Mozart dans Amadeus de Milos Forman
« Je
peux parler indéfiniment, car je n'ai pas d'enseignement. »
Osho
Robert
Greene, dans son livre Atteindre l’excellence, identifie cinq stratégies pour
parvenir à identifier l’œuvre de sa propre vie (voir précédent article).
Je traiterai
aujourd’hui de la troisième stratégie :
3) Éviter
les voies sans issue – la stratégie de la rébellion.
Robert
Greene possède le talent admirable de réaliser des biographies à la fois
évocatrices et instructives. J’ai parlé dans des articles précédents de celle qu’il a rédigée sur Marcel Proust.
Pour parler de la stratégie de la rébellion, il nous narre l’existence de
Mozart.
C’est en
1760 que Wolfgang Amadeus Mozart, alors âgé de quatre ans, se mit au piano sous
la direction de son père. C’est Wolfgang qui avait demandé à prendre des leçons
car sa sœur, alors âgé de sept ans, avait déjà commencé l’étude de cet instrument.
Peut-être est-ce en partie par émulation vis-à-vis de sa sœur que le petit
Mozart avait pris cette initiative, en observant l’attention et l’amour dont sa
sœur bénéficiait.
Au bout de
quelques mois d’apprentissage, Léopold Mozart — pianiste, compositeur et
professeur de musique — constata que Wolfgang était exceptionnel. En dépit de
son très jeune âge, l’enfant aimait travailler son instrument ; le soir,
il fallait que ses parents l’arrachent à son clavier. Dès cinq ans, il se mit à
composer des morceaux. Bientôt, Léopold emmena son fils prodige pour jouer dans
toute l’Europe devant des têtes couronnées et, de ce fait, gagna beaucoup d’argent.
En tant que
père de famille, Léopold exigeait de ses enfants une obéissance totale. Mozart,
enfant, s’y soumettait sans problème mais, quand il parvint à l’adolescence,
quelque chose de différent mûrit en lui. Jouait-il du piano pour se faire
plaisir ou attirer sur lui l’attention ?
Il eut une
révélation : ce qui le passionnait vraiment, ce n’était ni le piano, ni
même la musique, car il ne goûtait pas d’être exposé comme un animal savant ;
il était destiné à composer des œuvres musicales et surtout il était passionné
de théâtre. Il voulait créer des opéras : c’était cela sa vocation. Son
père était devenu un obstacle : par appât du gain ou peut-être par
jalousie, il le détournait de sa voie et l’empêchait de vivre ce pour quoi
il désirait exister.
Quand il se
rendit à Vienne en 1781, Wolfgang prit la décision fatidique de rester. Il ne
retourna jamais à Salzbourg. Comme s’il avait violé un grand tabou, son père ne
put jamais lui pardonner.
Quand, dans
la vie, on tombe sur une voie sans issue, c’est en général que l’on est attiré
dans un domaine pour de mauvaises raisons : l’argent, la célébrité, la
reconnaissance, etc. Si on sacrifie tout pour obtenir de l’attention, on
ressent un vide intérieur que l’on espère combler avec cet ersatz d’amour que
constitue l’adulation du public. Comme le domaine que l’on a choisi ne
correspond pas à nos inclinations les plus profondes, on y trouve rarement l’épanouissement
recherché. Ceci est douloureux, d’autant plus que l’attention que l’on arrivait
à obtenir au début s’estompe. Si notre décision était surtout motivée par le
désir d’argent et de confort matériel, c’est en général que l’on a pris sa
décision par anxiété ou pour complaire à ses parents.
Pour sortir
de cette voie sans issue, votre stratégie doit se dérouler en deux étapes :
d’abord, prenez conscience au plus vite que vous avez choisi votre carrière pour
de mauvaises raisons, n’attendez pas que votre confiance en vous-même soit
émoussée. Ensuite, rebellez-vous vigoureusement contre les forces qui vous ont
écarté du droit chemin. Au diable les besoins d’attention et d’approbation :
ce sont eux qui vous entraînent sur de fausses pistes. Accueillez votre colère
et votre ressentiment contre les forces parentales ou sociétales qui veulent
vous imposer une vocation sans attrait. Puisez dans la rébellion votre énergie
et votre raison de vivre. Si une figure paternelle, tel Léopold Mozart, ou d’autorité,
tel le fondateur d’une religion, se met en travers de votre route, tuez-la et
vous aurez le champ libre.
Une citation
d’un grand penseur sur le sujet :
« Si tu
rencontres le Bouddha, tue le Bouddha ! » Lin-Tsi, maître bouddhiste
Je vous
parlerai dans un prochain article de la quatrième stratégie pour découvrir sa
vocation, « Se libérer du passé – la stratégie de l’adaptation ».
Amitiés à
tous.
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