le mental et le physique. Une kyrielle de philosophies se sont créées, qui affirment soit que l'idée, l'esprit ou l'intellect sont à l'origine du corps (Hegel, par exempte), soit que, sur le plan matérialiste, ces phénomènes ou épiphénomènes découlent de la matière physique, dont ils sont le résultat ou la superstructure (Marx, par exemple).

Ce n'est vrai ni d'un côté ni de l'autre. Nous sommes des organismes ; nous (c'est-à-dire quelque « je » mystérieux) n'avons pas d'organisme. Nous sommes une unité intégrale, mais libres d'abstraire bien des aspects de cette totalité. Abstraire et non soustraire ou dissocier. Nous pouvons abstraire, selon nos intérêts, le comportement de cet organisme, ou sa fonction sociale, ou sa physiologie, ou son anatomie, ou ceci, ou cela, mais nous devons rester attentifs, et ne prendre aucune abstraction pour « partie » de l'organisme total. Nous pouvons avoir un ensemble d'abstractions, nous pouvons nous rapprocher de la connaissance d'une personne ou d'une chose, mais nous ne pouvons jamais avoir une perception totale de la « chose en soi ».

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.


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