L'Arbre de Vie de la Qabale.
Cet article est la suite de celui-ci.
Bien que souvent considérée comme « surnaturelle »,
la magie s'appuie sur un jeu de lois parfaitement définies. Alors qu'elle a été
remplacée dans la conscience populaire par les hypothèses rationalistes du
siècle des lumières et de la science moderne, la vision de l'univers qui réside
au cœur de l'hermétisme occidental exerce une fascination puissante pour une
raison simple : elle fonctionne.
Au centre de cette vision du
monde est la notion de plusieurs plans (ou mondes) de conscience invisibles qui
s'étendent bien au-delà tout en interpénétrant largement le nôtre. Ces plans
toujours plus subtils sont les lieux (ou les fréquences, pour utiliser un
langage radiophonique) de différents niveaux de conscience. Dans chaque plan
résident des hiérarchies d'entités ou d'énergies parmi lesquelles les dieux (ou
les attributs de Dieu), les archanges, les anges, les forces planétaires, les âmes
(incarnées et désincarnées). Par un entraînement et une discipline adéquats, le
magicien peut entrer en contact avec ces plans, interagir avec ses habitants,
acquérir un savoir et une sagesse, exercer un pouvoir, ou revenir pour raconter
son aventure.
Cette conception de mondes
intérieurs et extérieurs (ou supérieurs et Inférieurs) doit beaucoup à Platon,
bien qu'on en retrouve le principe dans les exposés philosophiques du
pseudo-Denys, les anciens écrits hermétiques, les sages soufis tels qu'Ibn
Arabi et Ibn'Sina, le poète Dante, et divers qabalistes. On peut établir des
parallèles éloquents avec la cosmologie des traditions orientales du tantrisme
et du yoga.
Dans cette vision du monde, les
planètes et les étoiles qui sont au-dessus de nous représentent le Macrocosme
(le Grand Monde) alors que chaque être humain est un Microcosme (le Petit
Monde). L'axiome hermétique provenant de la Table d'Emeraude « Ce qui est en
haut est comme ce qui est en bas, afin que s'accomplisse le miracle de l'unité. »
illustre ce principe.
Une géographie spirituelle
Les diverses forces à l’œuvre
dans les mondes intérieurs ne sont pas un magma chaotique d'entités,
d'énergies, de qualités imprévisibles ; elles ont un rythme, une raison d'être
qui a été systématisée sous la forme de quelques diagrammes-clefs. Par l'étude
et la pratique, le magicien intériorise ces diagrammes jusqu'à ce que leurs
hypothèses et leurs symboles deviennent une seconde nature.
Le plus simple de ces schémas est
celui des quatre Éléments : Air, Feu, Eau, Terre. Le magicien se place dans un
cercle magique sur lequel se répartissent les quatre directions de l'espace. A
chaque direction est associé un Élément, un archange, une arme magique, un
domaine d'étude. En s'enracinant dans cette structure, le magicien établit un
lien avec le plan physique avant de se concentrer sur d'autres plans.
Toujours en rapport avec les
Éléments, une vision plus complète tient compte de celui dont jaillissent les
quatre autres : l'Éther des philosophies antiques, la quintessence (cinquième
essence) des alchimistes, l'Akasha du tantrisme, la rose qui fleurit au centre des
quatre branches de la croix. Le pentagramme en est une image possible.
Un troisième schéma fondamental
en magie est l'Arbre de Vie de la Qabale. Tel qu'il était utilisé par les
qabalistes hébreux, l'Arbre représentait à l'origine dix aspects ou qualités de
Dieu allant du plus abstrait jusqu'au plus accessible. Reprises au cours des
siècles par la tradition magique occidentale, les dix sphères de cet Arbre en
sont venues à représenter différents grades et niveaux de conscience accessibles
au magicien par l'invocation ou la visualisation rituelles. Leur sont associés
des symboles, des anges, des noms divins, des couleurs, etc.
En magie, le travail sur les
sentiers consiste à opérer (rites, visualisations) sur les liens qui relient
les sphères les unes aux autres. En évoquant en soi les qualités associées à
ces sentiers, en communiquant avec les formes d'intelligence qui les habitent,
en observant les effets subtils ou les événements significatifs qui surgissent
dans la vie quotidienne à la suite d'un tel travail.
La magie n'a rien à voir avec le
satanisme ou les messes noires. Ses caricatures n'ont pas plus de rapports avec
elle que la gourde en plastique en forme de Sainte Vierge n'en a avec les
hauteurs mystiques de Saint Jean de la Croix. Comme le souligne Robert Ambelain :
« Le kabbaliste qui brûle son encens devant le Pentacle où flamboie le divin
Tétragramme n'est pas un être différent du prêtre catholique en adoration
devant l'ostensoir ou du lama devant l'image de la déité protectrice. Son état
d'âme est celui de tous les mystiques, et il a droit au même respect que le
moine de Solesmes ou de Saint-Wandrille. ».
Voilà. C’est tout pour le moment.
Amitiés à tous.
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